J’ai été triste, récemment. Enfin, plus que d’habitude. C’est à cause des recommandations YouTube. Ça fonctionne comme ça : au début, on veut seulement revoir l’intervention d'un type sur une chaîne de télévision puis, rapidement, on regarde une conférence d’Étienne Chouard sur le capitalisme, avant de basculer sur une vidéo d’Alain Soral en plein délire et, sans trop s’en rendre compte, voilà qu’à une heure du matin, on est toujours sur YouTube en train de regarder une vidéo « Il tente d'envahir la Pologne, ça tourne mal ».
Ce mois-ci, je voudrais profiter de ces pages pour aborder un sujet peu discuté dans le jeu vidéo : la quality of life. Vous avez peut-être déjà rencontré ce terme, au détour d'une note de patch, sous l'abréviation QoL. Sous ces trois lettres se cachent une foule de petits détails qui, bien souvent, font la différence entre un jeu à 6/10 et un jeu à 8/10.
Dans son appartement, un journaliste anonyme de Canard PC lance un vibrant « allez, Victoire, ne nous déçoit pas ! ». Une voix étrangement aiguë lui répond : « Vous ai-je déjà déçu ? » Le journaliste anonyme reprend : « Il y a une première fois à tout, Victoire », mais la voix aiguë rétorque aussitôt « ce ne sera pas aujourd'hui ! ». Enroué par l'émotion, la larme à l’œil, le journaliste murmure « bonne chance, Victoire ». Puis la porte de l'appartement s'ouvre et quelqu'un s'écrie « Izual, qu'est-ce que tu fais tout seul dans le noir ? » pendant que le journaliste anonyme s'efforce de cacher précipitamment le menu d'Exanima sur son écran d'ordi.
Les plus anciens de nos lecteurs le savent : depuis l'été 2013, où je l'ai téléchargé « par curiosité », « comme ça », « pour comprendre ce qui plaisait tant que ça à Moquette là-dedans »Note : 1 Eurotruck Simulator 2 me fascine. Après des dizaines d'heures passées sur les routes de Pologne et d'Allemagne, devant un jeu a priori dénué du moindre intérêt, j'étais toujours incapable de me défaire de l'impression qu'il s'agissait d'un titre majeur, capable de susciter chez le joueur un sentiment de présence, de réalité, dont les autres jeux ne pouvaient que rêver. Seulement, j'étais incapable de savoir pourquoi : aucune hypothèse ne me satisfaisait totalement, si bien que j'avais fini par renoncer à trouver une explication. Jusqu'au jour où Guy Moquette, encore lui, m'a encouragé à essayer DCS World, le simulateur de vol ultra réaliste d'Eagle Dynamics. Et là, sur le tarmac de l'aéroport de Beslan, tandis que j'exécutais pour la énième fois la procédure de démarrage de mon A-10C, j'ai connu la révélation.
Note 1 : C'est en tout cas ce que je dirai à mon procès.
N'en déplaise aux hippies fumeurs de Marie-Jeanne et autres chevelus récalcitrants à l'autorité, il faut parfois un leader dans les jeux multijoueurs. Mais bon dieu, que ce rôle est pénible. Ardu, épuisant, ingrat, j'ai toujours vu l'exercice du commandement comme une punition, une purge, une torture qui durera le temps de la soirée. Et l'immense majorité des joueurs semble du même avis. Alors que faire lorsque les camarades et la malchance nous posent des galons sur les épaulettes ?
On ne s’y attend jamais. On se dit que ça n’arrive qu’aux autres. Qu’on est différent. Que statistiquement, on ne craint rien. Alors quand ça vous tombe dessus, c’est le monde entier qui s’écroule. Puis vient cette question, qui vous taraude jusqu’à l’épuisement : et maintenant, comment vivre ?
On l’a accusé de souiller le jeu de rôle, de torturer les débutants, de gâcher l’enfance de milliers de joueurs. C’est tout juste si le temple des Épreuves, niveau qui sert de prologue à Fallout 2, n’a pas été considéré comme coupable du réchauffement climatique, de la montée du fascisme et des endives mal cuites de la cantine. Je l’ai longtemps haï. Et puis, au fil des années, ma haine s’est changée en autre chose. Elle est devenue... de l’amour.
C'est un beau matin de printemps, je décide de commencer une nouvelle campagne sur Hearts of Iron IV. Je choisis mon pays, ma date de départ et... la voilà ! La maudite case Ironman ! Elle me regarde telle une bête assoiffée de sang. Je sais que je ne devrais pas cliquer dessus, que je vais le regretter. Mais bien sûr, je clique. Et vingt heures de jeu plus tard, alors que mon armée se fait massacrer par les chars soviétiques sans possibilité de revenir à une sauvegarde précédente, je me pose toujours la même question : pourquoi donc est-ce que je m'inflige une telle torture ?
Je vous préviens tout de suite, la rédaction de ces pages risque d'être un peu compliquée. La simple évocation de Gotham City Impostors me donne la nausée. En effet, depuis que je l'ai testé dans des conditions que nous qualifierons pudiquement de « difficiles », ce jeu déclenche chez moi des réflexes pavloviens qui vont d'un léger état de fébrilité à la bonne grosse gerboulade des familles. Tâchons donc de ne pas trop traîner car je sens que la cuvette des toilettes devient de plus en plus attirante.
Je connais Doom par cœur. Et je ne parle pas uniquement des niveaux ou des codes de triche. Je sais que la texture de la première pièce du premier niveau est nommée STARTAN3 dans le tableau TEXTURE1 du fichier DOOM.WAD et que, dans ce même fichier, le pointeur vers l'index des entrées est enregistré du 9e au 12e octet. Depuis mon adolescence, dans ce magazine et ailleurs, j'ai écrit des dizaines de pages sur Doom. Sur son gameplay, sur son influence culturelle dans le jeu vidéo et au-delà, sur les artistes qui s'en sont inspirés dans leurs œuvres. Et pourtant, malgré toute ma science, jusqu'à récemment, quelque chose continuait à m'échapper au sujet de Doom 2.
« Les graphismes, ça n'a plus vraiment d'importance », qu'on se disait. « Le photoréalisme, c'est ringard, on veut surtout une vraie patte artistique », déclarait-on à qui voulait l'entendre. Éhonté mensonge. Car lorsque la nouvelle bande-annonce d'Unrecord a commencé à circuler, nous avons tous poussé des petits cris aigus en agitant les mains.
Le premier contact avec les fans de Ghost Trick, c’est un peu comme se faire embarquer dans une secte. Vous rigolez innocemment d’un gif de Phoenix Wright criant « Objection ! », puis vous testez un Ace Attorney – et c’est là qu’ils vous attrapent. Avec un regard conspirateur, ils se penchent vers vous et susurrent « tu connais Ghost Trick ? C’est le même créateur, tu verras, ça va forcément te plaire ».
Je suis un être faible. Promettez-moi un petit jeu indé qui part d’un scénario tordu dont chaque élément disparate semble avoir été tiré au sort dans un chapeau, mais qui parvient malgré tout à être plus profond et humain que n’importe quel roman réaliste, et je signe dans la seconde.
Kahn Lusth adore les jeux du studio Mimimi. Kahn Lusth adore aussi les jeux de pirates. Juste après le départ de Kahn Lusth de Canard PC, Mimimi a annoncé un jeu de pirates. D’aucuns y verraient une coïncidence ; j’appelle ça le karma.
C’est mon premier article pour Canard PC, alors je préfère être franche : je n’aime pas les jeux vidéo. C’est-à-dire qu’on me rétorque souvent que je n’aime pas les vrais jeux. Adolescente, j'ai passé beaucoup trop d’heures sur Les Sims ou Prizee, en espérant désespérément gagner cette foutue peluche en forme de poisson. Je ne me considérais pas comme joueuse pour autant.