My Time at Portia s’inscrit dans un héritage millénaire ou presque. Il enfile les charentaises rembourrées de ses prédécesseurs : Animal Crossing, Harvest Moon, Stardew Valley. Ainsi chaussé, il s’en va faire un tour dans un village de bord de mer où vous attendent une fermette en piètre état au pied des fortifications, des ruines à explorer à la recherche de minerais et d’artefacts anciens, une quantité impressionnante de voisins et de voisines et, peut-être, le titre de meilleur artisan. Conformément à ce que vous imaginez sans doute, il va vous falloir courir en vue à la troisième personne dans tous les sens pour couper du bois, fabriquer des outils, discuter avec les gens, leur offrir des cadeaux, améliorer votre établi, tuer des animaux mignons pour leur fourrure, cuisiner pour Untel, retrouver les affaires de Bidulette… Et vivre ainsi par procuration une vie parfaite et merveilleuse dans un univers aux couleurs douces où jamais la neige ne fond de manière dégueulasse.
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My Time at Portia
La Ville mode d'emploi
Avertissement : la rigueur de cet hiver 2017-2018 s’est emparée de mon corps et de mon âme, et j’en subis les tourments physiques et moraux. Ainsi diminuée, j’éprouve une appétence décuplée pour tout ce que le monde compte de gentil et de douillet, d’agréable et de confortable, de moelleux et d’avenant. Je suis donc, ces jours-ci, particulièrement vulnérable aux charmes de My Time at Portia.
Ma neige enchantée. Pathea a tout de même choisi pour My Time at Portia un contexte un peu original : l’humanité semble avoir été victime d’une catastrophe liée à l’utilisation massive de la technologie. Il existe désormais des tensions entre les partisans de la science qui veulent retrouver les antiquités et les étudier et les partisans de la religion, qui préfèrent les détruire. Cela donne le sentiment diffus qu’il vous faut choisir entre les deux factions. Après une vingtaine d’heures de jeu, je ne sais toujours pas si ce que vous décidez de faire de vos reliques (les filer aux scientistes ou aux bigots) a une importance en dehors de ce qu’ils vous donnent en échange (des plans pour de nouvelles machines ou des graines pour de nouvelles plantes). Mais, c’est un fait, cette espèce de tension sourde m’a tenue en haleine, donné le sentiment qu'il y avait une histoire à découvrir. Elle m’a permis de passer outre les défauts encore difficilement pardonnables. L’ergonomie foireuse au point de vous décourager de parler avec les habitants, les trucs qui ne servent à rien (il est possible de boxer contre la moitié du village, je reste peu convaincue de l’intérêt de la chose), le rappel des objectifs qui occupe un quart de l’écran, le rythme en dents de scie… Oui, My Time at Portia reste, à ce stade, encore un peu pataud. Mais je suis persuadée qu’il en a encore sous la charentaise.