Call of Cthulhu
L’Appel et la bête
Il y a un an, Focus annonçait le développement de Call of Cthulhu, jeu officiel du jeu de rôle du même nom, dira-t-on pour faire simple. Précisément 345 jours plus tard, le jeu du studio Cyanide se dévoile un peu plus. Un tout petit poil plus, mais surtout pas trop, à la manière d'un lent effeuillage de cabaret qui se terminerait bien au-delà de l'âge de la retraite de la danseuse.
Par Guy Moquette | le 2 février 2017
Il y a quelque chose d'étonnant dans cette manie de vouloir tirer de son sommeil un céphalopode géant et chafouin, alors qu'il est tranquillement en train de rêver et n'emmerde personne. C'est pourtant, une fois de plus, l'idée qui s'est ancrée dans l'esprit de quelques doux dingues de la Nouvelle-Angleterre qui ont clairement trop de temps libre. Naturellement, ce n'est pas pour troubler leurs projets qu’Edward Pierce s'est rendu sur cette petite île de Dark Water. Non, comme toute histoire lovecraftienne qui se respecte, le détective privé n'était là au départ que pour un motif anodin ou presque : enquêter sur un incendie dans lequel toute une famille a perdu la vie. Mélange de RPG, d'exploration et d'enquête, Call of Cthulhu n’accepte de se faire papouiller pour le moment que par un de ses maîtres de Cyanide. C'est donc le séant calé dans un fauteuil et les mains dans les poches que la presse a pu voir le détective faire ses premiers pas dans une vraie séquence de jeu. Le voir inspecter les tombes des victimes, constater l'absence de fleurs sur celle du patriarche et déduire qu'il ne devait pas être très apprécié (hop, démonstration du système de collecte d'indices ? Check !) calmer un excité armé d'une hache qui monte la garde devant la demeure (dialogues et options d'intimidation/persuasion ? Check !) et le convaincre de lui ouvrir la porte (utilisation d'un indice pour débloquer une ligne dialogue spécial ? Check !).
Un gameplay Profond ? Briquet en main, l’homme explore les lieux. Ici, une bouteille d’essence pour refaire le plein du briquet. Là-bas, un objet du décor sur lequel il est possible de tenter un jet de compétence (de psychologie en l’occurrence, sur un tableau familial) pour ajouter un nouvel indice à la liste. Une rencontre avec un vagabond dimensionnelNote : 1 et une traque aux accents d’Alien : Isolation plus tard, Pierce tente de se cacher dans une armoire. Sa claustrophobie (feuille de perso et afflictions mentales ? Check !) le force à s’en extraire rapidement, il évite de trop regarder la créature car sa santé mentale en pâtit et tente de se saisir d’une dague bizarre, des fois que… Des fois que rien du tout, car le vagabond lui tombe dessus, game over. À ce stade, on aimerait être rassuré quant au risque que Call of Cthulhu se révèle un peu trop linéaire, ou que ses mécaniques d’investigation soient trop simples ou assistées – bien que les développeurs précisent qu’il sera possible de faire des déductions erronées – mais il est encore trop tôt pour cela. Pour autant, rien que pour l’ambiance et l’histoire concoctée par Mark Morrison, un vétéran de l’écriture de bouquins de scénarios du jeu de rôles, on reste curieux, limite même un peu impatient.
Note 1 : Si vous vous demandez, non, ce n’est pas un type qui tend le bras à travers un portail magique pour demander une petite pièce ou un ticket resto.