À l'heure de la démocratisation des IA dites « génératives », certains pensent que ChatGPT s'apprête à remplacer les auteurs, les développeurs, les artistes et même les élèves de cinquième B du collège Abel Minard de Dijon – simplement parce que l’IA écrit de meilleures rédactions qu’eux et n’a pas besoin de rappeler qu’elle a « les cramptés » à chaque fois qu’elle s’adresse à un être humain.
On parle beaucoup d’animer des tables de jeux de rôle pour enfants et adolescents, moins de reconnaître que ces êtres humains en formation peuvent être de vrais personnages, intéressants à incarner. Tour d’horizon avec l’aide de deux auteurs de jeux : Vivien Feasson, à l’origine de l’univers de l’Averse, et Nils Hintze, qui a travaillé sur Tales from the Loop.
Vous l’appelez D&D, « Donj », « le seul jeu dont j’ai besoin » ou « Roh pfff, pas encore ce truc ». Vous l'adorez, vous le détestez, vous le considérez comme un jeu essentiel ou êtes passé à autre chose, mais une chose est sûre : Donjons et Dragons, vous connaissez. Du coup, on ne va pas en parler.
Parfois, les vieux vous surprennent. Vous passez voir papy Dédé pour papoter, comme toutes les semaines, de tout et de rien. Bien sûr, vous savez qu’il a eu une vie bien remplie, et avec des zones d’ombre. Mais chut, papy Dédé vous semble avoir toujours été là et le passé est le passé. Et là, il vous annonce qu’il s’installe à Pattaya pour les filles et la coke.
Sur l’étagère, les pavés s’alignent : une série de bouquins de jeux de rôle, tous constitués de pages et de pages de texte décrivant l’univers de jeu, les règles, éventuellement un scénario… Tous ? Non. Dans une section de la bibliothèque, quelques petits jeux de rôle résistent à l’empilement stable et l’alignement strict de par leur format plus original.
« Une envie de jeu de rôle, ça n’attend pas ! » Non, cet emprunt lamentable à une pub Peugeot ne vise pas à vous vanter les mérites du jeu sans matériel en voiture (quoiqu’on pourrait parler de Ribbon Drive…), mais simplement à évoquer les bénéfices du jeu de rôle solo. Car en plus d’être – vous l’ignorez peut-être – possible, il est évidemment antioxydant et donne le poil brillant.
Il fut un temps où ma calvitie naissante ne concurrençait pas encore celle de Kahn. Un temps où j’étais capable de tenir 72 heures sans dormir ou presque. Un temps où, étudiant oisif, j’étais capable de me perdre en conjectures sur la pertinence ou non d’un monstre au croisement T du donjon D. Un temps où j’étais devenu, bien malgré moi, le MJ attitré pour Donjons & Dragons. Un temps où tous mes potes aimaient le jeu de rôle. Le temps béni des mégaparties.
Tout le monde aime Tom Hanks. Ne pas aimer Tom Hanks, c’est donner un coup de pied à un chiot, l’asperger d’essence, craquer une allumette et lâcher « quoi, qu’est-ce qu’il y a ? » face à des regards médusés. Sauf les rôlistes. Les rôlistes ont une raison de détester Tom Hanks.
« Il n’y a pas de mauvais jeux de rôle, il n’y a que de mauvais maîtres de jeu », disait l’ancien pape Benoît XVI après avoir dirigé une campagne ratée d’In Nomine Satanis, l’un de ses loisirs méconnus. Certains manuels mériteraient pourtant d’être enfermés à jamais dans les archives du Vatican, juste à côté du seul exemplaire connu de « Bricoler sans clous avec Jésus ».
Pour être franc, on n'y croyait plus. Et puis c'est arrivé comme ça, sans prévenir : on a retrouvé une vieille photo d'ackboo qui joue à un jeu de plateau. Oui, d'accord, ce n'était « qu'une » partie de Magic : The Gathering, mais quand même, l'idée que l’antéchrist des meeples puisse apprécier un tel jeu est vraiment folle. Presque aussi folle que le retour d'une traduction française pour Dungeons & Dragons 5, tiens.
« Bon Tisseur, c’est toi le spécialiste des JCC, tu nous fais un truc sur Lorcana ?
– Euh, c’est que j’avais une histoire en or sur Magic et les Pinker…
– Non, mais Magic c’est has-been, on en a marre que tu parles que de ça, faut que tu changes d’air.
– Mais je…
– Allez, tu me ponds une page pour le prochain HS, merci bisous ! »
Oui je sais, vous allez m’accuser de lobbyisme, de favoritisme, voire d’avoir des actions chez Leder Games. Tout ceci est faux. J’aimerais bien, notez. Mais non, c’est juste que j’aime ce que fait Cole Wherle, et que j’ai sacrément envie de vous parler de son prochain projet.
« C’est un jeu où l'on gère une usine…
– T’aurais pas un thème un peu original ?
– Bah, c’est une usine de fromage, on a déjà eu une usine de chocolat, mais jamais de fromage…
– Mouais…
– Une construction de ville, alors ?
– …
– Non, mais c’est sur la Lune ! »