Voilà maintenant plus de quatre ans que Foundation est en version anticipée. « Gneu gneu gneu, c'est un scandale, à mon époque les studios sortaient leurs jeux quand ils l'avaient terminé », dira l'inévitable margoulin nostalgique des années 2000. Il n'a pas compris que les temps ont changé, et que Foundation incarne à la perfection cette nouvelle façon de produire un jeu vidéo : sortir une première version solide, puis l'améliorer à un rythme paisible en écoutant religieusement les retours des joueurs.
Assis dans mon fauteuil aux bras bioniques chromés qui s’agitent telles des araignées dans un bocal, j’assiste en temps réel à la renaissance d’une œuvre. Suis-je au Louvre en l’an 2050, face à la Joconde qui me propose une balade nocturne dans la tête de Léonard de Vinci contre la modique somme de 5 000 eurodollars ? Non. Je suis devant mon ordinateur, prêt à plonger dans la version 2.0 de Cyberpunk 2077 et de son extension Phantom Liberty.
Les retrouvailles se sont faites en plusieurs étapes. En début d’année, un ami me demande de lui recommander un jeu de drague. Je suis un peu embarrassée, car le premier titre qui me vient en tête est Hatoful Boyfriend. « Euh, t’as quelque chose contre les pigeons ? »
L’autre jour, en soirée, je parlais jeu vidéo avec une femme, et je lui ai glissé, toute heureuse de parler de mon expérience, que je passais mon temps sur NieR : Automata. Je m’attendais à beaucoup de réactions, mais pas à sa réponse : « Ah, c’est pas le jeu gênant où on avait un succès pour mater la culotte d’une meuf ? »
Hitman a un souci. Oui, je sais, la nouvelle trilogie est incroyable, avec ses 23 terrains de jeu plus détaillés qu’une enquête de Mediapart. J’ai même souvent pensé qu’il n’y manquait pas grand-chose pour que je n’aie plus jamais besoin de lancer un autre jeu vidéo. Mais Hitman a le défaut des jeux qui n’en ont aucun : à un moment, il s’arrête. Enfin du moins, c’était le cas jusqu’au mois dernier.
Mieux vaut tard que jamais : j'ai enfin terminé Kentucky Route Zero. C'est un chef-d'œuvre. Voyons voir maintenant ce qu'en dit la critique. Comme vous, je ne lis les tests de jeux vidéo qu'après les avoir terminés, c'est plus sain.
En 2016, des milliers de passionnés s’écharpent sur un nouveau jeu de cartes : Duelyst. Des matchs captivants et un pixel art magnifique lui assurent quelques belles années avant que… ses serveurs soient coupés en 2020. Un destin cruel, que plusieurs équipes de fans contrecarrent cette année grâce à des projets de résurrection.
Il y a des rencontres avec une œuvre qui tiennent du miracle. Je me souviens encore de cette soirée où, une semaine à peine après une rupture, je suis tombé par hasard sur Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Ou de ma découverte de Lord of War le mois exact où je venais de rejoindre un groupe de trafiquants d'armes internationaux. Mais cela n'était rien à côté de ma redécouverte de The Binding of Isaac: Rebirth quand j'ai chopé le Covid.
C'était il y a trois ans, mais je m'en souviens comme si c'était hier. Nous étions un soir de 2019 et UBOAT faisait surface en accès anticipé sur Steam. J'avais bloqué ma soirée, débranché mon téléphone, verrouillé la porte du bunker. J'ai lancé le jeu en tremblant. Une heure plus tard, j'étais au bord de la dépression.
Une fois tous les trois ans (la dernière fois, c'était en octobre 2019, à la toute fin du monde d'avant), avec la rigueur d'un sous-officier venant examiner la régularité des coupes en brosse des recrues, Canard PC se rend au chevet de DCS World, le meilleur – et le seul, à l'exception d'un Falcon 4.0 maintenu à bout de bras par des amateurs depuis 1998 – simulateur de vol militaire moderne encore en développement.
Quelques pièces encombrées et plongées dans la pénombre, des écorchures dans la moquette qui mènent jusqu’à un vieux fauteuil criblé de brûlures de cigarettes, une plante décomposée qui s’étale sur un tas de papiers moisis. Oui, les anciens locaux de Canard PC avaient du caractère. Mais revenons au présent et parlons un peu de Holstin.
Il y a des produits dont l'origine doit toujours inciter à la méfiance quant à leur fiabilité. Par exemple, les voitures fabriquées en Angleterre, les trottinettes électriques made in China, les sous-marins nucléaires russes. Et là, désolé, je vais vous parler d'un MMO développé par un studio indé d'à peine vingt employés.
J’ai un rapport plutôt conflictuel avec la broderie. Le jour où j’ai essayé de m’y mettre, c’était pour broder le logo d’Umbrella Corporation sur un T-shirt, et s’il y a bien une leçon que j’ai tirée de cette triste expérience, c’est qu’il est absolument impossible pour un débutant de broder proprement le logo d’une société multinationale de recherche pharmaceutique – sauf si vous voulez transformer ladite société en PME familiale qui fabrique des petits bougeoirs artisanaux.
Il y a trois ans, lorsque nous vous avions parlé de Foundry pour la première fois, il s'agissait d'un petit jeu disponible sur Itch.io, développé par deux Autrichiens. Puis il a disparu des écrans radar, de mon esprit et même d'Itch.io, avant de ressurgir début novembre dans le catalogue de l'éditeur suédois Paradox.
J'en ai vu, des choses choquantes, en dix ans de Gamescom. Des gens qui décidaient sur un coup de tête d'aller ingurgiter un mètre de wurst dans un restaurant traditionnel. D'autres, dont la famille avait quelques comptes à régler avec l'Allemagne, qui me racontaient avec gourmandise comment Cologne avait été rasée jusqu'au sol par les Alliés. Et, cette année, ces types qui m'ont dit « mais en fait, il est bien le nouveau Prince of Persia ! ».