J'aime Secrets d'Histoire et je n'ai plus envie de me cacher. Oui, il y a Stéphane Bern et son sourire de psychopathe royaliste. Oui, les sujets sont racoleurs, et ça parle plus souvent des galipettes de vieux souverains lubriques que de géopolitique médiévale. Oui, c'est du documentaire historique destiné au public de Voici et Gala.
Vous n'imaginez pas la joie qu'est la mienne de travailler à la rédaction de Canard PC. Quel autre magazine de jeu vidéo m'autoriserait en effet à écrire un papier de deux pages consacré aux plantes vertes ? J'en frétille sur mon fauteuil. J'ai rarement eu l'occasion, dans ma carrière, de pouvoir être aussi utile aux lecteurs et aux lectrices.
Hier, j'étais tranquillement en train de chasser des élans à la grenade. Tandis que je dépeçais ma première proie, je me suis fait attaquer par une meute de fétus humains difformes. Je les ai éventrés à la hache. En revenant, je suis tombé sur un village d'autochtones. J'ai tué tout le monde à coups de fusil à pompe avant de brûler les cadavres, juste pour le fun. Parfois, je me demande si je suis vraiment, comme je l'ai écrit sur mon profil Tinder, une belle personne.
Il y a quelques semaines, je vous racontais comment couper la musique dans les jeux vidéo m'avait permis de découvrir un monde nouveau, celui des bruits d'ambiance et de l'immersion totale. Mais je sentais que je n'étais pas encore au bout de ma quête. Pour aller plus loin, je ne devais pas seulement couper la musique. Je devais aussi éteindre l'écran.
Je vais vous parler d'un moment charnière de l'histoire technologique de la France. D'une croisée des chemins où notre beau pays aurait pu prendre une décision qui aurait peut-être changé son destin économique. Et aussi, probablement, mon destin vidéoludique.
J'ai fait le calcul : cela fait plus de 100 millions de secondes que j'attendais Kerbal Space Program 2. Annoncé à l'origine pour début 2020 (quel optimisme, quand on y repense), le jeu a été maintes fois retardé, me plongeant à chaque fois dans ce que le corps médical a fini par appeler une PKDD (Post Kerbal Delay Depression).
Company of Heroes, c'était « de la grosse balle », comme on disait à l'époque. Un STR incroyablement innovant, à la réalisation impressionnante, qui confirma que le studio canadien Relic, après leur fantastique Homeworld, était devenu un grand maître du genre. Mais Company of Heroes, c'était il y a 17 ans.
Bétonner de la planète vierge, c'est à la mode. Entre Surviving Mars, Satisfactory ou encore Per Aspera, j'ai commis assez de crimes écologiques extraterrestres pour que Greta Thunberg vienne personnellement me tabasser. Et Plan B : Terraform va encore plus loin : j'y ai vu des embouteillages de poids lourds dignes d'une journée rouge de Bison Futé.
Alors que j'entame ce qui sera probablement la dernière moitié de mon existence, je n'ai plus la force de mentir. Je ne veux plus me dissimuler sous le masque de la respectabilité, me contorsionner pour rentrer dans les bonnes cases. Je suis, en toute objectivité, un monstre. Un déviant. Un scélérat qui n'a pas sa place dans la société et encore moins dans Canard PC. Oui, je vous l'avoue aujourd'hui : je désactive systématiquement la musique dans mes jeux vidéo.