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Genre : coopératif, puzzle, énigme, enquête ?
Créateur : Cédric Millet
Illustrateurs : Piero, Martin Vidberg, Maud Chalmel
Éditeur : KYF édition
Nombre de joueurs : 1 et plus
Nombre de joueurs optimal : 3
Durée : 2 à 4 heures
Complexité : accessible
Surface de jeu recommandée : table du salon
Prix : 22 €
Je déteste les puzzles, je les hais de toute mon âme. Ils ne me stimulent pas plus le cortex qu’une séance de repassage et me relaxent tout autant qu’une soirée spéciale « Les néopositivistes, une fausse approche wittgensteinienne ? » sur Arte.

T’as voulu voir l’envers et on a vu l’envers

Je ne déteste pas autant le concept de « jeu Kleenex » (une ou deux grosses sessions avant de le revendre ou, mieux, de le donner), et certains sont excellents, mais je suis souvent un peu perplexe sur le rapport prix/temps de jeu. Behind, avec trois puzzles, se boucle pour de bon en deux à trois heures, pour un peu plus de vingt euros. Alors toi mon ami, tu pars avec un handicap gros comme l’ego de Raphaël Enthoven.

Sauf que Behind est assez extraordinaire, car ces puzzles se font avec toutes les pièces carrées et retournées – sans voir l’image dont on ne sait d’ailleurs rien. D’ailleurs, ce ne sont pas réellement des puzzles, plutôt des enquêtes, des énigmes, des concepts visuels, appelez-les comme vous voulez.

Emule et Image

Le verso des pièces n’est évidemment pas vierge. Celles du premier permettent de reformer un tableau à punaises d’enquêteurs sur un vol au musée, par exemple. Mais quel musée ? Qui ? Dans quelle voiture et en fuyant par où ? On accole les morceaux par plus grands pans, en s’appuyant sur la logique et l’histoire tout autant que sur les connexions de dessins. Une seule contrainte : à la fin, cela doit former un rectangle (aux dimensions inconnues).

Un concept hyper malin, où l’image finale n’apparaît que comme validation, en retournant toutes les tuiles (je vous conseille d'ailleurs de ne jamais utiliser les cartes d'indices, et de les lire juste avant de valider). Mais un concept n’est qu’un outil, et ce qui émerveille est à quel point il est bien utilisé. Trois puzzles, trois illustrateurs aux styles radicalement opposés, au service de trois logiques internes différentes. Ce sont trois expériences uniques, c’est bluffant. D’autant que le jeu est plus malin que ses joueurs, égrène de fausses pistes, n’est jamais évident. Il faut y remettre sa propre pensée en question, écouter les autres et, souvent, reprendre l’ensemble à plat, pour venir à bout de trois casse-tête qui tissent avec finesse des liens entre espace et réflexion. C’est court, mais Behind brille de partout comme s’il était lustré à la cire. Cire que je vais m’empresser de me verser sur les tétons, car il n’y a décidément que les idiots qui ne changent pas d’avis.
Images © KYF édition