À la lecture des règles, le titre de Lumberjacks semble réunir toutes les qualités nécessaires au bon petit jeu d'apéro. Ses mécaniques ont l'air simples et fluides, son plateau de jeu ne demande pas beaucoup d'espace et, mieux encore, chaque partie ne dure qu'une trentaine de minutes. On peint ainsi les sept figurines du jeu avec amour, en s'imaginant déjà en train de rigoler la bouche pleine de cacahuètes pendant que nos gobelins échangent des gifles. D'ailleurs, il faut admettre que le contenu de la boîte donne vraiment envie de s'y mettre, que ce soit grâce aux pions et aux plateaux qui bénéficient d'un vernis bien doux, ou encore aux trois gros dés en mousse qui indiquent clairement qu'on n'est pas là pour se prendre la tête. À trente euros le morceau, difficile d'être déçu par son achat. Du moins, tant qu'on n'y a pas joué.
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Gob'Z'Heroes
On ne va pas gober ça
Né sur Kickstarter, Gob'Z'Heroes est un jeu qui permet de simuler des bagarres de gobelins. Mais attention, pas n'importe quels gobelins puisque ces derniers sont tous déguisés afin de ressembler à des icônes plus ou moins vagues de la culture pop. Mais Gob'Z'Heroes est surtout l'histoire d'un beau gâchis.
On s'est encore fait troller. Se lancer dans une partie de Gob'Z'Heroes donne rapidement d'étranges envies. Par exemple de prendre un gros carton rouge et le frotter sur le visage des créateurs en hurlant « Nan mais ça va pas non ! ». Premier problème, le jeu nous indique que chaque joueur, à tour de rôle, doit piocher un gobelin pour former une équipe d'une valeur de douze points, tandis que le contenu de la boîte ne permet que de former deux équipes de huit points. Second problème, les règles et certaines cartes d'objectifs parlent de trolls. Trolls que l'on cherche en vain dans la boîte, ce qui rend caduques certaines cartes d'objectifs. Dommage même si, malgré ces quelques problèmes, le jeu de Lumberjacks ne s'effondre pas immédiatement. On s'amuse même franchement en voyant nos gobelins se mettre sur la tronche avec des capacités spéciales débiles, ou en ramassant des pièces d'équipement aussi foutraques qu'un pyjama en mousse. Puis tout à coup, Gob'Z'Heroes se fige complètement.
Z'Heroes pointé. Pour gagner, le jeu impose en effet d'accumuler un certain nombre de points de victoire qui, dans leur immense majorité, s'obtiennent en éliminant des gobelins adverses. Gobelins qui, rappelons-le, sont en trop petit nombre. Les fins de partie deviennent donc inutilement laborieuses, avec des équipes trop dépeuplées pour permettre aux joueurs de garder le rythme dans leur chasse aux points. Pour pallier ce problème, on est tenté d'acheter quelques add-ons pour jouer enfin au jeu tel qu'il semble avoir été conçu, puis on déchante en découvrant une politique tarifaire plus proche de Games Workshop que de celle qu'on pourrait attendre d'un petit jeu d'apéro, avec des gobelins vendus à 30 euros les trois et des trolls à 25 euros. Alors on range Gob'Z'Heroes sur son étagère avec la sensation d'avoir joué à un bon jeu, vendu n'importe comment.