Sortir un jeu Build engine en 2018, fût-ce un jeu utilisant une version améliorée du moteur, soyons honnêtes, fallait oser. Rappelons aux plus jeunes que le Build engine, moteur 3D créé par un petit génie du nom de Ken Silverman, a connu son heure de gloire entre 1995 et 1997, années durant lesquelles il a été utilisé par les plus grands FPS, de Duke Nukem 3D à Blood en passant par Shadow Warrior. Mais voilà, c'était il y a 23 ans. Depuis, des générations de cartes 3D ont coulé sous les ponts et, à part la promesse d'un vague trip nostalgique et de nourrir la famille de Scott Miller (co-créateur de Duke Nukem 3D et fondateur de 3D Realms, qui édite le jeu), on ne voyait pas trop ce qu'Ion Maiden aurait à proposer.
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Ion Maiden
Maiden 2018
Je viens juste d'ouvrir mon traitement de texte et déjà je sue à grosses gouttes, terrifié devant l'épreuve qui m'attend. En même temps, ça nous pendait au nez depuis longtemps, il fallait bien que ça finisse par arriver. Le pire cauchemar du plumitif de jeu vidéo : le jeu dont le titre contient un calembour parfait, meilleur que tous ceux qu'on pourrait imaginer. Ion Maiden, sans déconner... Rien que pour ça, le jeu de Voidpoint méritait d'être salué. D'ailleurs, avant d'y jouer, je ne m'attendais pas à lui trouver beaucoup d'autres qualités.
Ion, like a lion in Zion. Pourtant, sitôt entamé « Crisis in Columbia » (le seul épisode actuellement disponible, qui ne compte lui-même que deux cartes pour le moment), on comprend que l'équipe de Voidpoint n'est pas qu'une bande de tâcherons venue tondre les trentenaires nostalgiques. Les explosions, le tremblement de terre, l'effondrement du hangar... Tout, dans les premières secondes de la première scène, sent le Duke Nukem à plein nez, ce qui n'est pas très étonnant : l'héroïne de Ion Maiden, Bombshell, devait à l'origine accompagner le grand blond dans Duke Nukem Forever avant d'être coupée au montage durant les huit siècles qu'a duré le développement. Quand arrivent les premiers méchants, sortes de cultistes cyberpunk encapuchonnés, c'est le miracle. De l'énorme revolver avec lequel on commence la partie au fusil à pompe (l'un des plus agréables qu'il m'ait été donné d'entendre), le feeling des armes est extraordinaire. Les combats sont rapides, violents et difficiles, les ennemis tombent en une ou deux balles, il faut attendre la fin de la deuxième carte pour croiser quelques méchants un peu plus résistants et se souvenir du plus gros défaut de Duke Nukem : la tendance des bad guys à encaisser un peu trop de coups avant de lâcher l'affaire. Mais je pinaille. Ion Maiden est un excellent FPS rétro, qui sait innover tout en restant fidèle à ce qui faisait le charme des jeux dont il s'inspire. Seules les brusques et incompréhensibles chutes de frame rate, ainsi que le très faible nombre de niveaux de cet accès anticipé, m'incitent à vous recommander d'attendre un peu.