C’est en cherchant des idées sur Wikipédia que j’ai découvert que Franz Liszt, Pharell Williams et Thom Yorke étaient tous les trois des synesthètes confirmés, c’est-à-dire des gens chez qui certains sens se confondent, ce qui leur permet de voir les sons ou d’entendre les couleurs. Mais il y a différents types de synesthésie : Franz Liszt, par exemple, voyait la musique, alors que Thom Yorke et Pharell Williams, à l’inverse, entendent la couleur. Les Espagnols de Nomada Studio, quant à eux, perçoivent vraisemblablement les propositions de gameplay comme des couleurs.
Bon, c'est parti. Louis-Ferdinand Sébum est enfermé dans la cave. Les somnifères dans la pizza d'Ivan Le Fou font leur effet. La rédaction est fermée de l'intérieur et j'ai barricadé la porte. J'ai quelques minutes pour vous parler de jeux de skate, de la série des Tony Hawk, de la trahison d'Electronic Arts et de la promesse que représente ce Skater XL avant que quelqu'un ne vienne m'arrêter. J'entends qu'ils essayent de défoncer la porte. Ils crient : « Non, ne parle pas de ce jeu, c'est de la merde ! Tu es le seul à aimer ça ! » C'est trop tard. J'irai jusqu'au bout. Je suis déterminé.
La décence aurait voulu que, pour tester le nouveau Smash Bros., je passe plusieurs dizaines d’heures dans chacun de ses modes de jeu, que j’essaye un par un les 74 combattants, que je débloque les 1 200 esprits, les 103 niveaux, les trophées et autres succès, tout en vérifiant la finesse de l’équilibrage. Mais je n’ai pas fait ça. À la place, j’ai passé plusieurs heures coincé comme un lapin devant des phares d’une voiture dans le mode le plus anecdotique de la cartouche : le mode « musique », qui permet d’écouter en boucle les 800 titres qui composent sa bande originale.
Hades – « mais si, tu sais, c'est le nouveau jeu des mecs qui ont fait Bastion » – a fait naître en moi une question que, visiblement, je suis le seul à me poser au sein de la rédaction : à force de jouer, toute la journée, à des jeux vidéo, devient-on meilleur aux jeux vidéo, d'une manière générale ? Après avoir terminé tous les Dark Souls, est-on plus compétent dans Left for Dead ? Et surtout, si c'est le cas, pourquoi ai-je toujours l'impression d'être aussi nul ?
Darksiders 3 m'a rappelé ma dernière petite amie. On s'aimait bien, on passait du bon temps, on rigolait un peu mais, dans le fond, on savait bien qu'on n'était pas vraiment amoureux. On s'est quittés sans rancune, autour d'un café, en disant : « C'était sympa. » Avec le recul, j'ai eu l'impression d'avoir fait du camping sous la pluie : d'un côté, c'était dommage, toute cette pluie. De l'autre, c'était quand même chouette de faire du camping. Darksiders 3, c'est un peu ça : lui et moi, on ne se reproche presque rien. Simplement, on n'est pas amoureux.
Pourquoi est-ce que la fête de la musique ne tombe pas en janvier, le mois le plus nul de l'année ? Si Canard PC était président, comme Gérard Lenorman, jamais plus aucun enfant n'aurait de pensées tristes – ça, OK – et le mois de janvier n'existerait pas. Mais voilà : Canard PC n'est pas encore président. Alors, pour se consoler, on a pioché dans les gagnants de la Game Music Jam 2018 et tenté de dénicher quelques trucs, en espérant qu'ils permettent d'atteindre février sans trop forcer.
Au commencement était GTA IV. Et Rockstar dit : « Tes contrôles seront lourds, ton système de visée hasardeux et tu conduiras tes véhicules dans la douleur. » Et le peuple fut malheureux. Rockstar fit alors descendre Red Dead Redemption et GTA V sur la Terre, et les gens y jouèrent, car ces jeux étaient simples et drôles et maniables. Mais Rockstar n’était pas satisfait. Il vit que cela n’était pas bon. Du haut des cieux, sa voix résonna : « Voici que je vous livre Red Dead Redemption II et sa maniabilité atroce. Prenez et mangez-en tous, car de toute façon, vous n’aurez rien d’autre. » Et le peuple mangea. (Ezéchiel 4, 15-22)
