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Idiophilie
L’homéopathie des oreilles
Nous avions consacré un dossier complet à l’idiophilie dans le n° 16 de Canard PC Hardware, en nous concentrant sur quelques points, mais ce domaine couvre bien plus que les câbles audio. Pour cette première démystification, nous nous sommes penchés sur différents éléments qui peuvent améliorer le son selon les utilisateurs. Pour chaque exemple, nous vous proposons le prix de l’objet, un résumé de ses avantages selon son constructeur, quelques citations issues de forums ou de tests en ligne et bien évidemment une courte explication qui permet de revenir sur terre.
Cet article a été initialement publié en juin 2015 dans le Canard PC Hardware 25.
Feutre anti-réfraction (30 €)
La promesse : « On connaît aujourd’hui l’influence de la réflexion lumineuse du faisceau laser sur la qualité musicale de la reproduction. (…) Un coup de feutre sur la tranche de plusieurs centaines de CD et, grâce à ce stylo magique, votre discothèque bien-aimée sonnera différemment. »
Les avis des audiophiles : « Que celui qui a fait le test, et qui n’a pas constaté de différences le dise. » ; « Les sons des violons qui durent un poil plus longtemps, (…) les notes du piano un peu plus persistantes. »
La réalité : Colorer la tranche d’un disque optique (ou le biseauter) ne modifiera pas les 0 et les 1 présents sur celui-ci. La diffraction du laser (l’argument classique) n’a pas d’impact sur la lecture et une simple comparaison avec un PC le prouve.
Cet article vous est offert pour vous occuper pendant le confinement de mars 2020, mais n'oubliez pas que Canard PC Hardware est un magazine qui vit de ses lecteurs. Si vous avez aimé ce petit dossier, nous vous rappelons que vous pouvez vous abonner à Canard PC Hardware pour le recevoir chez vous tous les trois mois.
CD rodage Détox (30 €)
La promesse : Le CD Audio «De-Tox» permet d’optimiser rapidement des enceintes ou un casque audio. Le « Magic CD » est, quant à lui, particulièrement recommandé pour le rodage des câbles de modulation, une de ses pistes étant dédiée à cet usage.
Les avis des audiophiles : « Quatre ou cinq séances de Magic CD peuvent également «réveiller» vos électroniques et vos enceintes même si celles-ci ont quelques années au compteur et récupérer, par la même, tout ou une partie de leur première jeunesse ! »
La réalité : Le «rodage» n’a aucun impact sur les performances d’un lecteur de CD ou d’un câble : les pièces mécaniques ajustées en usine n’ont pas besoin de devenir plus souples et elles ne transmettent pas mieux un signal audio après une centaine d’heures de bruit blanc. Les enceintes peuvent par contre réagir de façon différente après quelques heures de fonctionnement, mais le son n’est pas pour autant mauvais au départ.
Câble HDMI audiophile (1 500 $)
La promesse : Nous avons pris l’exemple d’un câble AudioQuest, le HDMI Diamond, un modèle de deux mètres vendu environ 1 500 dollars. La marque indique qu’il offre une distorsion audio très faible et que l’argent utilisé à la place du cuivre implique un son moins coloré.
Les avis des audiophiles : « Vous avez à la maison, dans votre siège, l’image que les grands maîtres Spielberg et Tarantino eux-mêmes ont voulue. ». Globalement, les avis sont dithyrambiques et indiquent qu’il n’y a pas besoin d’être un spécialiste pour voir la différence.
La réalité : Numérique oblige, les câbles HDMI à quelques euros offrent un résultat identique sur des distances classiques (moins de 10 m), et la norme HDMI 2.0 fonctionne sans souci, même en entrée de gamme. Tant que le signal passe, un câble n’améliorera ni l’image ni le son.
Prise électrique audiophile (100 €)
La promesse : « Cette magnifique prise murale comporte des contacts en cuivre pur plaqués Rhodium. Le corps est en alliage de nylon et de fibres de verre. Quant à la plaquette, elle est en fibres de carbone, un matériau hyperrigide qui transforme l’énergie vibratoire en chaleur. »
Les avis des audiophiles : Pour une personne attentive à l’optimisation de son installation, c’est à la prise que tout commence. « Les différences sont immédiatement perceptibles. (…) On note en tout premier lieu une limpidité accrue (...) les timbres sont plus naturels, moins colorés, plus francs. »
La réalité : Pour paraphraser notre dossier de l’époque, par quelle magie une prise pourrait-elle compenser les kilomètres de câbles secteur rongés par les rats qui serpentent dans les murs, dans les rues, dans la ville ?
Straps d’enceintes (900 €)
La promesse : Certaines enceintes disposent de deux entrées pour chaque canal, et un connecteur, le strap, relie les deux prises quand un seul jeu de câbles est de la partie. « Des straps qui permettent d’accéder à un très haut niveau de qualité pour réaliser la délicate liaison entre les voies d’une enceinte haut de gamme. Structure en cuivre extra pur et blindage élaboré permettent d’obtenir un équilibre superbe et beaucoup de précision. »
Les avis des audiophiles : « Grain, aigus plus filés, qui montent plus, graves un peu plus profonds et mieux tenus, un peu plus de présence... » ; « Les médiums et les aigus ont pris une dimension que je ne leur connaissais pas. »
La réalité : Le problème des straps reste le même que celui des câbles : un simple modèle en cuivre correctement protégé offrira les mêmes résultats qu’un autre valant un SMIC en cuivre OFC vrillé et son quadruple blindage, spécialement quand les distances demeurent faibles, ce qui est le cas des straps.
VTS SuperDots (50 € pièce)
La promesse : Il s’agit de « pastilles particulièrement élaborées ayant pour objet la lutte contre les résonances et, croyez-le bien, les résultats sont pour le moins extraordinaires. Immédiatement la transparence, l’aération et la musicalité de la restitution prennent une dimension nouvelle pour un investissement véritablement raisonnable ».
Les avis des audiophiles : « Installer les SuperDots sur mes enceintes m’a apporté une amélioration plus importante que tous les composants et les câbles que j’ai testés ces dernières années. » ; « Mon ami non-audiophile a noté des hautes fréquences avec plus de profondeur et plus de clarté. »
La réalité : Nous pourrions citer un des testeurs : « Prenez-moi pour un fou, mais ces points (magiques) marchent. » Si vous pensez que ça fonctionne, IKEA vous vendra des supports pour les objets beaucoup moins cher.
Carte microSD « Premium Sound » (150 € / 64 Go)
La promesse : Sony explique que sa carte mémoire audiophile de 64 Go, vendue à prix d’or, produit moins de parasites électriques à la lecture qu’une autre MicroSD.
Les avis des audiophiles : Les rares tests disponibles en ligne – son annonce date de mars 2015 – affirment que « le son des instruments à cordes est plus expressif » ou que « les voix deviennent plus claires, plus détaillées ».
La réalité : Les cartes mémoire restent des supports numériques, sans pertes au moment de la lecture. Que le fichier soit stocké sur une MicroSD, un disque dur ou un DVD ne change rien : son contenu demeure identique. Les « parasites électriques » ne peuvent pas perturber un DAC, si tant est qu’ils existent et soient mesurables.
Câble optique plaqué or (150 €)
La promesse : Soyons francs, aucun revendeur n’ose expliquer pourquoi les câbles optiques avec une prise plaquée or offrent un meilleur son, mais pratiquement tous les constructeurs utilisent cette astuce pour attirer le chaland.
Les avis des audiophiles : « L’or est connu pour ses qualités de métal précieux, donc je pense que ça doit jouer un peu sur l’antiparasitage pour la pureté du signal. »
La réalité : Les prises TOSLINK transmettent un signal optique et utilisent généralement un connecteur en plastique, qui ne risque donc pas de s’oxyder. La peinture dorée n’a évidemment aucun impact, mais rassure les néophytes qui veulent des composants plaqués or.
Câble cryogénisé (cher)
La promesse : Le refroidissement du cuivre et de l’argent en le plongeant dans de l’azote liquide (-196° C) permet d’améliorer les capacités électriques et physiques du métal.
Les avis des audiophiles : « Restitution plus limpide, qualité des silences améliorée, les enregistrements gagnent en sensualité, en épanouissement harmonique, en exactitude tonale quel que soit le niveau de la chaîne. »
La réalité : Le traitement s’applique à l’acier, pour modifier la structure des impuretés carbonées, mais n’a aucun effet sur le cuivre ou l’argent, qui sont normalement purs dans les câbles. Certains avouent même que personne ne sait pourquoi ça fonctionne (cpc.cx/bZK).
Bouchon pour connecteur (10 €)
La promesse : « L’intérêt d’une telle démarche repose sur la protection des connecteurs nus, susceptibles d’être sujets aux interférences radiofréquences. » Les caps (capuchons en bon français) existent pour les prises RCA, les prises HDMI, les prises jack, etc.
Les avis des audiophiles : « Les capuchons réduisent encore le niveau de bruit de fond et apportent une réelle amélioration au niveau des silences. Du coup les instruments sont encore plus moelleux, les extinctions de notes plus réelles et l’expression de l’électronique gagne donc quelques crans supplémentaires. »`
La réalité : Tant que vous évitez de placer une antenne sur les prises, les capuchons ne servent qu’à une chose : empêcher que la poussière ne rentre.
Support de câble (100 €)
La promesse : « Les Cable Tower sont le fruit d’une recherche cognitive et poussée menant à l’élimination d’un grand nombre de paramètres susceptibles d’affecter le fonctionnement homogène d’un câble. (…) Le flux d’électrons est influencé par toute matière proche du câble, le sol en particulier, il est perturbé par la moindre vibration alors que le sol est l’élément le plus vibratoire de votre pièce après les HP. »
Les avis des audiophiles : « À l’écoute, l’image sonore nous a semblé plus propre, plus limpide dans le haut du spectre. La dynamique paraît également plus libre, la restitution globalement plus rapide. »
La réalité : Tout le monde sait évidemment que les pauvres petits électrons n’aiment pas s’approcher du sol. Plus sérieusement, les supports demeurent parfaits pour passer l’aspirateur facilement sans déplacer les câbles.
Noise Harvester (100 €)
La promesse : Le Noise Harvester est le seul appareil capable d’éliminer le bruit électrique sur une installation domestique en le transformant en lumière. L’effet est cumulatif, plus vous possédez de Noise Harvester, plus c’est efficace.
Les avis des audiophiles : Soyons francs, sur certains forums, des participants indiquent que c’est un des rares périphériques qui n’a pas amélioré le son. D’autres précisent que le résultat n’est pas profondément différent, mais que le changement reste notable.
La réalité : Passons sur le fait que l’appareil élimine le bruit, mais qu’il est préférable d’en placer plusieurs (business is business) et rappelons qu’une simple LED bleue ou verte ne va pas améliorer votre installation. La magie, c’est pour Garcimore. Cela dit, les rares tests montrent qu’il semble très efficace pour détecter le bruit sur une ligne.
Câble Ethernet audiophiles (2 200 € / 3 mètres)
La promesse : Les câbles Ethernet dédiés au monde de l’audio utilisent des prises blindées, proposent un jitter extrêmement faible et un transfert « bit perfect ». Le sens demeure important et la certification Cat7 permet de travailler à 10 gigabits/s sur 100 mètres.
Les avis des audiophiles : « J’ai rapidement identifié une différence. La formulation en fera probablement frémir quelques-uns, mais le mot qui m’est venu spontanément à l’esprit est «analogique». » ; « Il ne faut pas plus de quelques instants (après l’avoir «rodé» brièvement) pour saisir la différence qui existe entre ce câble et tous les autres câbles Ethernet que j’ai pu tester. »
La réalité : Pensez à installer un câble pour le download et un pour l’upload, et vérifiez bien que vos téléchargements n’arrivent pas corrompus avec des erreurs. Et surtout, claquez plusieurs SMIC pour de l’équipement 10 GbE, les quelques mégabits/s d’un flux audio multicanal en 24 bits / 192 kHz demandent bien ça.
Démagnétiseur de CD (300 $)
La promesse : Les champs magnétiques et l’électricité statique peuvent grandement influer sur la qualité de la lecture, et un démagnétiseur permet de réduire ce problème. Fonctionne sur les vinyles, les CD, les DVD et les Blu-ray.
Les avis des audiophiles : « Impossible de ne pas l’entendre. » ; « Effet indéniable. »
La réalité : Les CD contiennent du polycarbonate et de l’aluminium et la lecture s’effectue de façon optique, avec un laser : il n’y a donc rien à démagnétiser. Évitez par contre d’utiliser cet outil sur une cassette audio, un disque dur ou un MiniDisc.
Câble secteur (6 000 €)
La promesse : « Tout comme vous ne chausseriez pas une voiture citadine de petite cylindrée avec des pneus de Formule 1, ni l’inverse d’ailleurs (!), vous ne choisirez pas un câble d’alimentation haut de gamme pour une installation home-cinéma standard, ni un câble d’alimentation basique pour une installation d’exception. »
Les avis des audiophiles : « Le plus défini, équilibré. Les timbres sont retranscrits dans toute leur subtilité. Une efficacité redoutable ! » ; « Très efficace, on sent très bien son côté filtrant par une définition remarquable sur les micro-informations. Un respect de l’image qui prend de la profondeur. »
La réalité : Nous n’allons pas nous étendre sur le sujet : si changer le câble secteur améliorait réellement le son (ou l’image), cela impliquerait qu’il faudrait aussi remplacer l’intégralité du réseau EDF, bien moins efficace que n’importe quel modèle à quelques euros.
Fusible Premium (100 €)
La promesse : « Pourquoi investir des fortunes dans de sublimes appareils, puis des sommes conséquentes dans son câblage et autre filtrage secteur si c’est pour laisser passer le courant à travers un fusible des plus communs et, le plus souvent, des plus médiocres. »
Les avis des audiophiles : « À la première écoute, le changement est flagrant, et donc plaisant puisque nouveau sur la redécouverte de CD connus. On croit avoir une meilleure «résolution» et spatialisation. » ; « Le SR 20 est plus naturel. Il rend «gourmand» à l’écoute de la musique. »
La réalité : Le câble secteur a de l’influence, pourquoi pas le fusible ? Soyons sérieux quelques minutes, si le premier s’apparente à du bullshit marketing, le second remporte la palme, surtout vu les prix. Rappelons qu’il se place généralement avant les éléments qui ont de l’importance dans un amplificateur…
Boîtier Manta (500 €)
La promesse : « Équipé de la technologie Esprit RendistoR, ce dispositif de polarisation électrique par voie aérienne réduit efficacement les effets des perturbations électromagnétiques domestiques. (…) Les résultats se font alors rapidement entendre : la restitution sonore gagne en stabilité, en fluidité et en silence, révélant ainsi une scène sonore plus riche, plus détaillée et plus lisible. »
Les avis des audiophiles : « Une forme de silence apparaît autour des instruments, le mettant mieux en valeur. Certains bruits de fond inhérents à l’enregistrement analogique sont mis de côté. »
La réalité : Le plus simple avec ce boîtier, sans aller dans la magie, consiste à regarder la vidéo de son démontage
(cpc.cx/c0n). Dans cette dernière, vous apprendrez qu’il contient… de la résine et une LED. Mais avec la foi, ça marche !
Câble USB audiophile (800 € / 1 m)
La promesse : « Le câble a été conçu pour les applications audio. En effet, alors que la qualité d’un câble USB n’influence pas la copie des données, la détérioration d’un flux audio en raison d’un mauvais conducteur a des effets néfastes sur la clarté du son produit, l’étagement de la scène sonore et la restitution des hautes fréquences. »
Les avis des audiophiles : « Sur le terrain, ce câble USB permet de tirer plus de musique que n’importe quel autre modèle testé à ce jour. Un niveau de transparence, un respect de la phase et de la dynamique que l’on rencontre plus souvent sur une chaîne hi-fi haut de gamme que sur un petit convertisseur USB. »
La réalité : Le câble transmet des 0 et des 1, la version numérique du fichier audio, vers le DAC, qui va décoder : il ne modifie pas la qualité du son. Un mauvais câble (ça peut arriver) peut provoquer des soucis d’alimentation, mais c’est rapidement visible.