Un jeu vidéo n’est jamais vraiment terminé. Même techniquement finalisé, même patché jusqu’au moindre bug, il vogue au milieu d’une mer agitée d’attentes et de déceptions où il sera sans cesse démonté, repensé, critiqué et, naturellement, modifié. Ce sont ces échanges qui le maintiennent en vie : ce dialogue entre les joueurs et les créateurs. Mais comme certaines relations, tout cela peut devenir toxique.
Le « monde d'après » en pleine pandémie est une étrange formule. Floue, elle rassemble les notions d'espoir et de cataclysme, laissant le choix à chacun de l'interpréter. Il n'est alors pas surprenant que bien des œuvres imaginaires, dont le jeu vidéo, choisissent souvent ce contexte pour défricher diverses thématiques. Et dans notre contexte de crise sanitaire, difficile de ne pas questionner ces modèles.
Si l’idée de Pokémon, à savoir des gamins perdus dans les hautes herbes à la recherche de créatures bizarres, vous paraît saugrenue, sachez que celle-ci l'est beaucoup moins du point de vue des Japonais. Non que les familles abandonnent leurs enfants à chaque voyage à la campagne, mais la recherche de bestioles dans les fourrés est une activité plus que commune dans l'archipel nippon. Un véritable marqueur culturel qui, comme bien d'autres avant lui, termine sa course dans la fiction. Petit détour dans des sentiers qui fourmillent de jeux vidéo.
Arriver à la fin d’un jeu provoque divers sentiments, en fonction de sa forme : une victoire excitante dans le cas d’un challenge dépassé, un sentiment de perte si l’histoire s’est agrippée à soi, une simple vision d’accomplissement avant d’enchaîner une autre aventure. Mais parfois, la notion de fin dépasse les limites mêmes du jeu, jusqu’à devenir la symbolique qu’il incarne. Et depuis quelque temps, les exemples se multiplient.
À l’évocation du terme FPS, difficile d’imaginer autre chose que des douilles volant dans l’air frais du matin ou des bruits de détonation. Pourtant, malgré l’actuelle omniprésence du genre, ces jeux viennent d'engendrer une descendance moins portée sur la poudre, où la narration applique une main délicate sur le flingue, jusqu’à le poser au sol. Un abandon pour une renaissance.
Pour les urbains, la nuit ressemble à une sorte de bouillasse orange qui n’a rien à envier à une soupe de poisson laissée bien trop longtemps en plein soleil. Pourtant, demeure souvent un coin sombre où admirer les beautés de l’univers, logé au fond d’un jeu vidéo, attendant un moment de paix pour être observé par le joueur. Ces ciels, s’ils offrent un fixe d’étoiles pour astronomes un peu tristes, ne sont en revanche pas toujours des projections crédibles.
Domaine où les images sont reines, manipulées par le joueur lui aussi roi, le jeu vidéo a connu une longue maturation avant de pouvoir afficher davantage que quelques lignes tremblantes. Désormais d’une extrême diversité visuelle, il peut laisser exprimer ses liens ténus avec l’art pictural et travailler ses cadres. Pour autant, il n’est pas qu’une répétition et a presque déjà trouvé sa voie.
L'imaginaire d'un créateur est poreux : il reste toujours, dans une œuvre, les traces d'événements personnels que son auteur y a intégrés, plus ou moins consciemment, et ces résidus biographiques sont d'autant plus présents que les événements ont été marquants. C'est le cas des traumatismes intimes, mais aussi des catastrophes d'origine naturelle ou humaine, qui marquent des générations entières. Malgré sa jeunesse, le jeu vidéo porte aussi la trace de ces histoires. C'est ce que nous racontent deux créateurs confrontés au désastre.
La musique est indissociable de tous les arts de l'image mouvante. Présente depuis les premiers films muets, alors jouée en direct, elle intensifie, souligne ce que montre l'écran, apporte sa propre histoire. Son rôle dans le jeu vidéo, autre grand média visuel, est similaire, à une différence près : désormais, la personne assise face à l'écran mène la danse, et bat la mesure.
La marotte du joueur trentenaire, le fameux « c’était mieux avant », n’a plus aucune raison d'être. Les jeux sont aujourd'hui tous jouables, le confort d’utilisation est bien supérieur, les genres n'ont jamais été aussi variés, les indés aussi créatifs... Et au lieu d'idéaliser le passé, certains joueurs vétérans préfèrent se replonger dans leurs souvenirs pour imaginer l'avenir.