Un beau matin de mai, Ron Gilbert, génial créateur de Maniac Mansion et Monkey Island, a décidé d’offrir au monde une petite aventure qui reprend exclusivement des éléments de son dernier jeu, Thimbleweed Park – auquel il n’est pas nécessaire d’avoir joué au préalable, mais auquel vous devriez sincèrement jouer si vous aimez les point and click, les énigmes et le simple fait de rire à gorge déployée. On y retrouve le personnage de Delores, qui revient dans sa ville natale paumée pour embrasser une brève carrière de photojournaliste.
Sur les deux mois qu’ont duré le confinement, le monde du jeu vidéo a été témoin de multiples rebondissements – l’Organisation mondiale de la santé s’est subitement mise à promouvoir les jeux comme outils de distanciation sociale, les ventes de consoles ont globalement explosé, tandis que des millions de joueurs d’Animal Crossing sombraient dans l’hystérie collective pour d’obscures histoires de navet. C’est aussi une période durant laquelle de nombreux événements physiques ont été annulés – aussi bien du côté des grands pontes de l’industrie que chez les particuliers. Pour apaiser leur frustration et leur sentiment de solitude, des joueurs ont choisi de reproduire des mariages, des cérémonies religieuses ou des anniversaires dans des environnements virtuels allant d’Apex Legends à Minecraft.
Vous êtes installé devant votre ordinateur, une bouteille de pinot noir à portée de main, quand un objet entre en collision avec votre jet privé. L’avion s’échoue dans l’océan Pacifique, mais vous parvenez à rejoindre l’île la plus proche. Vous voilà dans un sacré merdier, loin des petits conforts de votre vie passée. Vous oublierez très vite le goût du pinot noir, ses petites notes de fruits rouges, de sous-bois et de cuir, pour goûter aux plaisirs sommaires de la viande de crabe fraîche.
Le jour où j’ai lancé Streets of Rage 4, je n’avais aucune nostalgie à l’égard de la franchise (sans doute parce que j’avais entre deux et cinq ans lors de son âge d'or et que j’étais trop occupée à faire de la pâte à sel) et je n’étais pas spécialement d’humeur à me faire traîner dans la boue. C’est pourtant exactement ce qui m’est arrivé : pendant plusieurs heures, je me suis fait avilir par des policiers musculeux, des dominatrices à fouet et des motardes agiles sur fond de drum’n’bass et de dance des années 1980. Et puis j’ai appris à leur retourner le compliment.
Devotion est un jeu d’horreur indépendant taïwanais, où l'on incarne un scénariste sur le déclin qui enquête dans son appartement pour déterminer ce qui est arrivé à sa famille dans les années 1980. Sa femme est une ancienne chanteuse à succès, et sa fille est atteinte d’une maladie mystérieuse qui la contraint à rester à l’intérieur, loin de ses camarades de classe et de ses rêves de renommée internationale. Le souci, c’est que si vous ne possédez pas déjà ce jeu sorti en février 2019, vous ne pourrez peut-être jamais y jouer.
« Vous vous trouvez dans une ville que vous visitez pour la première fois, quand survient un gigantesque tremblement de terre. Comment vous sentez-vous ? À quoi pensez-vous ? Comment allez-vous réagir ? » Ce sont les premières questions posées par Disaster Report 4 : Summer Memories, dans lequel je m’imaginais déjà devoir faire des choix moraux complexes. Mais comme ce monde est cruel et décevant, l’une de mes premières missions s’est résumée à apporter du papier toilette à un type dans un magasin.
« Vous serez chargé(e) de jouer à Zelda sur Nintendo Switch sous l’autorité d’un supérieur tétraplégique. Vous serez globalement en autonomie (bien que scrupuleusement observé(e) à tout instant). Votre supérieur se permettra d’ingérer ponctuellement dans votre travail pour exprimer d’éventuelles envies de quêtes annexes. (…) D’éventuelles heures supplémentaires sont à prévoir en cas de boss récalcitrant. »
Confinement, jour 1. Cette nuit, Jill Valentine n’a pas trouvé le sommeil. Par la fenêtre de sa chambre, elle a regardé l’aube se lever sur les rues hostiles de Raccoon City. Le goudron étincelant, les vestiges des magasins en flammes, les corps en putréfaction. Depuis le début de l’épidémie, elle est cloîtrée au fin fond de sa chambre, dans l’appartement qu’elle rêve de quitter. Dans l’immeuble qui lui fait face, les boutons purulents de ses voisins infectés ont fleuri.