Les écologistes ont voulu nous faire croire que les requins étaient devenus chill, qu'ils restaient tranquilles chez eux à cultiver du corail bio ou à apprendre à lire aux bébés phoques. Fariboles. Le simulateur ultra réaliste qu'est Maneater m'a mis entre les fentes brachiales d'un requin-taureau bien énervé, et j'ai tout de suite vu en quoi consistent les activités quotidiennes de ces prédateurs sanguinaires : bouffer du vacancier, assommer des mérous à coups de queue, et plus généralement faire régner la terreur dans l'océan. Passé le petit tutoriel permettant de prendre en main des contrôles au gamepad (le combo clavier/souris est aussi supporté sur PC), Maneater enchaîne directement sur une séquence de boucherie aquatique où l'on doit massacrer du baigneur à la chaîne. Vas-y que j'enclenche le sprint avec la gâchette gauche du gamepad, que j'ouvre la gueule avec la gâchette droite, que je croque un type bedonnant qui éclate entre mes mâchoires comme une tomate trop mûre. Oh, voilà maintenant que des plongeurs me tirent dessus avec des harpons à visée laser et que des bateaux déboulent pour me capturer. Je fais des saltos hors de l'eau, j'atterris sur le pont, j'éclate leur moteur, je mutile les passagers. C'est bien con. Mais c'est sympa. Une belle ode à la Nature, en tout cas.
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Maneater
Le requin-taureau par les cornes
Malgré leurs excuses incessantes (« non mais juré, quand on croque un surfeur c'est parce qu'on le confond avec une tortue ! »), nous voyons toujours les requins comme d'impitoyables mangeurs d'hommes. Trente-cinq ans après Les Dents de la mer, faut-il enfin les pardonner ? Sont-ils vraiment pacifiques ? Veulent-ils cohabiter en harmonie avec les baigneurs ? Maneater, le dernier jeu des créateurs de Killing Floor et Red Orchestra, apporte de nouvelles pistes de réflexion au débat.
L'immonde du silence. Attention, Maneater n'est pas tout le temps bourrin. Non, une fois la séquence d'introduction terminée, il y a même une belle cinématique pour poser les bases d'un scénario qui m'a presque mis la larme à l'œil. Le requin que l'on incarne se fait capturer par un certain Pete l'Écailleur, qui éventre sa prise et, surprise, en sort un bébé requin. Ce sera le héros du jeu. Après avoir échappé de justesse au pêcheur sadique (en lui bouffant le bras droit au passage), notre requineau orphelin va chercher à venger la mort de sa mère en écumant un open world côtier divisé en huit régions. La version sur laquelle l'éditeur nous a permis de jouer une petite heure était limitée à la zone de départ : un bayou crasseux aux eaux jaunâtres et peu profondes. Le squale l'explore en bouffant tout ce qui traîne (barracuda, poisson-chat, alligator...) afin de stocker plusieurs types de nutriments. Ces nutriments (en gros les points d'XP du jeu) servent à débloquer des capacités supplémentaires – des « organes » – qui amélioreront les capacités du requin. Par exemple, on peut dépenser 5 000 nutriments pour améliorer les capacités du scanner interne qui permet de repérer plus facilement les proies potentielles. Toutes ces manipulations se font dans une grotte sous-marine spéciale, la petite maison du requineau, où il pourra aussi avancer en âge pour améliorer ses stats. Voilà, c'est le côté « rôle » de ce que l'éditeur nous présente comme un « jeu de rôle/action ».
Génocide de poissons-chats. Pour le reste, Maneater reprend tous les codes du jeu open world classique. Il y a une quête principale – avec apparemment une douzaine de « grands méchants » humains qu'il faudra chasser et tuer – agrémentée d'exploration et d'activités annexes pour se dégourdir les nageoires. J'ai pu par exemple chercher ces coffres à nutriments, sauter hors de l'eau pour récupérer des trucs à collectionner ou encore bouffer des quintaux de poissons-chats dans une zone prédéfinie afin de faire sortir le « prédateur apex » du coin et m'engager avec lui dans un combat à mort. Des combats dont je n'ai toutefois pas pu saisir toutes les subtilités sur mon unique heure de jeu, mais qui comportent un système d'action évasive lorsque l'ennemi déclenche une attaque, et offrent la possibilité d'utiliser certaines proies comme projectiles pour buter les gros poissons. Cela ne m'a pas empêché de me faire salement défoncer par un alligator sur mon premier tête-à-tête en eaux troubles. Et j'espère que ces combats resteront difficiles, car autant vous le dire tout de suite, Maneater a l'air très orienté action. Il ne faut pas s'attendre à de longues séquences de dialogues et d'infiltration dans une aventure où le personnage principal est un requin fou furieux d'une demi-tonne. Le jeu s'annonce donc joyeusement violent, caricatural, défoulant, avec des animations bien gore qui m'ont fait pouffer de rire, des duels dantesques contre des baleines psychopathes et des séquences qui feront passer Les Dents de la mer pour un documentaire animalier relaxant. Ça va être un bel hommage à la beauté du monde sous-marin.