L'Humanité a besoin d'un bon jeu de construction-gestion d'aéroport. On n'a rien connu de notable dans cette catégorie depuis les Airport Tycoon du début des années 2000. Excité, le cœur léger, le clic joyeux, je me suis donc précipité sur l'accès anticipé de SimAirport avec l'espoir d'y noyer quelques dizaines d'heures. Le concept est excitant pour un bâtisseur virtuel : sur un terrain vierge, faire sortir de terre un aéroport entier, avec tous les problèmes que cela peut engendrer en matière d'organisation de l'espace. On prévoit d'abord un secteur pour accueillir les passagers et leur permettre d'enregistrer leurs bagages. Puis un point de contrôle avec détecteur de métal et palpations perverses – c'est toujours ma partie favorite lorsque je pars en voyage, pour des raisons que ma psychanalyste et moi tentons d'élucider depuis 180 séances. Ensuite, le troupeau des voyageurs doit être dirigé vers les zones d'embarquement, avec leur océan de sièges. Enfin, on fait monter tout ce petit monde à bord puis regarde l'avion parcourir les taxiways jusqu'à la piste d'envol. C'est un beau bordel à organiser.
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SimAirport
Gestion aéroportuaire en Orly Access
La première fois que j'ai joué à Prison Architect, je me suis dit que le concept pourrait facilement être transposé à un aéroport. Alors bien sûr, j'ai lancé Unity et Visual Studio pour commencer à programmer ce jeu. Puis je me suis rendu compte, au bout d'exactement sept minutes d'effort, que je préférais bouffer des pizzas en regardant des séries américaines plutôt que de faire quelque chose de productif de mon temps libre. Heureusement, il existe sur terre des gens bien plus travailleurs que moi, et ils ont donné naissance à SimAirport.
Fermeture des portes, armement des toboggans. SimAirport, on l'a dit plus haut, peut tout à fait être décrit comme un Prison Architect aéroportuaire. De la même façon que dans le blockbuster d'Introversion, vous disposez d'une armée d'ouvriers prête à bâtir les fondations, les murs et les sols que vous tracez d'un ample mouvement de souris. Ensuite, à la place des prisonniers, ce sont des centaines de passagers qui sont déversés par les bus depuis une zone drop off située devant le bâtiment. Les voir débouler dans l'aérogare par grappes de douze et se précipiter sur les comptoirs d'enregistrement a quelque chose d'hypnotique. Pour l'instant, ça n'est pas encore trop complexe. En démarrant sur une carte vierge, il m'a fallu environ trente minutes pour disposer d'un petit aéroport fonctionnel, avec tapis roulant pour la gestion des bagages, des toilettes pour ne pas que les passagers fassent caca derrière les plantes vertes et même un joli petit café servant boissons et snacks à des prix honteux.
Le rival en bout de piste SimAirport est le premier à débarquer en accès anticipé, mais un concurrent sérieux se prépare lui aussi à sortir les trains d'atterrissage. Greenlighté sur Steam l'année dernière, Airport CEO est développé par des indés suédois, Apoapsis Studios, et propose de faire exactement la même chose. Vous avez une grande carte 2D, des petits ouvriers pour construire des bâtiments, et il faut bâtir un aéroport fonctionnel avec piste, taxiways, porte d'embarquement, contrôle des bagages, installation des files d'attente... Airport CEO a un look un peu plus sérieux que SimAirport, une direction artistique beaucoup moins cartoon, des couleurs plus réalistes et une interface semblant un peu plus fonctionnelle. Les développeurs viennent tout juste de publier une vidéo de 40 minutes (http://cpc.cx/iPD) qui confirme bien que les deux jeux auront exactement le même gameplay – d'un autre côté, il n'y a pas non plus 36 façons de simuler le fonctionnement d'un aéroport. Si les développeurs s'en tiennent au planning qu'ils annoncent, une première version jouable devrait être disponible dans les prochaines semaines.
Le vol à destination de Montargis est retardé. Bien sûr, un simulateur d'aéroport à bâtir soi-même, c'est forcément fun. Ça m'a distrait quelques heures. Mais pour reprendre une expression du sémillant Pipomantis, caution fluo-kid 4chan de la rédac', cette version est « alpha as fuck ». Il est normal qu'un jeu en accès anticipé pose quelques soucis, mais dans le cas de SimAirport, ça vous détruit l'envie de construire. Dès que vous aurez trois ou quatre salles d'embarquement (et donc parfois 300 ou 400 passagers à l'écran), l'affichage chute sous les 20 FPS, quand il ne s'immobilise pas carrément toutes les deux secondes. Bien sûr, la partie budgétaire n'est pas équilibrée (vous jouerez en fait avec du pognon infini), l'interface n'est pas pratique, certains objets ne semblent pas encore actifs (comme les kiosques à tickets ou les distributeurs de billets de banque) et il manque encore des tas d'informations à l'écran pour comprendre ce qui se passe quand tous les passagers de l'aéroport décident de crier « argh » en même temps (oui, ils font ça...) et retournent dans le bus. Totalement injouable le 7 mars, date de sa parution, SimAirport a été agressivement patché par ses développeurs, mais quinze jours plus tard, il reste encore bien bancal. Laissons à ce produit le temps d'arriver à maturité, telle une vieille meule de parmesan dans une cave italienne.