Au début, on peut avoir des doutes. On peut même se dire que prendre en main une exploitation viticole va être beaucoup moins sympa que de gérer un hôpital, un open-space ou un parc d'attractions, domaines auxquels le genre du tycoon nous a habitués depuis de longues décennies. Et puis on lance Terroir. Et là, pendant que le didacticiel déroule ses explications, boum. La révélation. Bien sûr, que produire du vin chatouille agréablement la glande tycoonale nichée au cœur de nos cerveaux. Parce que la viticulture, contrairement à ce que j'ai longtemps cru, ne se résume pas à engraisser du raisin et à l'écraser avec les pieds pour l'oublier ensuite cent ans dans un tonneau. Il faut choisir où faire pousser telle ou telle variété de vignes, tailler les branches pendant que les mois s'égrènent, choisir ensuite les méthodes de foulage et de pressurage afin de réduire l'acidité du vin ou d'augmenter son caractère tannique... Et une fois le vin embouteillé (dans quel type de bouteille ?), son aventure ne fait que commencer. On laisse la cuvée vieillir, on fait venir des œnologues pour qu'ils la notent – s'ils adorent, elle se vendra au prix fort –, on envoie des caisses à des distributeurs et, enfin, on touche un petit pactole tandis qu'on est déjà parti s'occuper d'une autre variété de raisins ou de la récolte de l'année suivante.
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Terroir
L'espoir fait ivre
Ma connaissance du vin se limite à prendre un air inspiré quand le serveur me choisit pour goûter une bouteille au restaurant et à dire « oui... Il a du corps. C'est très bien. C'est… parfait ». Autant dire que je suis en terrain connu dans Terroir, le tycoon qui permet de gérer un vignoble.
Vin fois sur le métier remettez votre ouvrage… Toutes ces activités, Terroir les propose bel et bien. De ce côté-là, le tycoon viticole tient ses promesses : certes, accès anticipé oblige, le jeu ne nous met pas face à pléthore d'options lorsqu'on choisit telle ou telle technique de viticulture, mais il permet déjà de spécialiser le vignoble dans des vins blancs acides ou dans d'onéreux vins rouges à la fois doux et corsés. Hélas, aucune action du joueur ne compte vraiment face aux événements aléatoires, seuls à peser vraiment sur le destin du vignoble. Une météo qui décide de couvrir le soleil en été, une maladie qui infecte certains plants, des bouteilles qui cessent subitement de se vendre et il n'y a plus qu'à recharger la partie, en espérant que cette fois le dieu du hasard se montre plus clément. Pour l'instant, Terroir se résume donc à sauvegarder toutes les cinq secondes pour faire des sauts de puce vers la fin de la vendange et à économiser leeeentement assez d'argent pour acheter de nouvelles techniques de pressage ou de nouvelles tuiles sur la carte du domaine (une tuile de vignes permet de faire croître plusieurs plants en simultané, une tuile de paysage donne des attributs spéciaux aux vignobles adjacents). Quand le joueur pourra un peu influer sur le hasard capable pour l'instant de ruiner sa partie en un clin d’œil, quand le jeu sera mieux équilibré aussi – pour l'heure, il est possible de faire prospérer le domaine en se tournant grave les pouces, pour peu que la chance soit de notre côté –, alors Terroir deviendra un excellent tycoon. Pas avant.