Voilà le genre de dilemmes sans queue ni tête que nous propose de résoudre Culte. À la tête d'une secte vouée à une obscure divinité, vous devez imposer votre croyance en accumulant cinq autels, quatre foules de fanatiques ou, pour les amateurs de grands spectacles, en invoquant deux fois votre dieu. Pour cela, les joueurs vont donc déposer tour à tour leurs prêtres sur les différents lieux de la ville, en sachant que chaque cureton vaut entre un et cinq points d'influenceNote : 1 et qu'il faut naturellement être majoritaire sur un lieu pour bénéficier de son effet. Petit à petit, chacun va alors progresser en créant des moteurs de ressources et Culte se dévoile comme un jeu certes simple à comprendre, mais où il n'est pas rare de calculer deux ou trois coups d'avance. Or, pour chaque sac de ciment acheté pour construire nos usines de ressources, un bazooka est offert pour tirer sur celles de l'adversaire. Oui, je sais. Il n'y a pas de bazookas ni d'usines dans le jeu. Mais ne commencez pas à critiquer mes analogies, ou on ne va jamais s'en sortir.
Note 1 : Voire bien plus pour la figurine du patriarche, dont la puissance totale est influencée par la réserve de disciples du joueur et quelques cartes, mais inutile de trop rentrer dans les détails.
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Culte
Au régime secte
« À votre avis, c'est qui le plus fort, Cthulhu ou Anubis ? Non parce que Cthulhu est quand même très très fort.
– Vraiment, t'es sûr que Cthulhu il est plus fort que Anubis ?
– J'en suis certain : j'ai lu un livre là-dessus y a pas longtemps et les mecs expliquaient qu'en fait, c'est parce que toute sa force est concentrée dans ses tentacules.
– Bon c'est pas bientôt fini vos conneries ? Y en a qui voudraient bien jouer. »
La tête dans le culte. Soyons clairs : Culte est un jeu trop long. Pas long comme un titre qui se révèle lentement jusqu'à son inévitable conclusion, mais plutôt comme quelqu'un qui essaye de monter un château de cartes avec un abruti qui ouvre la fenêtre toutes les cinq minutesNote : 2. Car bien que construit autour de l'accumulation des ressources, Culte est aussi un jeu d’affrontement avec des cartes à utiliser contre nos adversaires, sans parler des pouvoirs de chaque divinité qui peuvent se déclencher en sacrifiant quelques trucs. Pris individuellement, chaque effet n'est pas très puissant mais leur utilisation est si fréquente que le moindre concurrent un peu en tête est immédiatement renvoyé dans les cordes par une pluie d'attaques. Ainsi, les tours s'accumulent et le gagnant apparaît au prix d'une lutte acharnée, en laissant l'étrange impression d'être passé entre les gouttes sur un coup de bol. Dommage, car entre les pouvoirs des cartes, lieux et dieux, le titre de Konstantin Seleznev n'en reste pas moins touffu et devrait offrir beaucoup à celles et ceux qui sauront le raffiner au fil de leurs parties. Mais encore faut-il en avoir la patience.
Note 2 : J'avais également une comparaison à base de changement de main et de crampes dans les bras, mais on m'a fait comprendre que ce journal a trop de classe pour ça.