Pour peu que traînent encore quinze malheureux dollars dans votre poche trouée par l’avalanche de promos sur de juteux VST à l’occasion de l’orgie consumériste du « vendredi noir » (« Bonjour, je m’appelle Fishbone et je suis dépendant aux synthés virtuels »), vous pourrez obtenir la nouvelle version du Raspberry Pi Zero W sorti en 2017, le bien nommé Pi Zero 2 W. La scandaleuse majoration de cinq dollars entre les deux modèles se justifie par un SoC plus pêchu, passant d’un monocœur 1 GHz à un quadruple cœur, toujours yakacadencé à 1 GHz. Le Bluetooth adopte le 4.2 et le connecteur caméra le CSI-2. Selon Raspberry, les performances du processeur seraient jusqu’à cinq fois supérieures. La châssis du Pi Zero 2 W reste identique, permettant la mise à jour des projets utilisant l’ancien modèle sans devoir sortir la scie à métaux et risquer de s’amputer le tronc. En dépit de la pénurie de composants, Raspberry espère produire 200 000 unités d’ici la fin de l’année et 250 000 en 2022. Notez que l’engin est offert avec l’abonnement au magazine officiel Magpi (http://cpc.cx/wcD).

Les faux contenus réalisés à l'aide d'une intelligence artificielle – ou « deepfake » pour converser jeune et moderne – promettent un avenir radieux aux escroqueries de toutes sortes, à l'instar de celle survenue à Hong Kong en 2020. L'affaire refait aujourd'hui surface alors que la justice nord-américaine a été sollicitée par les Émirats arabes unis pour identifier un groupe d'au moins 17 margoulins. En résumé, parce que j'ai des spaghettis sur le feu et que je n'ai pas les mêmes goûts qu'un labrador, un directeur de banque a été berné par une voix de synthèse imitant celle d'un de ses clients directeur d'entreprise. Une voix familière donc, qui lui demandait d'autoriser un virement de 35 millions de dollars dans le cadre d'une pseudo-acquisition. Dans les faits, l'arnaque était un peu plus élaborée, mais cela donne le ton. En réalité, il s'agit de la seconde escroquerie – connue – du genre, puisque la première concernait un transfert de 222 000 euros réalisé par une société allemande en mars 2019. Aucun risque que cela n'arrive avec ma banque, elle est au top ISO des mesures de sécurité et refuse tout virement supérieur à 2,75 euros.

La robotisation à marche forcée de la société nous promet des moments particulièrement coquets en matière de quotidien sécuritaire. Pour ceux qui douteraient encore de ce qui nous pend au nez, deux nouveaux exemples parmi tant d’autres : « Spur », un chien sniper conçu par SWORD International/Ghost Robotics, et « Xavier », un patrouilleur urbain chargé de détecter les comportements « antisociaux indésirables » à Singapour. Par comportement antisocial, comprendre fumer dans une zone non autorisée, ne pas garer son vélo au bon endroit ou encore ne pas respecter un certain écart entre les personnes. Ajoutez cela aux innombrables caméras de surveillance qui parsèment les rues et les systèmes de reconnaissance faciale planqués dans les lampadaires, et vous saurez où ne pas chercher si je venais à disparaître. Quant à Spur, il consiste en une version militarisée de Spot – le machin tout-terrain de Boston Dynamics déjà angoissant dans sa version inoffensive –, un robot tueur équipé d’un fusil de précision Creedmoor 6,5 mm. Il n’est pas encore contrôlé par de l’IA, mais qu’on se rassure, ce n’est qu’une question de temps.

Afin de traiter la dépression sévère d’une femme de 36 ans ne répondant pas aux traitements classiques, l’université de Californie-San Francisco a expérimenté la greffe d’un nouveau type d’implant cérébral, avec succès semble-t-il. Les travaux publiés début octobre par Nature Medicine font état d’une amélioration significative de l’état de la patiente, cette dernière indiquant que « l’appareil complète vraiment la thérapie et les soins personnels ». A contrario des précédents essais en la matière, plutôt infructueux, l’innovation réside dans la personnalisation de la stimulation apportée, via la prise en compte du schéma cérébral et des biomarqueurs spécifiques à la personne : dès qu’un biomarqueur associé au gros cafard est détecté, un autre biomarqueur participant à l’amélioration du symptôme est stimulé. Les scientifiques vont maintenant étendre la recherche à d'autres patients afin d’éclairer les zones d’ombre, comme l’éventualité d’une modification du schéma cérébral et des biomarqueurs au fil du traitement. Transhumanisme 1 - Chocolat 0.

De 3 à 5 % dans certaines applications et de 10 à 15 % dans certains jeux d’e-sport (ha ha ha !… Désolé, un vieux réflexe…), voici en substance la perte de performances à laquelle s’exposent les possesseurs de CPU AMD EPYC et Ryzen de plus de huit cœurs en utilisant – en l’état – Windows 11. Le phénomène est officiellement reconnu par les entreprises concernées, AMD et Microsoft s’engageant à déployer un correctif avant la fin du mois d’octobre 2021. Quant à comprendre le pourquoi du comment, AMD évoque une augmentation de la latence du cache L3 ainsi qu’une incompatibilité d’humeur de W11 envers sa technologie « Preferred Cores » ; pour rappel, une technique consistant à envoyer les processus sur le cœur le plus rapide du CPU. En attendant cette mise à jour, notre conseil de pro-expert est de ne pas s’emballer pour installer le nouvel OS et de performer encore quelques années de plus sur Windows 1.0. (Voir aussi « Windows 11 et les performances ».)

Puisque nous n’en sommes plus à une dystopie cyberpunkachienne près, Samsung et l’université d’Harvard étudient le développement de puces informatiques « neuromorphiques » traitant l’information de manière asynchrone. Des puces qui reprendraient point par point la structure cérébrale humaine et son fonctionnement, afin d’atteindre la même efficacité en termes d’apprentissage facile, d’adaptation à l’environnement, d’autonomie et de faible consommation. Ce dernier point n’est pas le plus anodin, puisque la consommation moyenne d’un encéphale n’est que d’environ douze watts. Autre défi pour les ingénieurs, reproduire un cerveau comportant généralement 100 000 milliards de neurones et 1 000 fois plus de synapses. Si le mythe d’une « intelligence » réellement artificielle semble pouvoir tenir quelques décennies encore, Samsung n’en vise pas moins un système doté de capacités cognitives nous rapprochant chaque jour un peu plus de la singularité.

Tidio, société spécialisée dans les chatbots, a réalisé une enquête auprès de 1 200 personnes concernant l’acceptation de robots « intelligents » dans leur quotidien (http://cpc.cx/vXq). Sans réel étonnement, une majorité d'entre elles conçoit qu’une machine s’occupe du ménage (78 %), de la cuisine (70 %), du budget (68 %), de la conduite du véhicule dans les bouchons (60 %), de l’enseignement scolaire (52 %), d’opérations chirurgicales (52 %), voire de patrouilles de police (51 %). Et comme si les relations sociales ne sentaient déjà pas suffisamment le sapin, 42 % envisagent d’avoir des relations sexuelles avec un robot humanoïde et – l’Her de rien – 39 % imaginent une relation amoureuse avec une IA. Notons que les hommes sont les principaux intéressés par les aventures sexuelles et sentimentales cyberpunkiennes (48/43 % contre 33/33 % des femmes), au grand soulagement du syndicat des gants de toilette remplis de pâtes pas trop cuites.

AMD a déposé une demande de brevet intitulé « Look Ahead Teleportation for Reliable Computation in Multi-SIMD Quantum Processor », un petit nom d’amour concernant un processeur quantique recourant à la téléportation de qubits pour une stabilité accrue. Car en l’état de la technologie, l’instabilité des états quantiques et les erreurs de calcul qui en découlent sont le talon d’Achille des processeurs idoines. Pour autant, si AMD décrit le concept d’une téléportation de qubits d’une zone à l’autre de la puce afin d’exécuter les fonctions de manière non séquentielle en les triant en amont du traitement (passons les détails), il n’explique pas pour autant la façon dont la téléportation opère : catapultage, trampoline, fronde, cuillère à purée, Scotty, toutes les hypothèses restent ouvertes. Mais à la réflexion, l’option Scotty semble la plus raisonnable.