Et là, je change de style parce que l’ambiance est plutôt à la sulfateuse qu’à la cape ou l’épée. De quoi s’agit-il ? De sauver de la faillite la société Presstalis qui organise la distribution de 70 % des journaux en France et en perçoit les ventes avant de les reverser, théoriquement, aux éditeurs concernés. Dans le numéro 372, je vous expliquais que Presstalis avait décidé de retenir pour son propre compte 25 % de ce qu’elle nous doit sur décembre 2017 et janvier 2018.
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Que Presstalis soit sauvé ou liquidé, c’est Canard PC qui va trinquer
(Résumé de l’épisode précédent) Alors qu’ils s’aventurent depuis 15 ans à faire vivre un magazine papier dont ils fourbissent fiévreusement une toute nouvelle formule, nos fougueux héros apprennent que leur distributeur, le Duc de Presstalis, a décidé autoritairement de garder par devers lui un quatrième des espèces sonnantes et trébuchantes qu’il leur devait en juste rémunération de leurs fiers efforts.
Mise à jour du 12/03/2018: Notre campagne sur Ulule est lancée !
Le plan de sauvetage de Presstalis va tourner au massacre de la presse indépendante.
Il en reste un peu, je vous en prends encore ? Il s’avère que le premier hold-up ne suffisait pas : nous braquer 25 % de nos revenus pendant deux mois n’a servi qu’à payer les salaires de décembre et quelques traites en janvier, pas du tout à éviter la faillite. Le trou, le vrai, est gigantesque, crédilyonesque, devrait-on dire. Pour le combler, et financer le plan de redressement, nous avons appris le 25 janvier que nous serions en plus ponctionnés de 2,25 % tous les mois pendant… 4 ans et demi. Et cette fois, cette retenue arbitraire est imposée à tous les journaux, quel que soit leur distributeur. Ce plan de sauvetage va tourner au massacre. Beaucoup d’entreprises de presse, dont la nôtre, ont des marges inférieures à 2,25 % et ne peuvent pas encaisser cette taxe. Des dizaines de titres de la presse indépendante ne peuvent pas augmenter leur prix pour compenser (Canard PC vient déjà d’augmenter le sien) sans voir leurs ventes baisser et devoir jeter l’éponge à court terme.
La mort à brève échéance. La façon dont ces décisions ahurissantes ont été prises, sans concertation, sans étude d’impact, intégralement dans le petit cercle des administrateurs de Presstalis pourtant responsable de cette faillite, nous a convaincus d’une chose : ce plan de redressement ne peut qu’échouer, la situation va s’aggraver, et de nouvelles mesures défavorables aux plus faibles interviendront. Si par surprise il n’était pas validé, Presstalis sera probablement en liquidation, et la distribution de la presse dans son ensemble connaîtra le chaos, le temps que les MLP (Messageries lyonnaises de presse, le petit et unique concurrent de Presstalis) ou une nouvelle structure puissent reconstruire la logistique nécessaire.
Au fond, peu nous importe : actuellement, Canard PC n’a les moyens de survivre à aucune de ces deux situations.
Ce n’était pas du tout ce dont nous rêvions en préparant notre nouvelle formule, mais pour survivre à 2018 en continuant à exister sur papier, nous allons devoir effectuer très rapidement une transformation brutale du magazine et de son fonctionnement. Pour cela, nous n’avons d’autre choix que de faire appel au soutien de tous ceux qui veulent pouvoir continuer à nous lire, lors d’une campagne de financement participatif sous la forme d’abonnements de soutien. Rendez-vous le 1er mars : nous vous exposerons notre plan pour sortir Canard PC de ce traquenard et les différentes façons de nous aider. Canard PC est né en novembre 2003, ce serait quand même ballot qu’il disparaisse l’année de ses 15 ans.
Mise à jour: Le plan de redressement de Presstalis a été légèrement amendé: les éditeurs chez les MLP devront également payer, mais à hauteur de 1% (pendant 4 ans et demi) au lieu de 2,25% (pendant 5 ans par contre). Cela allège la note pour Canard PC (passé aux MLP pour 2018), pas pour Canard PC Hardware (bloqué chez Presstalis). Ne change rien au fait que 25% ont été prélevés (et probablement jamais rendus) sur décembre et janvier, alors que Canard PC était encore chez Presstalis.