C'est étonnant venant d'un média tellement peu certain de sa propre valeur qu'il passe son temps à surcompenser et à vouloir prouver qu'il est un art, mais il existe aussi une claire hiérarchie des genres au sein du jeu vidéo. Tout en bas, on trouve les parodies, les pastiches, les machins dont on se dit qu'ils ont été créés suite à une idée balancée lors d'une soirée arrosée, qui ne sauraient constituer de vrais jeux. Bref, les Battlepopes.
Combien de temps faudrait-il à un singe pour écrire les œuvres complètes de Shakespeare ? À cette célèbre question, j'ai envie de répondre « pas tant que ça », Shakespeare (qui était lui-même un primate, même s'il cherchait à le faire oublier en portant une énorme fraise) ayant réussi à le faire de son vivant alors qu'il est mort à seulement 52 ans. Mais on va encore me dire que je suis passé à côté du sujet, contrairement à Infinite Monkeys, qui nous intéresse aujourd'hui.
J'aurais aimé vous dire que j'ai choisi ce mois-ci de vous parler – entre autres – de BETON BRUTAL parce que j'aime ces jeux qui distillent un seul mécanisme de gameplay à la perfection, mais ce serait mentir. Si, dès que j'ai appris son existence, j'ai tenu à écrire quelque chose sur BETON BRUTAL, c'est parce que son nom est absolument incroyable.
On reconnaît qu'un jeu est un classique à ce que ses règles sont si connues qu'elles peuvent être parodiées, modifiées, trafiquées dans tous les sens, parfois jusqu'à donner naissance à un nouveau jeu – DotA étant un exemple parfait. Bien sûr, les jeux un chouïa plus anciens que Warcraft, par exemple les échecs, ont une petite longueur d'avance. Ce que, après le blitz chess et le chess boxing, nous prouve AI Chess, le jeu d'échecs asymétrique.
Sans doute la pandémie y est-elle pour quelque chose : l'humanité, brusquement confrontée à des images d'avenues vides et de villes désertées, se serait soudain rappelé à quel point les espaces de circulation, lorsque plus rien n'y circule, sont inquiétants. Toujours est-il que les espaces liminaux sont à la mode. On en oublierait presque que le jeu vidéo ne les a pas attendus pour s’intéresser aux non-lieux.
Martin Bussy-Pâris est lecteur de Canard PC, c'est là la moindre de ses qualités. S'il travaille durant la journée dans un studio de jeu vidéo, une fois la nuit tombée, il rentre dans sa tanière pour bricoler ses gadgets. Comme Bruce Wayne, voilà. Enfin, un Bruce Wayne chelou, à moitié mélomane et à moitié dément, dont le kink ne serait pas de se déguiser en chauve-souris mais de créer des expérimentations sonores délirantes.
N'en déplaise aux barbus grecs dont les névroses forment le socle de notre civilisation, nous ne sommes que des corps. Des amas de matière qui occupent l'espace chacun à leur façon et dont les plis, suffisamment répétés au fil des années, deviendront des rides, des caractères et des destins. Des corps qui, les imbéciles, en sont venus à croire au destin, alors qu'il suffirait qu'ils décident de plier dans l'autre sens pour que tout redevienne possible.
Oui, d'accord, l'un des jeux les mieux notés de tous les temps sur Steam (99 % de reviews positives) est un jeu qui consiste à ne rien faire en regardant des canards en plastique dans une grande piscine. Voilà. Mais ce n'est pas ça qui me fout en colère.
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », écrivait Antonio Gramsci pour expliquer que les contrôleurs de la RATP ne montent jamais à la même station que vous, ni à celle où vous descendez, mais pile au milieu de votre trajet, comme par hasard.
Comment aurais-je pu deviner, en entrant dans le stand Paradox où était montré le très secret Millennia, qu’il s’agirait d’un 4X ? Assez facilement, OK, en effet. Mais comment aurais-je pu deviner que ce serait un 4X si plein de bonnes idées qu’il parviendrait à séduire même un allergique à Civilization tel que moi ?
Les développeurs de Tekken 8, plus que n’importe quels développeurs, sont d’excellents diplomates. C’est en tout cas ce que me fait affirmer l’une des productrices du jeu, avec laquelle j’ai enchaîné des combats dont je sortais systématiquement victorieuse – avant de réaliser qu’elle ne jouait qu’à une seule main en regardant l’écran d’un air distrait.
De manière générale, je me méfie des éléments de langage fournis clé en main par les éditeurs, au détour d’un communiqué de presse ou du discours d’un développeur particulièrement rompu à l’exercice de l’interview. Mais il faut avouer que la description officielle de Pepper Grinder, qui promet un mode de forage permettant de « creuser le sol comme un majestueux dauphin qui plongerait dans des eaux turquoises » tombe vraiment juste.
Sur la liste des jeux de conduite à twist que j’attends (au hasard : Open Roads, Star Trucker, Beware), Pacific Drive occupe une place toute particulière. Déjà, parce que j’aime l’idée de conduire dans une zone en proie à des phénomènes inexpliqués. Ensuite parce que j’aime encore plus l’idée de conduire seule au beau milieu de la nuit, là où personne ne pourra juger mes virages trop larges et mes créneaux ratés.
Imaginez un monde dans lequel les touristes débarqueraient en masse et en bermuda des quatre coins du monde pour descendre dans des donjons. Ce qui pourrait être le pitch du prochain roman de Houellebecq est en fait celui du tout mignon Dungeons of Hinterberg, dont les donjons ne sont pas SM mais extrêmement choupis.