Allez, bim, mort. Encore mort. Ah, attention, je vais peut-être réussir à choper un rocket launcher et... Non, mort, un mec vient de me sauter dessus et m'empaler avec sa mitrailleuse à clous rouillés en moins de 0,3 seconde. Débuter à Quake Champions est une longue agonie. Sur ce bêta-test, en l'absence de tout matchmaking prenant en compte le niveau des joueurs, je me suis retrouvé avec des dieux vivants du railgun qui ont cumulé 2 000 heures sur Quake III Arena et probablement le double sur Quake Live. Vous vous souvenez de Quake Live ? Moi non plus. C'était une tentative de recycler Q3A en version e-sport free-to-play. Quake Champions reprend exactement le même principe, mais en fournissant plus d'efforts. Il propose tout l'attirail Quake : les armes habituelles de la franchise, le strafe jump, le rocket jump, les armures rouges et vertes, le quad damage, des cartes fortement inspirées d'un best-of de Quake III Arena, des décors ressemblant à une pochette d'album de death metal des années 1980... Mais cette fois-ci, les personnages n'ont plus des caractéristiques identiques. Id Software a créé neuf champions qui diffèrent par leurs points de vie, leur armure, leur vitesse de déplacement et disposent tous d'un pouvoir actif (touche F pour le déclencher) et passif. Je vous renvoie à l'encadré « Le bestiaire » pour plus de détails.
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Quake Champions
Stupeur et tremblements
« La vieillesse est un naufrage », écrivait Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe. Jamais phrase n'a autant résonné dans ma cervelle fatiguée de trentenaire que lors de mes premières minutes sur le bêta-test de Quake Champions. Je me suis pris branlée sur branlée. Ma coordination oculo-manuelle n'est clairement plus la même qu'à mes vingt ans. Pour écrire ce papier, mon ego a souffert. Mais ça n'était pas non plus si désagréable.
Ranger sera le champion de base qui permettra de jouer à Quake Champions sans lâcher un centime. Si vous voulez accéder au reste de la ménagerie, il faudra sortir les biffetons pour un Champions Pack dont le prix n'est pas encore connu.
Un honnête shoot à l'ancienne, doté d'une réalisation irréprochable, mais peut-être pas de quoi déplacer les foules.
On se calme, ça reste du Quake. Lorsque Quake Champions a été annoncé, les ayatollahs de la tradition quakienne n'ont pas attendu pour lancer leur fatwa. « Non mais attendez, si vous rajoutez des pouvoirs et des persos différents, ça n'est plus Quake ! », décréta FiST0sMaSt3r_du_94 avant même d'avoir essayé le jeu. Que les intégristes se rassurent. Quake Champions reste un Quake. Les pouvoirs actifs – qui consistent par exemple à envoyer un orbe de téléportation ou voir à travers les murs quelques secondes – n'ont finalement pas une énorme importance une fois pris dans le chaos du combat. Cela reste du twitch shooter dans toute sa splendeur, qui demande aux joueurs des temps de réaction de sprinter jamaïcain, une précision démente à la souris et une connaissance parfaite de chaque carte. Sur les deux modes de jeu dévoilés, les très classiques deathmatch et team deathmatch en 5 contre 5, j'ai donc vite retrouvé les sensations de Quake III Arena. Même le petit « poc » audio quand on touche quelqu'un est identique. C'est rapide et nerveux, avec des duels qui se règlent en trois secondes maximum, des vitesses de déplacement de Formule 1, bref, une frénésie générale qui ne cesse qu'à la fin du round.
Ouais c'est beau, mais comment j'enlève les textures ? Un beau cheveu, c'est d'abord une belle matière, et un bon Quake, c'est d'abord une belle réalisation. Pas de souci de ce côté-là, le jeu affiche sans sourciller des centaines d'images par seconde en niveau de détail ultra sur une GeForce de dernière génération. Moins impressionnant que Quake III Arena à sa sortie, Quake Champions reste tout de même un jeu agréable à l'œil, pour peu que vous soyez sensible à sa direction artistique « vieille pierre + gore + truc en flamme ». Un défaut tout de même : la profusion d'effets graphiques (lumières dynamiques bien grasses, particules, platras de sang et de cadavres mutilés, boum-boum pyrotechniques) a tendance à nuire à la lisibilité durant les combats très intenses. Même en passant en niveau de détail le plus bas, l'écran reste quand même bien chargé. Ceux qui, comme j'en fus coupable dans ma jeunesse, étaient habitués à jouer à Quake III Arena avec une config graphique ultra-minimaliste – on trafiquait le fichier autoexec.cfg pour virer les textures et les ombres dynamiques – regretteront sûrement l'absence d'un tel mode.
Un railgun vert et mou. Il y a bien, tout de même, quelques petites différences qui vont, au choix, chagriner ou réjouir les vétérans de la série. À commencer par les cartes assez peu techniques. Pas besoin de maîtriser l'art du rocket jump ou du circle jump (je ne sais même pas si ce dernier est implémenté) pour atteindre rapidement n'importe quelle zone. Les acrobates n'auront pas un énorme avantage. Ensuite, une sorte de petite horloge indique le délai de réapparition des items importants (armures, quad damage) – autrefois, dans Quake III Arena, les joueurs de haut niveau n'hésitaient pas à égrener les secondes dans leur tête pour être certains de ramasser ces bonus aux bons moments. Enfin, les deux armes emblématiques de Quake, le railgun et le rocket launcher, ont été remaniées, et pas forcément dans le bon sens. Le railgun est désormais un rayon vert que je trouve bien mollasson niveau sensations. Le rocket launcher, de son côté, s'avère un poil moins pêchu et son splash damage (les dégâts qu'il cause en explosant à côté d'un ennemi) m'a semblé réduit.
Overwatch contre Q3DM17. Après une petite dizaine d'heures sur la bêta de Quake Champions, mes impressions sont... bonnes, sans plus. Dans l'absolu, c'est un honnête shoot à l'ancienne, doté d'une réalisation irréprochable (voir l'encadré correspondant), de contrôles parfaits et de tout ce qu'on attend d'un Quake III Arena version 2017. Cependant, une question me taraude : qui attend vraiment un Quake III Arena en 2017 ? Certes, les quelques milliers de fanatiques qui squattent encore Quake Live doivent trépigner d'impatience. Mais je ne sais pas si Quake Champions a les atouts pour déplacer les foules. Id Software a beau vouloir chasser sur les terres d'Overwatch avec ses champions aux pouvoirs différents, son produit reste très old school. Prenez un débutant complet du shoot 3D et mettez-le sur le titre de Blizzard : il va s'amuser rapidement en choisissant un héros simple à manier qui trouvera sa place dans l'équipe. Larguez-le dans Quake Champions et je vous garantis qu'il passera un sale quart d'heure, le niveau d'exigence (vitesse de réaction, connaissance parfaite des cartes, précision de la visée...) étant nettement plus élevé.
Bien sûr, en tant que nostalgique de mes années Quake III Arena, j'aimerais beaucoup que Quake Champions trouve son public. Je voudrais le voir afficher des chiffres de fréquentation dignes d'Overwatch (ou de Battlefield 1, Counter-Strike GO, etc.). Je pense que ça sera coton. Le shoot 3D a quand même beaucoup évolué depuis 1999 et les premiers deathmatchs au railgun sur Q3DM17... Reste que cette première phase de bêta-test s'est limitée à deux modes de jeu sur six et seulement trois cartes. Attendons de voir ce qu'id Software va nous sortir de son petit chapeau à la prochaine séance.
Le bestiaire
Pour que vous puissiez faire votre choix lors de la prochaine bêta publique, voici la liste des champions disponibles, avec leurs points de vie et leur vitesse de base entre parenthèses. Pro-tip : commencez avec Ranger ou Visor, puis essayez les champions plus rapides comme Anarki et Nyx.
Les champions équilibrés
Ranger (100/320): balance un orbe bleu sur lequel il peut se téléporter. Si l'orbe touche une surface, il explose et cause du dégât autour de lui. Les dégâts qu'il s'auto-inflige sont réduits de 25 % (pratique pour le rocket jump).
Visor (125/300): aurait pu tout aussi bien s'appeler Cheatzor, puisque son pouvoir spécial lui permet de voir les ennemis à travers les murs. En guise de pouvoir passif, il bénéficie d'un strafe jump spécial non limité par une vitesse maximale.
Galena (100/280): le simili-médic du lot. Il peut placer un totem capable de soigner un allié. Accessoirement, le totem explose (et fait du dégât) si un ennemi le touche, comme une mine. S'il ramasse des items de soin, le temps de recharge du totem diminue.
Les petits nerveux
Anarki (75/320): peut se soigner lui-même par injection, ce qui le fait également bénéficier d'un boost temporaire de vitesse. Il dispose aussi d'un hoverboard qui lui permet d'améliorer son contrôle lors des sauts.
Nyx (75/330): peut se rendre invisible et immatérielle un court instant. Si elle réapparaît sur un ennemi, celui-ci meurt comme un con. C'est aussi le seul champion capable de faire du wall jump.
Slash (100/310): spécialiste du hit'n run, elle laisse une traînée de plasma dans son sillage qui endommage les ennemis et explose si le pouvoir est activé une seconde fois. Elle peut aussi faire une sorte de balayette en atterrissant après un saut.
Les gros baraqués
Scalebearer (150/270): un bourrin qui peut lancer un sprint (soit en déclenchant son pouvoir spécial, soit en atteignant une certaine vitesse grâce à d'autres moyens comme le strafe jump) durant lequel il endommage tous les ennemis qui se trouvent sur son chemin.
Sorlag (150/270): crache un énorme molard verdâtre et toxique qui reste collé aux surfaces et cause des dégâts à tous ceux qui l'effleurent. Il peut aussi accélérer continuellement en enchaînant les sauts.
Clutch (150/280): il peut activer un bouclier temporaire qui bloque tous les tirs ennemis venant de l'avant. Assez lent de base, son pouvoir passif lui permet néanmoins d'accélérer progressivement en avançant, même sans strafe jump.
