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Dragon Quest Builders
Hameau fléché
Dans Dragon Quest Builders, le personnage principal (nommé ici Lzual suite à une tragique erreur de clavier PlayStation) ne parle pas. Lorsqu'il doit répondre à une question, ses interlocuteurs font comme s'ils répétaient une conversation téléphonique à quelqu'un d'autre, genre « ah bon, tu trouves que Jean-Paul est un rustre ? ». Cette bizarrerie est mise à profit par Square Enix dès le début du jeu, quand une divinité quelconque explique à Lzual que bon, c'est pas de bol mais il est le seul dans le pays à savoir comment construire des trucs alors il va falloir bosser gratis pour aménager la région. Privé de parole, Lzual n'aura hélas jamais l'occasion d'envoyer bouler la déesse en clamant qu'il a autre chose à foutre que de jouer les menuisiers pour tout branquignole-land.
Avant même d'avoir pu tenter de brandir un majeur rageur en direction de la fée exploiteuse, Lzual se retrouve propulsé au beau milieu d'une vallée verdoyante avec pour mission de construire un village pour abriter les manchots de la région qui sont incapables de se bâtir une cabane en bouse séchée. D'abord, on se dit que tout ça ressemble fort à Minecraft : on tabasse des arbres et on assemble leurs branches pour s'armer d'une épée en brindilles, on arrache des blocs de terre au sol, on trouve des veines de minerais affleurant et on massacre leur famille. Mais là où Dragon Quest Builders (DQB) innove par rapport au jeu de cubes de Mojang, c'est que chaque pièce créée par le joueur fera prospérer son village. Calez une torche, un coffre et un four entre quatre murs et les habitants iront cuisiner de temps en temps pour vous filer de quoi remplir votre jauge de faim. Posez quelques décorations et vous aurez plus de chance d'attirer des autochtones. Construisez des remparts et vous aurez plus de facilité à repousser les monstres qui accourent à la tombée de la nuit. Les quêtes données par vos villageois vous pousseront à progresser rapidement dans l'arbre technologique et à aller explorer les quatre grandes îles peuplées de créatures hostiles qui composent chaque chapitre : vous trouverez dans le désert un minéral utilisé dans la création d'une épée, épée qui servira à tuer un monstre dans les marais, marais qui abritent une plante particulière à ramener au village pour débloquer un nouvel objet – et ainsi de suite.
Village ingrat. Vous l'aurez compris, on n’a guère le temps de s'ennuyer dans DQB. Chaque quête résolue en entraîne une autre, tout s’enchaîne à grande vitesse et il y aura moins d'une dizaine d'heures entre votre départ à poil et votre combat contre le boss de la zone. Gagner ce duel ouvre l'accès à un nouveau chapitre où il faudra... repartir de zéro pour construire une bourgade similaire mais dans de nouveaux décors. Eh oui, DQB laisse au joueur peu de temps pour souffler. Et c'est presque dommage. Privé de la liberté de Minecraft et forcé de suivre un fil rouge en permanence, Lzual n'a jamais vraiment pris la peine de décorer son village comme il se doit. La promesse de devoir tout recommencer à chaque nouveau chapitre ne l'a pas incité non plus à s'attacher à son territoire promis à l'oubli. Au final, la construction pourtant si plaisante se révèle anecdotique et le jeu se retrouve à tourner autour du poncif banal – mais fort agréable – du joli monde ouvert à la faune hostile qu'il faut tabasser.