Malheur ! L'infâme Bowser vient d'enlever la princesse Peach afin de l'épouser contre son gré. Pendant le rapt, la patibulaire tortue stéroïdée a aussi embarqué Tiara, la petite sœur de Cappy le chapeau magique. Et voilà pourquoi Mario, dans cette super odyssée, s'apprête à parcourir la planète tout en lançant un couvre-chef dans tous les sens. Si cela vous paraît n'en avoir aucun, sens, c'est que comme de tradition, la vraisemblance n'est pas le souci principal de Nintendo. Super Mario Odyssey (SMO) a d'autres préoccupations. La première, dans un ordre arbitraire qui n'a probablement rien à voir avec celui qui a présidé aux réunions de travail à Tokyo, c'est de tirer parti des possibilités de la nouvelle console modulable de Nintendo. S'il est possible de jouer à SMO avec une manette traditionnelle, ou avec l'écran de la Switch fermement ancré aux manettes, une utilisation de salon réveille le pouvoir gyroscopique des Joycon. Je m'en vais vous expliquer ça immédiatement.
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Super Mario Odyssey
Champi Chapo
Je les avais prévenus. Je veux bien aller voir Super Mario Odyssey, je leur ai dit, mais autant que ce soit clair les gars, on va me filer les contrôleurs bizarres de la Switch et je vais mourir en boucle jusqu'à la fin de la présentation. Vous me connaissez, je suis du genre à tourner la manette comme si c'était un volant, ça va être la fin de ma carrière professionnelle cette histoire. Et puis, arrivée chez Nintendo, on m'a effectivement confié des Joycon, mais on m'a dit de les secouer dans tous les sens et ça ne s'est pas si mal passé.
Fedora l'exploratrice. SMO tourne autour d'une activité principale : le jeté de casquette (qui n'est donc pas une simple casquette, mais une casquette fusionnée avec Cappy et ses pouvoirs magiques, c'est important pour la suite). Mario jette sa casquette sur les caisses pour les éventrer, sur les objets pour les utiliser et sur les ennemis pour leur faire du mal. Première astuce : l'individu muni de Joycon peut, plutôt que d'appuyer vulgairement sur le bouton destiné à lancer la casquette, donner un petit coup sec de poignet, latéral ou vertical, ce qui aura pour effet de balancer le chapeau comme un frisbee et de ressusciter les heures les plus sombres du motion gaming. Personnellement, mais il est ici l'heure de rappeler mon absence totale de maîtrise de ce genre de dispositif, tout particulièrement dans un jeu en 3D et en vue à la troisième personne, j'ai trouvé ça super difficile. En dehors d'un ou deux mouvements, qui m'ont semblé plus simples à réaliser au poignet, j'aurais tendance à me reposer sur les bons vieux boutons. Néanmoins, les gens expérimentés avaient l'air d'opter pour une approche mixte.
Charlotte d'assaut. Nous arrivons à la deuxième astuce de SMO. Que ce soit à la force du poignet ou à celle du bouton, vous allez jeter votre casquette-frisbee magique sur les ennemis. Pour une bonne part d'entre eux, cette interaction se révélera létale. Les tomates bouillantes du monde de la cuisine se transformeront par exemple en flaques de sauce, elles aussi bouillantes, les algues géantes du monde de la plage, ainsi arrachées, vous laisseront quelques secondes de répit avant de repousser. Mais parfois, la rencontre entre un ennemi et votre casquette produira un effet bien différent. Elle vous projettera dans le corps de l'ennemi. Vous assisterez alors à une chapitransformation. Exemple : un petit poulpe dans sa bulle d'eau s'amuse à vous cracher des litres de flotte au visage. Cela vous ennuie. Votre casquette balancée sur le petit poulpe vous projettera dans l'octopode pour vous métamorphoser en Mario-poulpe à moustache. Vous avez fusionné avec lui, vous pouvez désormais cracher des litres de flotte au visage d'autres ennemis, mais aussi vous servir de ces colonnes d'eau comme d'un puissant jet pack.
Bicorne d'abondance. Les chapitransformations donnent à ce SMO une bonne part de son charme. Comme l'aventure vous trimbale à travers des environnements variés (cette session de jeu m'a menée dans le monde de la cuisine et celui de la plage, mais le « Nintendo Direct » a montré aussi le pays de la forêt, celui des gratte-ciel, des sables, des chutes d'eau ou des neiges), vous y rencontrerez une faune riche de créatures. Chaque transformation vous apporte des pouvoirs différents : la boule de feu allume des flammes, la bulle d'eau éteint des incendies, les poissons nagent indéfiniment sous l'eau, les koopas troopas équipés de poêles à frire peuvent creuser dans les montagnes de fromage... Il vous reviendra d'utiliser ces propriétés extraordinaires dans deux grands types d'activité. L'exploration assidue des différents mondes d'abord. Vous y traquerez des pièces, qui servent à acheter des trucs, et des lunes, carburant pour lancer votre chapeau-montgolfière à la poursuite de Bowser (on a déjà parlé des problèmes de vraisemblance). Chaque monde cache plus de lunes que nécessaire, il ne devrait donc pas y avoir besoin d'être trop obsessionnel pour avancer dans l'histoire. L'exploration se mâtine parfois de petits puzzles ou de mini-jeux pas désagréables, pour ce qu'on en a vu. Une bonne partie de la réussite de cet opus tiendra à leur variété et leur fantaisie.
Sombre héros. L'autre grand chapitre, c'est la bagarre. En dehors des ennemis qui pullulent dans certaines zones (mais voyez ça comme un avantage, c'est l'occasion d'essayer de nouvelles chapitransformations), vous devrez affronter quantité de boss et de mini-boss. Pour certains, vous n'aurez pas le choix, et vous devrez vous contenter de votre casquette et de vos habits de Mario. Pour d'autres, à l’inverse, il vous faudra utiliser les ressources offertes par la faune locale. En tout cas, il s'agit de ne pas se laisser abuser par le scénario débilou et les animations trop mignonnes. Le monde se disloque, les paysages se transforment à mesure que vous avancez, des torrents de lave les traversent. Ce SMO est parti pour être brutal, et pour y survivre, il faudra être très en haut de forme.