Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très loint... On va s'arrêter là, parce que la technologie pour coller du texte déroulant dans un magazine papier n'est pas encore tout à fait au point. Il y a bien longtemps, donc – en 1998, pensez : le Premier ministre s'appelait Lionel Jospin – sortait un jeu vidéo génial pour certains, raté pour d'autres, appelé Star Wars : Rebellion. Dix-huit ans après, son adaptation en jeu de plateau suscite davantage l'unanimité.
Aujourd'hui, le ciel est d'une couleur anormale. Un cobalt chaud et profond, sans rapport avec le bleu morne et pâle qui surplombe habituellement la capitale et qui transforme le moindre point d'ombre du festival Paris est LudiqueNote : 1 en planche de salut, où s’agglutinent les visiteurs qui attendent pour entrer sous les tonnelles des éditeurs.
Note 1 : Une sorte de Paris Games Week dédié aux jeux de plateau.
Il m'arrive souvent de me demander ce qui pousse un créateur à choisir telle ou telle mécanique pour son jeu. Et face au plateau de Bunny Kingdom, qui s'est rempli de lapins en quarante-cinq minutes, la réponse m'est apparue comme une évidence : Richard Garfield a sans doute connu la campagne et ses lièvres qui colonisent les jardins, tels de petits forniqueurs fous.
Un samedi soir, tard dans la nuit.
Après cinq minutes d'explications alambiquées et de « non mais c'est facile, en vrai », me voici face à un auditoire dont le silence laisse entendre qu'on va remballer vite fait Res Arcana. L'une des joueuses, consciente du malaise qui s'installe, rompt le silence.
« Nan mais le champagne me tape la tête aussi. »
Faut vraiment que j'arrête de jouer avec des gens bourrés.
États-Unis, 1950. Après la Seconde Guerre mondiale, le pays connaît un boom démographique qui impose une reconstruction tous azimuts. Un job de rêve pour moi, qui suis capable de provoquer l'écroulement d'un mur rien qu'en essayant de le repeindre : dans Welcome, nul besoin de mettre les mains dans le plâtre.
Dans le jeu de rôle comme dans le jeu vidéo, certains créateurs semblent incapables de s'arrêter, un peu comme si le simple fait de se dire « c'est suffisamment bien comme ça » les mettait dans un état d'angoisse pas possible. Alors ces créateurs développent, ajoutent, peaufinent et embellissent leurs œuvres pendant longtemps. Tellement longtemps, en réalité, qu'il n'est pas rare de se sentir pris de court lorsqu'on découvre l'immensité de leur travail.
Qui n'a jamais rêvé d'être un grand pirate comme Francis Drake, Anne Bonny ou Aleksandr Pistoletov ? C'est en tout cas la promesse de L'Île au trésor, jeu de plateau largement inspiré par le roman du même nom. Au programme : coopération, enquête et bluff, dans un jeu qui va nous faire planter plein de poignards dans le dos de nos amis.
« Bon Tisseur, c’est toi le spécialiste des JCC, tu nous fais un truc sur Lorcana ?
– Euh, c’est que j’avais une histoire en or sur Magic et les Pinker…
– Non, mais Magic c’est has-been, on en a marre que tu parles que de ça, faut que tu changes d’air.
– Mais je…
– Allez, tu me ponds une page pour le prochain HS, merci bisous ! »
Oui je sais, vous allez m’accuser de lobbyisme, de favoritisme, voire d’avoir des actions chez Leder Games. Tout ceci est faux. J’aimerais bien, notez. Mais non, c’est juste que j’aime ce que fait Cole Wherle, et que j’ai sacrément envie de vous parler de son prochain projet.
« C’est un jeu où l'on gère une usine…
– T’aurais pas un thème un peu original ?
– Bah, c’est une usine de fromage, on a déjà eu une usine de chocolat, mais jamais de fromage…
– Mouais…
– Une construction de ville, alors ?
– …
– Non, mais c’est sur la Lune ! »