Avant Dusk, comme cet abruti de Jon Snow qui a réussi à partir se faire dépuceler au pôle Nord sans se déprendre une seule seconde de son regard de chien éclopé, je ne savais rien. Quand on me demandait ce qui faisait un bon jeu rétro, je répondais, tel Saint Augustin qui doit expliquer ce qu'est le temps : « Ben, euh, chais pas... vas-y tu fais iéch avec tes questions là. »Note : 1 Ou bien, comme les Inconnus quand on leur demande la différence entre un bon et un mauvais chasseur : « Ben, euh, dans un bon jeu rétro, tu vois un tas de gros pixels, tu tires. Dans un mauvais jeu rétro... » Mais aujourd'hui c'est différent. J'ai joué à Dusk, j'ai connu l'illumination, je sais. Un mauvais jeu rétro, c'est un jeu qui connaît suffisamment bien les attentes du joueur pour les satisfaire. Un bon jeu rétro, c'est un jeu qui connaît suffisamment bien les attentes du joueur pour les décevoir.
Note 1 : Mes Confessions à ta reum, Saint Augustin, éditions POUF.
Il arrive, de temps en temps, que les jeux qu'on reçoit soient accompagnés d'un accord de confidentialité à signer. Un « non disclosure agreement » (NDA), comme on dit dans les pays où ce type de document a valeur légale. En général on les signe, par politesse et parce que les souhaits de l'éditeur sont plutôt sensés – par exemple, ne pas évoquer, dans un « à venir » sur un jeu qui sortira dans plusieurs mois, la mission où, spoiler warning, la princesse tombe amoureuse du crapaud. Tout ça pour dire que, quand Just Cause 4 est arrivé accompagné d'un petit mot nous enjoignant à ne rien révéler des deux premières heures de jeu, pour la première fois, j'ai eu envie d'y jouer : que pouvait-il bien se passer de si important au début de Just Cause 4, nouvel épisode d'une série dont le scénario entier tiendrait sur un demi-timbre-poste ?
Développez couché est le cours de programmation de Canard PC. Cette année, on programme un FPS en C#. Vous avez raté les épisodes précédents ? Aucun problème ! Rendez-vous sur notre forum (cpc.cx/canardsteinforum) pour récupérer tout ce que vous avez manqué.
Il y a bien des raisons d'écrire un « rétro ». On peut vouloir parler d'un jeu auquel tout le monde a joué – auquel cas le véritable sujet de l'article n'est pas le jeu, mais les souvenirs que l'auteur et les lecteurs en partagent. Ou bien avoir envie de reparler d'une pépite oubliée, titre extraordinaire mais peu connu, pour le faire découvrir à ceux qui ont eu la malchance de passer à côté. Ou encore de se livrer à un peu d'archéologie, en évoquant un titre médiocre dont l'importance dans l'histoire du jeu vidéo a pourtant été cruciale : l'ancêtre d'un genre, le jeu oublié dont s'est inspiré un descendant plus célèbre. Mais à quoi bon évoquer un jeu comme Dungeon Hack, à la fois raté, méconnu et dénué de la moindre influence sur les titres qui l'ont suivi ? Eh bien, parce qu'en matière de jeu vidéo comme de recherche médicale, examiner un organisme défectueux permet d'en apprendre beaucoup sur le fonctionnement des corps sains.
Polypes partout, justesse nulle part. C'est là le grand paradoxe de Lovecraft : alors que son imaginaire est omniprésent dans la culture populaire, que la tronche tentaculée de Cthulhu orne plus de mugs et de T-shirts que celle de Mickey Mouse, que nombre d'œuvres font référence de façon plus ou moins discrète au Mythe, personne ou presque n'ose se lancer dans une authentique adaptation de l'œuvre du déconneur de Providence. C'est vrai au cinéma (on espère toujours que Guillermo del Toro nous vengera un jour des nanars lubriques de Stuart GordonNote : 1), ça l'est aussi dans le jeu vidéo. Alors, quand débarque Call of Cthulhu: The Official Video Game, treize ans après Dark Corners of the Earth – et plus de quatre après la première annonce de son développementNote : 2 –, les attentes sont fortes et la barre placée très haut.
Note 1 : Regardez quand même son Dagon si vous en avez l'occasion. Il a beau être aussi mal joué que filmé, l'ambiance est réussie et, pour une fois l'obsession de Gordon à vouloir glisser du cul partout s'intègre bien dans le scénario, Le Cauchemar d'Innsmouth traitant de contamination et d'hérédité.
Note 2 : Par Frogwares, Cyanide ayant repris le bébé en cours de route.
Lorsqu'on évoque les jeux d'aventure Lucasarts des années 1990, nous viennent alors à l'esprit ces dessins animés interactifs qu'étaient les Monkey Island, Day of the Tentacle, Full Throttle, Sam & Max Hit the Road... Pourtant, avant même le tournant du sérieux pris au milieu des 90's (on pense notamment à The Dig, sorti en 95), le studio s'était déjà essayé à des aventures plus « adultes » avec Indiana Jones et le mystère de l'Atlantide Note : 1, l'un des jeux d'aventure les plus ambitieux et les plus érudits jamais sortis.
Note 1 : Indiana Jones and the Fate of Atlantis en VO.
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On se fait des idées sur les bardes. On imagine des types romantiques, avec de longues toisons bouclées, qui chantent de magnifiques odes à de puissants guerriers et aux genius loci des terres où ils guerroient ; ou bien des sorciers-poètes, qui savent les liens intimes qui unissent le langage, la musique et la magie. Alors qu'en fait, les bardes, 90 % du temps, devaient être de pauvres types avinés beuglant approximativement des chansons bancales qui auraient eu un certain charme s'ils n'avaient pas saccagé la moitié des parolesNote : 1 en s'arrêtant régulièrement pour boire un coup de gnôle et manger un bout de pain en mâchant bruyamment. Autant de points communs avec The Bard's Tale IV.
Note 1 : On appelle ça « une culture de tradition orale ».
« Attention, ce n'est pas un jeu pour stoners ! Il y a un vrai propos politique, on y parle des conséquences économiques et sociales de la prohibition et de la dépénalisation du cannabis ! » L'insistance des développeurs, alors que la présentation n'a pas encore commencé, a quelque chose de suspect. Je sais pas moi, quand on va voir un Call of Duty, les développeurs ne commencent pas par expliquer que ce n'est pas un jeu pour les gens qui aiment tirer au M4 et par vanter la profondeur de l'analyse géopolitique du scénario. Et quand il nous montre un Assassin's Creed, Ubisoft ne prétend pas que ce n'est pas pour les amateurs d'aventure et que ce qui compte avant tout c'est la fidélité des décors... Euh, non, attendez, mauvais exemple.