Vous ne savez pas ce que c'est de miner si vous n'avez jamais cherché de diamants dans Minecraft. Je sais, ça peut sembler un peu abrupt comme jugement. D'ailleurs, mon grand-père a moyennement apprécié que je l'interrompe pour lui asséner cette vérité pendant qu'il racontait son enfance dans les mines de charbon de Lorraine. J'avais pourtant raison. Il faut avoir pénétré dans de sombres cavernes grandes comme des cathédrales, il faut avoir éclairé d'une torche dérisoire une grotte titanesque, il faut avoir aperçu dans le lointain l'éclat d'une pierre précieuse pour savoir ce que c'est que le minage. Le pire, c'est qu'à part Minecraft, bien peu de jeux vidéo se sont lancés dans l'aventure spéléologique. Jusqu'à présent, seul le jeu de Mojang m'a procuré ces frissons uniques que l'on ressent lorsqu'on longe un gouffre sur une corniche étroite, lorsqu'on se déplace lentement pour ne pas attirer l'attention d'une horde de bêtes qui errent dans une caverne ou lorsqu'on parvient enfin à se créer un pont de fortune jusqu'à un gisement surélevé.
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Deep Rock Galactic
Mine réjouie
Lorsque les premières images de Deep Rock Galactic ont été révélées au public, mes collègues ont roulé des yeux très fort. Je suppose qu'un jeu où quatre persos munis de flingues affrontent des monstres, ça leur rappelait un peu trop Left 4 Dead et ses millions de clones. Moi, par contre, j'exultais. Je songeais à un jeu qui n'avait rien à voir avec Left 4 Dead. Je me rappelais Minecraft.
On pense au génial Helldivers, mais à un Helldivers plus fébrile encore.
Cavités d'honneur. Or, plus que Left 4 Dead, c'est Minecraft que Deep Rock Galactic évoque avec insistance. Après tout, on y incarne un nain qui doit explorer un réseau souterrain avec son équipe. L'objectif ne varie pas beaucoup selon les missions (générées procéduralement) : il faut trouver et miner une grande quantité d'un minerai donné, puis le ramener sain et sauf jusqu'au point de départ où une fusée permet de s'extraire de la grotte. Ne vous laissez pas abuser : derrière ce concept simplissime, il y a toutes les sensations que la spéléo de Minecraft était capable de provoquer même au bout de trois mille heures de jeu. Surtout que Deep Rock Galactic soigne particulièrement tout ce qui concerne l'exploration : au lieu de bêtes torches, nos nains du futur peuvent lancer des fusées éclairantes, qui forment d'élégants arcs de cercle en tombant au fond des ravins ou en illuminant fugitivement une voûte trop haute. Le terrain, lui aussi, est loin du voxel grossier de Minecraft : sans briller par son originalité, le style low poly se prête merveilleusement bien aux cristaux saillants, à l'univers minéral abrupt et aux décors entièrement destructibles. J'aurais d'ailleurs aimé que le terrain soit plus accidenté, avec des failles immenses et des cheminées naturelles, histoire d'allonger la durée de vie du jeu, qui me paraît réduite. Au-delà d'une quinzaine d'heures, une certaine répétitivité du relief se fait sentir. Cela aurait surtout permis d'avoir un besoin encore plus impérieux de coopération entre les différents spécialistes du groupe. En multi, les quatre nains (ou l'unique nain d'une partie solo) appartiennent chacun à une classe différente et disposent tous d'un grappin, d'un lance-plateformes ou d'une tyrolienne portative qui permettent de contourner les obstacles lorsqu'on les combine avec sang-froid.
La nainfanterie mobile. Coïncidence ? Dans Deep Rock Galactic, le sang-froid est justement la plus rare des ressources. Des araignées géantes et des monstres caparaçonnés hantent les cavernes et fondent parfois sur les mineurs en formant des vagues de plus en plus violentes. Quand les tirs qui blessent les alliés et les capsules de munitions qui arrivent en sifflant depuis la surface ne suffisent pas à créer le chaos, des volcans souterrains ou des créatures cracheuses d'acide se chargent de transformer l'opération de minage en piège mortel. Dans ces cas-là, on pense au génial Helldivers, mais à un Helldivers plus fébrile encore, où l'ingénieur pose ses tourelles de défense devant l'artilleur, occupé à mitrailler avec sa gatling un ver menaçant qui rampe au plafond, et où le nain éclaireur peut décider de sauver sa propre vie et d'abandonner ses copains grâce à un grappin tiré in extremis. Non, Deep Rock Galactic n'a pas grand-chose à voir avec un Left 4 Dead. Ou alors ce serait un Left 4 Dead amélioré, avec une logistique de minage, des classes de perso bien différenciées et de la progression permanente – puisque les minéraux rapatriés et les points d'expérience engrangés permettent d'améliorer l'équipement de chaque nain. Entre les zombies qui mordent et la pioche qui fouille la terre meuble, j'ai choisi. Ce soir, vous savez où je me trouverai : à six cents mètres de profondeur.