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Genre : course, baston
Créateurs : Dave Chalker, Noah Cohen, Rob Daviau, Justin D. Jacobson
Illustrateurs : Marie Bergeron, Garrett Kaida
Éditeurs : Lucky Ducks Games (VF), Restoration Games (VO)
Nombre de joueurs : 2 à 5
Nombre de joueurs optimal : 3
Durée : 45 minutes
Complexité : accessible
Surface de jeu recommandée : table du salon (la longue, celle pour les réceptions)
Prix : 140 €, à peine le prix d’un carburateur neuf
Cette course en ligne avec des petits bolides est-elle agressive ? Dites-vous que l’élimination d’un joueur et de ses trois voitures est ici une condition de début de fin de partie, un simple déclencheur de derniers tours, ça répond à votre question ?

La place du mort

Pour gagner, il faut donc survivre, de préférence jusqu’à la ligne d’arrivée – même si c’est totalement optionnel –, les départs se font comme des moutons de Panurge, mais, très vite, les rangs s’éclaircissent et en cinq minutes, on devient des moutons de méchouis, résolus à cramer. Et tout se fait avec quatre dés à assigner chaque tour. Un pour chaque véhicule de sa couleur (un petit, un moyen et un gros), le dernier servant à activer un bonus sur son plateau (réparer, pouvoir spécial, boost, etc.).

Dans un jeu, on aime souvent l’aspect planification, calcul (sans que cela nécessite forcément de se faire des nœuds au cortex), pour ensuite, constater si les dominos des conséquences tombent comme anticipés. Pas dans Thunder Road Vendetta, où chaque impact se règle avec un système de dé pour savoir qui est éjecté, et vers où. Vous ne planifiez rien, vous tapez dans le tas et constatez avec bonheur les suites de vos actes. Comme un démiurge fou, vous mettez en mouvement et… à la grâce de Dieu !

Chromé argent

Bien sûr, un gros véhicule a une relance possible contre un petit, et pour les tirs de mitrailleuses, les buggy sont moins facilement touchés (moins de faces de dés les ciblant), mais ce ne sont que les mitigations de la sacro-sainte « Grosse chagatte », et c’est très bien ainsi.

« Mais oui, je te pousse sur une flaque d’huile, tu tamponnes le troisième joueur, qui t’éjecte à ton tour vers l’avant. Tu prends la tête et arrives… pile dans mon viseur, je tire. J’avais tout prévu, bien entendu. » Grâce aux antiquaires de Restoration Games, j’irais presque jusqu’à dire que vous avez là la version Kickstarter d’un jeu d’ambiance. Cent cinquante balles de figouzes et plateaux dans le seul et unique but de passer une soirée à se marrer comme des baleines, à oublier les soucis et la raison, à taper dans le tas pour voir ce qui se produit. C’est un concept, je ne peux que le valider malgré le coût prohibitif.

Je te survivrai

Parlons aux vieux pistons du groupe : si ça vous dit quelque chose, c’est normal. Restoration Games ne choisissant ses jeux édités qu’en modernisant des vieilleries pour les remettre au goût du jour (Return to Dark Tower, Unmatched, etc.). Il s’agit bien de ce jeu MB qui égayait les dimanches pluvieux, Le Survivant. Pendant que papa réparait la Citroën BX, vos copains et vous découvriez les concepts si adultes d’injustice, de violence, de nitro au dernier tour.

Le survivant (Image : MB)

C’est le jeu d’origine, mais surgonflé de tous les côtés, comme la voiture à Jacky.

Alesi sans hésiter

Heureusement, quitte à aller dans cette voie, ils ont suivi leur propre philosophie du « À fond où c’est nul », et ajouté des tonnes de petits modules plus fins à ajouter les uns que les autres : un joueur avec des motos, des dés pour gérer les incendies sur vos véhicules, des pilotes avec leur propres pouvoirs de plateau, pour remplacer ceux de base, des tonnes de merdouilles sur la route, un joueur qui joue un énorme camion en trois wagons, invulnérable aux obstacles et que tout le monde cherche à affaiblir pièce par pièce, etc.

Et, dans tout ce fatras, il reste une once de stratégie, une goutte d’essence logique dans le grand réservoir du bordel : l’échapper. Chaque fois que l’un de vos véhicules passe sur un nouveau tronçon de route, le tronçon le plus à gauche disparaît, avec toutes les voitures encore dessus. La prise de distance est donc une arme redoutable, et la bonne valeur de dé, combinée au bon effet de nitro au bon moment, peut vous permettre de prendre une avance considérable et dévastatrice. Elle vous rapproche de la ligne, oui, mais elle est surtout une usine à tabula rasa. Dans cette gestion du tempo des accélérations, il reste donc une petite étincelle de pilotage. Bon, bien sûr si un adversaire envoie son hélicoptère bombarder le toit ouvrant de vos espoirs, ça ne pèsera pas lourd.

La machine de Tuning

C’est le jeu d’origine, mais surgonflé de tous les côtés, comme la voiture à Jacky et ses dés en peluches qui ballottent telles... telles ce à quoi vous pensez, sous le zéphyr de la vitesse lorsqu’il passe la cinquième.

Comme lui, possesseur de cette énorme boîte, il est heureux, libre, s’esclaffe dans le vent, sans se soucier d’être ruiné et, finalement, de ne jamais utiliser sa matière grise au-delà du strict nécessaire.