Je vous le dis sans trembler : Nantes est la capitale de la Bretagne. Et vous pouvez bien plastiquer mon domicile, m'envoyer des bigoudènes ou des courriers anonymes remplis d’huîtres de Cancale, d'andouillettes de Guémené et autres immondices. J’irai le crier sur la scène de chaque fest-noz, sur le sol boueux de chaque rave. Vos binious ne me feront pas taire. Millennia m’a décomplexé.
Rien ne va plus dans le monde. Les portails interdimensionnels qui maintenaient l’univers en place se sont effondrés. Comme le salon de ma sœur. Derrière le coup de masse de trop, résonne encore le « T'inquiète chérie, c’est pas un mur porteur » de feu mon beau-frère.
Mon arrière-grand-père était menuisier. Il a fabriqué des choses qui, des décennies après sa mort, sont en meilleur état que n’importe quelle étagère IKEA (neuve). Si j’aime m’abandonner à des jeux de construction de cabanes, c’est pour compenser à son regard céleste le fait que je ne sache strictement rien faire de mes mains. Du moins, c’est ce que m’a dit mon docteur en psychogénéalogie, avant de me demander 80 euros (en espèces, tu comprends, c’est plus simple).
Novembre 2002. Deux jeux de plateforme-aventure sortent, pour une place sous le sapin des possesseurs de PlayStation 2. Les Américains d’Insomniac Games, bien connus pour Spyro the Dragon, dégainent Ratchet and Clank. Les Anglais de Traveller’s Tale, (moins) connus pour leurs adaptations de licences Disney ou du jeu télévisé Le Maillon Faible, sortent Haven : Call of the King. Grâce au choix malheureux de mon père au Super U, j’ai l’histoire cocasse d’un bide vidéoludique à vous raconter.
Clic. F12. F12. Clic. F12. F12. Après deux heures devant Avatar : Frontiers of Pandora, j’avais assez de captures d’écran pour garnir votre média spécialisé préféré d’un diaporama à couper le souffle. Mais, malheureusement pour le jeu, vous payez pour lire des mots.
Je viens de hacher une cinquantaine de terroristes russes à la mitrailleuse lourde. Les murs sont repeints du sang des corps anonymes qui jonchent le lino. Complètement désinhibé par la facilité déconcertante du métier de soldat, je dégaine le lance-grenades dans les étroits couloirs. BOUM. BOUM. HAHI-HAHI. Emporté par la fougue, je cause ma propre mort. Fondu au noir. Et j’explose, de rire cette fois, lorsque la citation qui perce l’écran du game over atteint ma rétine :
Invoqué par de viles âmes rongées par la corruption et le péché, Adyr le démon est de retour pour ravager les terres de Mournstead. Pour refouler cette fange diabolique, faire bouffer aux dévots du Malin leur exemplaire dédicacé du Temps des tempêtes, un héros se dresse. Sa Sainteté Jean-Paul II, descendu du carré or du paradis dans une papacalèche tractée par cent poneys Shetland ailés. Rencontre.
Sur ses photos, Jagged Alliance 3 ressemblait aux jeux tactiques que j’aime bien. Je l’attendais donc avec mes souliers du dimanche, la raie bien peignée sur le côté. J'ai reçu un direct dans le nez, suivi d’une balayette. Au sol, alors que je perdais connaissance au son d’un crachat, ma dernière vision fut un ennemi dénué de barre de vie.
Après les samouraïs (Shadow Tactics) et les cow-boys (Desperados 3), Mimimi Games aurait pu facilement embrayer sur d’autres civilisations tout aussi sérieuses et populaires : les Vikings, la Rome ou l’Égypte antique, le Puy du Fou. Mais nos joyeux lurons allemands ont opté pour une ambiance Pirates des Caraïbes, magie et humour inclus. Alors : jambe de bois ou poulie d’or ?
