Avant, pendant et après le big bang : pour No Man, ce n’est ni un instant, ni même un lieu, mais un terrain de jeu où se déplacer sans contrainte, depuis un cosmos primordial jusqu’à une lune stérile, de planètes en mouvement aux clubs les plus louches de New York. En noir et blanc, l’univers de Genesis Noir se déploie comme une explosion, moins contraint par ses limites physiques que par l’imagination des auteurs. Assis sur un fil au milieu du néant, au premier temps de l'univers, No Man trafique les fréquences radio pour faire naître, peu à peu, une note de basse, puis une autre, et encore une autre, jusqu’à ce que toutes les notes forment des mélodies, et que les mélodies s’assemblent en harmonies pour lui fabriquer un chemin à travers les planètes, jusqu'à la grande ville. Est-ce que les notes donnent naissance aux rues de la ville, ou est-ce l’inverse ? Une simple démonstration d’une dizaine de minutes, sans scénario, sans dialogue : pour l’instant, c’est ça, Genesis Noir, mais il y a déjà quelque chose à l’intérieur qui promet de ne ressembler à rien d’autre.
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Genesis Noir
Big Bang pour un big band
No Man ne disait rien. C’était une sorte d’observateur à l’élégance timide, un homme des foules comme New York en produit parfois. Mais dans un club enfumé à l’angle de la 116e et de la 127e, vous lui foutiez un saxophone dans les mains, et sa bouche, ses doigts, ses joues : tout se tendait vers le jazz. L’univers se défaisait devant vos yeux, pour être reconstitué à l’identique, avec cette simple différence : maintenant, tout était en ordre.
Some kind of black. Financé grâce à un petit Kickstarter, Genesis Noir, qui devrait débarquer en version finale vers la fin de l’année 2019, est déjà une expérience étrange, plus esthétique que ludique. On saute d’une lune à une rue de New York, on passe du trottoir aux étoiles d’un mouvement de souris, on clique un peu au hasard sur l’écran et on tente de comprendre ce que le jeu veut faire de nous. Un peu comme le Fantasia de Walt Disney, Genesis Noir semble être moins un jeu sur la musique que la tentative de traduire, dans un jeu, ce qu’est la musique : un mouvement. Parfois, on nous demande de répéter des notes après lui, en cliquant sur un clavier virtuel, puis, peu à peu, c’est lui qui abandonne : cliquez où vous voulez, de toute façon, l’histoire continue, et chaque note trouve sa place dans la grande harmonie. À terme, le jeu nous promet de nous faire voir le Big Bang, de parler d’amour, de création et de destruction, mais pour l’instant, grâce à sa petite démo, Genesis Noir est déjà assez intrigant pour nous donner envie d’écouter la suite.