Le premier style auquel Copper Dreams s'est adonné à 200 %, c'est le cyberpunk, une branche de la science-fiction qui se sert des inégalités d'une société futuriste et totalitaire pour raconter des histoires à base de pirates informatiques illégaux, de criminels armés de gros canons et de policiers cybernétiques. Et justement, il paraît que loin, loin dans le futur, la Terre se retrouve encore plus dans la panade qu'en 2016. Entre les guerres civiles, les dystopies et la surpopulation, il ne fait plus très bon vivre dans les mégapoles qui manquent de ressources. Heureusement, tout ça ne vous concerne plus : histoire de désengorger la planète, le gouvernement vous a désigné volontaire pour l'exil dans une colonie humaine au fin fond de la galaxie, une jungle urbaine crade et malfamée contrôlée par les syndicats du crime. Pourquoi pas, après tout ? Certains partent bien en vacances à Mulhouse. Vous, c'est à Calitana.
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Copper Dreams
Planète aux cent bavures
Mélanger les classiques est un exercice délicat. Imaginez un cuisinier qui allierait la fraîcheur d'une huître en gelée au fondant d'une bûche en chocolat : il se ferait lyncher par une foule de connoisseurs en colère. Heureusement, dans le jeu vidéo on ne s'embarrasse pas de tels scrupules, alors quand Copper Dreams promet de mélanger deux genres ensemble, on trouve même ça plutôt alléchant.
Le plein de cyber. Autant vous dire que la vie sur cette colonie ne sera pas de tout repos : Whalenought Studios cite des influences comme Deus Ex et New York 1997, ce qui laisse présager d'excellents moments à se prendre de la chevrotine dans les côtes par les habitués des ruelles sombres et les gangs surarmés. Votre job sera d'ailleurs d'aller au-devant des problèmes : recruté d'office à votre arrivée sur la planète par un puissant clan de poissonniers mafieux, vous aurez pour mission d'espionner les autres familles du crime, de recueillir des infos dans la rue et de minimiser les pertes de la société… du moins au début : Copper Dreams est un jeu de rôle, et vous aurez sans doute au final le choix de votre employeur. Cyberpunk oblige, vous rencontrerez des scientifiques accompagnés de robots, des religieux fanatiques, des artisans aux méthodes brutales et une guilde de marchands d'armes qui ne crache pas sur le trafic de prothèses cybernétiques.
Que la science nous prothèse. Voilà, j'ai craché le morceau, Copper Dreams est un jeu de rôle. C'est d'ailleurs le deuxième genre dans lequel il va se vautrer à l'envi : celui du bon vieux RPG en vue isométrique, avec combats au tour par tour, groupe de compagnons à enrôler et direction artistique pixellisée à souhait. Rien de vraiment neuf sous le soleil vert, me direz-vous ? Bien au contraire. Grâce au cyberpunk, Copper Dreams se dote de plein de chouettes fonctionnalités que les jeux de rôle à l'ancienne n'ont encore qu'effleurées. Par exemple, la technologie débridée et la culture de la récup' sauvage de Calitana justifient un système de modification d'armes qui promet des merveilles. On trouve bien sûr du classique (crosse qui atténue le recul, viseur qui améliore la portée, silencieux pour rester discret comme un putois) et du moins classique (le chargeur qui s'active à la voix pour changer le type de munitions), mais ce sont aussi les armes en elles-mêmes qui feront tout le charme du jeu : prothèses-tronçonneuses, harpons pneumatiques, pistolets à rayons, lance-flammes et lames électromagnétiques se chargeront de dépoussiérer l'arsenal du jeu de rôle PC, trop souvent limité aux épées et aux arcs. Pour ne rien gâcher, Copper Dreams utilisera un système de blessures en lieu et place des sempiternels points de vie, qui verra donc un coup de rayons faire fondre un fémur – si la cible du tir n'a pas d'implant blindé pour se protéger, évidemment.
Aïe, robot. Le précédent projet de Whalenought Studios, Serpent in the Staglands, était un jeu de rôle à l'ancienne (souvent trop imbitable pour son propre bien) qui avait été acclamé pour sa capacité à « lâcher la main du joueur » et, en gros, à le pousser tête la première dans le ravin. Pour Copper Dreams, les développeurs assurent vouloir continuer à donner au joueur une énorme liberté dans sa manière de gérer l'exploration, le scénario, les énigmes, les dialogues et les combats. Ces derniers proposeront d'ailleurs une pelletée d'options tactiques, avec des tirs qui visent certaines parties du corps, un système de couverture, des grenades, des interruptions de vos cibles (oui, en tour par tour, ne me demandez pas comment ça marche) et des tirs de suppression. Mais peut-être que vous ne chercherez pas la confrontation directe, grâce à des angles d'approche multiples – la ville pourra être traversée aussi bien horizontalement que verticalement, en s'aidant d'un grappin ou en sautant d'immeuble en immeuble – et à un système de discrétion assez finaud. Les ennemis seront à l'affût d'un bruit suspect, iront éclairer les coins louches, appelleront des renforts par radio, utiliseront des drones et jetteront des coups d'œil aussi bien en dessous qu'au-dessus d'eux. Pendant ce temps, vous pourrez attendre la nuit pour vous fondre dans les ombres, vous coller aux murs, vous planquer dans des caisses ou détecter les gardes à l'oreille (cybernétique, pourquoi pas).
Cyberpunk 2017. En plus de toutes ces innovations, Copper Dreams devrait aussi nous surprendre avec une feuille de perso complexe, de l'espionnage en freelance et un monde régi par des événements dynamiques. Un jeu de rôle modernisé et un univers sombre peuplé de cyborgs, donc, qui nous donnera l'occasion assez unique de dormir dans un container rouillé, de mentir à un mercenaire à l'œil bionique et de servir d'agent double à un gang de trafiquants de pistolasers. Ah, ça va nous changer des donjons et des dragons.