Jeu de plateau

Je l’ai déjà dit dans ces colonnes, je m’interdis d’approcher à moins de cent mètres d’un casino. Ma volonté est inexistante dès lors qu’il s’agit de s’arrêter, de ne pas écouter cette voix qui me glisse « Quitte ou double ? Quitter, c’est échouer », elle m’a même poussé à demander l’option « tirez à vue » aux vigiles de ces lieux sataniques. Flip 7 est loin, comme l’annonce (ironiquement) sa couverture, d’être « le meilleur jeu de cartes de tous les temps ». À dire vrai, il serait même plutôt quelconque si ce n’était un détail de distribution. Heureusement, ce détail me donne une petite dose de Blackjack suffisante pour calmer mes crises de sevrage les plus intenses, et rester en vie.

Il y a quelques cartes spéciales, qui permettent de scorer un bonus, d’obliger quelqu’un d’autre à s’arrêter (mais il score en l’état) ou de redonner une chance en cas de mauvais tirage « Oh, mais j’ai une vie supplémentaire ! », et même une règle spéciale (le Flip 7) qui explique qu’en ayant assez de bol pour tirer sept valeurs différentes, on termine immédiatement la manche pour tous, avec un petit bonus de points.

L’intérêt, c’est que l’on ne pioche pas soi-même sa nouvelle carte éventuelle, on la demande au joueur précédent, qui fait alors office de croupier. C’est peu, mais ce détail ajoute un vrai vernis casino et de l’ambiance autour de la table. Faites-en des tonnes, regardez la carte à donner, glissez un « T’es sûr ? », grimacez, donnez plusieurs chances de changer d’avis et de se coucher. Soyez un saligaud. Flip 7 est loin d’être le meilleur jeu de cartes du monde, sans doute même pas le meilleur de Rouchefoucat (une habitante, on l'embrasse fort), mais à la bonne table il peut devenir un instrument de torture psychologique délicieux pour ceux qui ont des amis comme moi, UN PEU faciles à pousser dans le vide.