J’y ai cru. Quand Kahn Lusth m’a dit « Perco, cette semaine tu fais Essen », j’ai tout de suite commencé à préparer ma valise. Des vêtements chauds, un exemplaire de « Parler l’allemand sans avoir l’air d’un scientifique fou », de la nourriture consommable – je ne partage pas la passion de mes collègues pour le Currywrust –, j’étais prêt. En réalité, j’allais bien parler du salon d’Essen, mais celui de 2013.
J’ai un aveu à vous faire. Je vis à Paris, j’ai un enfant de moins de deux ans, mon chef est Kahn Lusth et, pourtant, je ne suis pas du tout masochiste. J’ai juste fait deux ou trois choix un peu hasardeux dans ma vie. Alors un jeu silencieux qui s’appelle Tranquillité, j’avais plus que des attentes, j’avais des besoins.
Je suis un rêveur. Je veux croire à un monde dans lequel les excités de la bagarre, qui n’aiment que les figouzes et les acharnés de la gestion, qui n’aiment que les petits pions d’action, puissent se tenir la main et se taper avec amour. Un endroit beau et inclusif. Ce monde existe. Ce monde, c’est Kemet : Blood and Sand.
Je suis dans la file d’attente. C’est déjà ça. Certains ont été refoulés plus tôt. Ils sont rentrés chez eux, penauds, la mine déconfite. J’ai froid, la neige s’accumule sur le bout de mes souliers. Aujourd’hui, j’ai réussi à avoir une plaquette de beurre et deux rouleaux de papier toilette. C’est une bonne journée. Si j’arrive à obtenir, en plus, une boîte de Frosthaven, Irina et moi ouvrirons une bouteille de Suze ce soir. Pour célébrer.
Spielwiese a respecté à la lettre la devise « Si ça marche, touche à RIEN ». Cette première extension autonome* de MicroMacro : Crime City déboule avec le parfum des recettes sûres, comme les huîtres au chocolat de ma grand-mère. Oh, ça va hein, chacun ses goûts !
* Vous n'aurez pas besoin du premier MicroMacro pour jouer à Full House. Seul lien entre les jeux : les plans qui se rejoignent. Est-ce que quelque chose est prévu pour plus tard ? Mystère.
« Rends-toi Michel, t’es cerné. – Jamais tu m’entends ? Jamais. J’ai dix otages innocents, douze litres d’acide et un album de Christophe Maé. Je suis prêt à m’en servir ! – Allez, sois raisonnable. – Non ! Cédez à mes revendications et je libère tout le monde. Sinon je fais un carnage. – On peut pas faire “désécrire” le dernier Houellebecq, Michel. On voudrait aussi, mais on ne peut pas. »
Au collège, j’ai eu un professeur d’arts plastiques exceptionnel. Pédagogue, connaissant son sujet, il avait le goût sûr et un sacré talent personnel. Il avait aussi un œil qui disait merde à l’autre et, lorsqu’il s’adressait à un élève, personne n’arrivait exactement à déterminer à qui. Narak est ce professeur.
Cher papy Ivan, je suis bien arrivé au camping. Il ne fait pas beau, mais la mer est chaude. Tu avais raison, comme toujours : c’était une bonne idée de se baigner près de cette usine de retraitement de déchets au Havre. Depuis notre dernier plongeon, la langue du cousin ackboo a triplé de volume et il ne peut plus trop parler. Au moins, on peut jouer aux jeux de plateau sans qu’il nous insulte.