Le moins que l'on puisse dire, c'est que Dusk n'y va pas avec le dos de la cuillère à nostalgie2, et je ne fais pas seulement référence à l'écran de chargement qui imite le prompteur MS-DOS. Même le modèle de distribution fait dans l'antique. Dusk n'est pas un jeu en accès anticipé à proprement parler : en le précommandant sur Steam, vous gagnerez simplement accès au premier épisode (sur les trois que comptera le jeu entier) de dix niveaux, comme dans les versions shareware de notre jeunesse. Quant au jeu lui-même, mettons, pour faire bref, qu'il s'agit d'un croisement entre Quake (1996) et Blood (1997), avec une lichette de Hexen II (1997). Du jeu d'Id Software, Dusk a volé le style visuel, les traînées de particules carrées, les ennemis modélisés à la serpe. De celui de Monolith, l'ambiance « magie noire et film d'horreur de série Z ».
Note 2 : Comme nous l'apprend Nadine de Rothschild, la cuillère à nostalgie doit être placée entre le couteau à fromage et la fourchette à poisson.
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Dusk
Tronche de Quake
Comme je le disais lors de mon allocution annuelle aux membres du Poney Club de Neuilly-sur-Seine1, « c'est quand même triste d'être aussi réactionnaires à votre âge ». Mais le côté réac' de la jeunesse dorée n'est rien à côté de celui des joueurs, eux aussi vieux avant l'heure. Obsédés par le bon temps d'autrefois au point de faire passer Éric Zemmour pour un anarchiste révolutionnaire, ils recherchent désespérément leur enfance perdue dans les gros pixels de platformers old school ou les couloirs sinueux de jeux de tir à l'ancienne. Avec Dusk, ils seront comblés.
Note 1 : Elle a d'ailleurs provoqué un tel scandale que le jeune Jean-Charles de Margy-Beaumont en a avalé sa tétine.
Carmackgeddon. À de très rares concessions à la modernité près, telles que la possibilité de déplacer des objets (caisses à empiler pour atteindre des passages secrets, disques métalliques à jeter sur les ennemis pour économiser des munitions...), le gameplay reproduit fidèlement celui des shooters d'antan, et fonctionne aussi bien qu'à l'époque. Le héros se déplace très vite, les échanges de tirs sont violents, les ennemis assez variés pour entretenir l'intérêt du joueur durant l'heure et demie que dure ce premier épisode. Malheureusement, si Dusk a tout compris de ce qui faisait le charme des fusillades de Quake et consorts, il n'a pas su reproduire l'architecture brillante de leurs niveaux. Les siens vont du sympathique à l'impardonnable (suites de boyaux souterrains texturés à l'arrache, portes verrouillées par une clé rouge qui ne sont là que pour dissimuler la clé bleue...) et, à deux ou trois belles exceptions près, ressemblent aux bricolages peu inspirés que les fans de Doom bricolaient à la va-vite en 1995. Le mode endless, qui place le joueur face à des vagues de monstres de difficulté croissante, se contente lui aussi du minimum syndical : une seule arène dans laquelle toutes les armes du jeu sont fournies dès le début. Dans ces conditions, et malgré toutes les qualités de Dusk, difficile de vous encourager à claquer tout de suite 20 euros dans ce qui n'est en effet qu'une version shareware. Lesquelles, rappelons-le, étaient à l'époque distribuées gratuitement.
