Faut-il revoir son (Deus) ex ?
Attention, nouveau drame en perspective. Le studio Aspyr annonce que le sacro-saint Deus Ex sortira en version remasterisée le 5 février 2026. Vous pourriez vous dire que c'est plutôt sympatoche, qu'on aura l'occasion de rejouer à l'immersive sim la plus glorifiée de l'an 2000 avec tout le confort moderne, notamment des modèles 3D retravaillés, une meilleure gestion de la lumière, le support du 4K, etc. Le problème est que le dernier remaster d'Aspyr, Star Wars Battlefront Classic Collection, publié en 2024, a été une petite catastrophe. Ils ont vendu, pour 35 euros, deux jeux des années 2000 à peine retouchés, avec des graphismes « améliorés » par IA et des bugs à foison. Les premiers screenshots de ce Deus Ex remasterisé, annoncé à 30 €, ne laissent pas non plus présager d'un incroyable travail de restauration. A.
Steam : le bug qui tue (littéralement) les jeux
Après une dizaine d'années en version anticipée, le jeu indé Planet Centauri, développé par le studio montpelliérain Permadeath, est sorti en décembre 2024. Avec 138 000 wishlists Steam et plus de 100 000 exemplaires déjà vendus, les développeurs s'attendaient à ce que la version 1.0 déclenche un pic d'achat, comme cela se constate généralement. Et puis... rien. La courbe des ventes est restée plate, au grand désespoir des développeurs. Six mois plus tard, ils reçoivent un e-mail de Valve leur expliquant que leur jeu fait partie d'une centaine de produits malchanceux qui, en raison d'un bug technique présent depuis dix ans, ont été zappés par le système de notification de Steam. En clair, les acheteurs ayant mis Planet Centauri dans leur liste de souhaits n'ont pas été avertis qu'il venait de sortir en version 1.0, ôtant ainsi toute visibilité au jeu. « Je n'ai même pas la force d'être en colère. Nous avons été tellement frustrés et dégoutés. [...] Nous avons commencé un second projet, car c'est financièrement impossible de patcher notre jeu après ça. [...] C'est le genre de problème que cause une plateforme qui détient 99 % du marché du jeu PC », se lamente Laurent Lechat, le patron du studio, sur Reddit. Pour tenter de se faire pardonner, Valve leur a offert... 24 heures de mise en avant sur les pop-up à l'ouverture de Steam. A.
La ferme des célébrités
En ce moment, Nintendo tente par tous les moyens de convaincre la justice japonaise que Palworld viole des tas de brevets déposés pour Pokémon. Mais le studio Pocketpair n'en a rien à battre. Le développeur nippon vient d'annoncer Palfarm, un jeu qu'on pourra raisonnablement qualifier de Pokémon version Stardew Valley. Il faudra toujours capturer des petites créatures aux multiples pouvoirs, mais cette fois-ci pour en faire des ouvriers agricoles sur les îles Palpagos. Comme dans Stardew Valley, il s'agira d'un vrai simulateur de vie champêtre idéalisée, alternant travail aux champs, activité sociale dans le village voisin et combats contre des monstres bouffeurs de récolte. Il est évident que ça va cartonner, et je me réjouis à l'idée que cela enrage encore un peu plus les avocats de Nintendo. A.
Lootbox : la tentative du désespoir
Valve vient de lancer le Genesis Terminal sur Counter-Strike 2, afin de contourner les réglementations européennes anti-lootbox. Je vous explique. Ce terminal attribue au hasard, chaque semaine, un élément cosmétique. S'il ne vous plaît pas, vous pouvez lui demander de tirer au sort un autre item, jusqu'à tomber sur la skin de vos rêves. Cela reste un pari (vous abandonnez une skin pour toujours, en espérant que les dieux du hasard vous en attribuent une meilleure) mais chaque « lancer de dé » est gratuit – contrairement aux lootbox traditionnelles achetées à l'aveugle. Bien sûr, quand le terminal affiche l'item désiré, il faut sortir la carte bancaire. C'est donc, en pratique, une misérable boutique randomisée pour microtransactions, bien plus pénible à utiliser qu'un shop classique. Peut-être un (énième) signe qu'il est vraiment temps d'arrêter d'acheter des skins débiles. A.
Vous êtes plutôt Win-G, Maj-Tab ou Alt-Z ?
Saviez-vous qu'en faisant Win-G apparaissait la Game Bar Xbox ? À l'instar des surcouches Steam (Maj-Tab) et Nvidia (Alt-Z), cet overlay permet notamment d'afficher les perfs du PC ou d'avoir accès à certains outils, comme une fenêtre du navigateur Internet Edge, sans être obligé de faire un Alt-Tab. Bon, je ne connais absolument personne, dans mon large cercle d'amis – plus de 600 personnes, je suis un papillon social – qui utilise cette Game Bar régulièrement, mais cela pourrait changer grâce à... l'IA ! Oui madame, oui monsieur, vous devriez voir arriver dans les prochaines semaines un Gaming Copilot intégré à cette barre d'outils. Vous pourrez, par exemple, prendre un screenshot d'un monstre et demander à Gaming Copilot quelle est la meilleure technique pour le vaincre. Un peu comme une recherche Google, mais en plus cool, parce que c'est de l'IA. A.
Le labeur de la pastèque
Une nouvelle initiative baptisée Palestinian Voices in Video Games vient de voir le jour, sous l'impulsion de plusieurs professionnels du jeu vidéo (parmi lesquels on retrouve notamment les studios français The Pixel Hunt, Nerial et Lizardcube). Selon leur premier communiqué de presse, leur objectif est de combattre la sous-représentation et la déshumanisation des Palestiniens en proposant un soutien financier à plusieurs développeurs : parmi les projets soutenus, on trouve Dreams on a Pillow, inspiré par la Nakba de 1948 ; Being 2, un mélange de visual novel et de point & click qui se déroule dans une colonie spatiale palestinienne ; ou encore Pomegranates, un jeu où l'on incarne un gardien de la mémoire dans une ville de Gaza reconstituée en 2048. Pour en savoir plus, rendez-vous sur leur site web. ER.
Un peu border
Borderlands 4 est sorti le 12 septembre dernier et a fait l'objet de plusieurs critiques quant à ses performances sur PC. Qu'à cela ne tienne, Randy Pitchford, PDG de Gearbox, a sa réponse toute prête, et quelle réponse : « Borderlands 4 est un jeu haut de gamme pour les joueurs haut de gamme, déclarait-il sur le réseau dont-on-ne-veut-plus-prononcer-le-nom-de-déodorant-masculin (anciennement Twitter). Si vous tentez de conduire un monster truck avec un moteur de souffleur de feuilles, vous risquez d'être déçu. » Malgré une poignée de crashs pas bien méchants sur sa RTX 2060, Soupape François a tout de même été déçu par le jeu – ce qui le fait donc fatalement échouer dans la catégorie des joueurs bas de gamme, il est un poil vexé maintenant. ER.
Torture géniale
Le 11 septembre dernier, Elden Ring : Nightreign a été agrémenté d'une grosse mise à jour qui comprend un nouveau mode intitulé « L'abîme de la nuit » : c'est un mode encore plus exigeant que le jeu de base, qui était déjà bien corsé, où il sera impossible de savoir à l'avance quel sera le Seigneur de la nuit que vous devrez affronter. Les ennemis seront encore plus hostiles, il y aura aussi tout un tas de nouvelles armes qui pourront présenter des désavantages et vous mettre dans le pétrin si vous ne prenez pas le temps de lire leur description, et la difficulté ira crescendo à mesure de votre périple. À ce stade, je pense que FromSoftware devrait directement livrer des instruments de torture à leurs joueurs (je suggère une poire d'angoisse pour commencer), le message serait plus clair. ER.
Les yeux dans les jeux
Vous vous souvenez de MindsEye, le jeu qui devait concurrencer GTA et qui a fini par récolter 3/10 en nos pages parce qu'on y croisait des PNJ qui s'évaporent sans crier gare et des camions qui tombent du ciel dans un pseudo-monde ouvert tout pourri ? En tout cas, le studio de développement Build a Rocket Boy s'en souvient – malgré le licenciement d'une centaine de personnes en juin dernier, l'équipe vient de publier un patch (qui ne sera, sans surprise, pas le dernier) début septembre afin de corriger une pléthore de bugs. « Les PNJ qui visent ou se trouvent à couvert ont désormais l'air plus naturel », peut-on notamment lire dans les patch notes. La route risque d'être longue. ER.
D'ici la fin de l'année, Pacific Drive fera son grand retour avec un DLC appelé « Whispers in the Woods », dans lequel il faudra partir sur les traces d'une mystérieuse secte au fin fond de la forêt. L'aventure devrait durer entre huit et douze (!!) heures, on retrouvera le plaisir de customiser sa petite titine et l'ambiance a l'air bien plus folk horror que le jeu de base, preuve que les développeurs d'Ironwood vivent dans ma tête sans payer de loyer. ER.
L'Arabe du futur
Le deal avec le PIF (« Public Investment Fund ») saoudien et son directeur, le prince Mohammed ben Salmane, fait grincer des dents en interne. Annoncé sans tambour, ni trompette, ni montant d'ailleurs, sa première conséquence très visible est l'arrivée prochaine d’un DLC gratuit pour Assassin's Creed Mirage. DLC qui déplace l'action de Bagdad vers Al-’Ula, en Arabie saoudite. L’annonce en avait été faite par Yves Guillemot en direct de Riyad, durant l’Esports World Cup. Après SNK, et beaucoup d’autres, le PIF continue sa mission de tentative de polissage de l’image du royaume via les jeux vidéo. Interpellé par des employés à ce sujet, la direction s’est enfoncé des billets de banque dans les oreilles en disant « Lalala, j'entends pas ». P.
Né d’un père protestant et d’une mère catho
Alors même que l’ancien Premier ministre mettait le pays en émoi en envisageant la suppression d’un jour férié, notre bien-aimé patron Ivan Le Fou décide de faire l’inverse. La rédaction de Canard PC a ainsi eu la joie de recevoir un mémo déclarant le 4 novembre chômé cette année. Fêter le sacre de Charles VI, l’élection d’Eisenhower à la présidence des États-Unis en 1956, celle de Barack Obama en 2008, la découverte du tombeau de Toutankhamon ? Que nenni, c’est bien plus important. Ce 4 novembre, sort Football Manager 2026, après une année blanche, que le renard argenté continue de nommer « l’an triste ». P.
« GTA 6 sera le premier jeu AAAAA », déclare Nigel Lowrie, un « vétéran de l’industrie », cofondateur de Devolver Digital. C’est donc officiel, l’industrie du jeu vidéo vient de dépasser celle de l’andouillette premier choix. P.
La serveuse automate
Roblox, le bac à sable numérique où des enfants de neuf ans apprennent la force de vente en fourguant des casques à paillettes pour 12 €, vient d’annoncer – ô surprise – un « investissement massif dans l’intelligence artificielle ». Objectif : permettre aux créateurs de générer des jeux à la volée, sans coder, sans modéliser, sans réfléchir. Bref, le rêve du stagiaire marketing. Pendant ce temps, les controverses s’accumulent : modération en carton, contenus douteux, et une base d’utilisateurs plus jeune que l’âge légal pour lire les CGU. Mais Roblox s’en fiche : avec 111 millions de joueurs quotidiens, soit plus que le nombre de gens qui savent ce que signifie le mot « éthique », le succès emporte toute question morale loin, très loin. L’IA va tout régler, paraît-il, même si la plateforme ressemble de plus en plus à un centre commercial géré par de jeunes cadres sous amphétamines. P.
L’abonne du curé
Pete Hines, ex-pape du marketing chez Bethesda, l’affirme : les modèles d’abonnement comme Xbox Game Pass « ne valorisent pas correctement les développeurs ». Traduction : les studios filent leurs jeux à prix cassé, pendant que les plateformes engrangent les abonnés comme des Pokémon. Hines évoque des décisions « court-termistes » et un écosystème où les créateurs sont les dindons de la farce. Même Shannon Loftis, ex-VP chez Xbox, confirme : sans microtransactions post-lancement, un jeu sur Game Pass est plus proche du bénévolat de luxe. Microsoft vient tout juste d’annoncer un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars l’an passé, je me demande vraiment dans la poche de qui on pourrait trouver cet argent manquant qui permettrait de rémunérer correctement les développeurs… Mystère mystérieux. P.