Si je devais vous recommander un auteur de fantasy ou de SF, ce ne serait certainement pas Jean-Philippe Jaworski – tout simplement parce que le gus est déjà ultra connu, alors que vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Nnedi Okorafor ou de Ken Liu.
Amis lecteurs, je vous demande pardon. Je vais vous parler ici d’un jeu qui pour le moment n’existe que sur Kickstarter, qui n’est prévu qu’en anglais, qui n’est envoyé physiquement qu’aux États-Unis, Canada et Royaume-Uni, et dont la sortie en boutiques gauloises a tout d’un fantasme destiné à ne jamais se réaliser. Et pourtant, malgré tous ces écueils, le concept même d’Exquisite Crime a suffi à me faire bondir d’excitation.
Ok, d'accord : L'Anneau Unique est en réalité disponible en anglais depuis mars 2022. Alors pourquoi en parler ? Tout d'abord parce qu'une traduction arrive. Enfin, on imagine, étant donné que le kit d'initiation français devrait être disponible lorsque vous lirez ces quelques lignes.
Si en jeu de plateau, je m’enorgueillis de ne pas avoir de pile de la honte, en jeu de rôle, j’estime que ça ne compte pas. Ou plus précisément qu’un manuel lu est parfois un manuel qui a fait son office de découverte d’univers, parfois d’inspiration pour d’autres parties. Avec ce prisme, forcément, je vois des arcs-en-ciel quand j’entends parler d’un setting un peu inédit. Et, comme je ne fais pas des intros que pour le plaisir de parler de moi, Vaesen, c’est pile ça.
Avec le jeu de société du même nom, il y avait déjà de quoi être sur la Root toute la sainte journée. Dans cet affrontement sylvestre où l’on se dispute les clairières, chaque faction (les oiseaux, les rongeurs, les gros minets…) a sa mécanique propre. Il y a aussi un brin de fluff, et je ne parle pas que des oreilles des protagonistes : l’asymétrie est explicitée par le lore. La tentation de développer tout ça était grande, et c’est ce qui aurait donné lieu à l’adaptation en jeu de rôle.
On n’y distinguait goutte dans cette ruelle mal éclairée, tout juste auréolée du rose sale du néon géant dans l’avenue en contrebas. Un petit crachin insistant me caressait les joues, s’insinuait sous mon imperméable et me trempait jusqu’aux os. Pas évident dans ces conditions de distinguer la silhouette de cette pauvre gosse, le dos au mur, à côté d’une poubelle débordant de déchets en tout genre. Un autre que moi aurait sans doute passé son chemin et cherché ailleurs. Pas de chance pour elle, c’est sur moi qu’elle était tombée. On allait régler ça en douceur et sans accroc.
Après vous avoir parlé du summum de la mignonnerie avec Mon Petit Poney, plongeons un instant dans les abysses du désespoir avec cette intrigante Ombre du Seigneur Démon. Le bouquin, issu d’un financement participatif à succès en avril dernier, plonge les joueurs dans un univers pas forcément aguichant.
Normalement, quand quelqu’un commence à vous parler de Château Falkenstein, vous vérifiez le fond de ses pupilles et vous enquérez de son nombre d’heures de sommeil. En 1994, « Steampunk » était un terme peu courant ; en sus, on parle là de Fantasy Steampunk, du genre où les leprechauns conduisent des sous-marins torpilleurs. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg à pédales.
« C’est un jeu où l'on gère une usine…
– T’aurais pas un thème un peu original ?
– Bah, c’est une usine de fromage, on a déjà eu une usine de chocolat, mais jamais de fromage…
– Mouais…
– Une construction de ville, alors ?
– …
– Non, mais c’est sur la Lune ! »
Un jeu de Rémy et Nathalie Saunier, je m’arrête toujours. Déjà parce que le couple sait fabriquer des jeux faciles d’accès sans être bêta, ensuite parce que depuis Petits Peuples, je sais qu’ils peuvent parfois y glisser un vice inattendu.
On pourrait croire que les jeux coopératifs pleuvent, mais cet afflux est en majeure partie composé de jeux d’enquête et escape, de campagnes narratives, ou encore de jeux d’ambiance qui, il y a dix ans, auraient eu un système de points compétitif inutile. Pour ceux qui ont le goût de la coordination précise, il faut encore scruter les sorties pour y trouver sa portion congrue.