C'est donc en quasi-puceau du jeu de combat que je me suis retrouvé devant Dragon Ball FighterZ (DBFZ). Oh, allez... J'ai bien essoré un Tekken par-ci ou un Mortal Kombat par-là mais, ne prenant aucun plaisir dans leurs modes multijoueurs, je me suis toujours tenu à l'écart des titres qui n'offrent pas un contenu solo digne de ce nom. Imaginez donc ma tête lorsque j'ai découvert que la bêta de ce jeu était 100 % multi. Ce n'était pas très beau à voir, contrairement à ma vibrante déclaration digne d'un Martin Luther King, prononcée en remontant mon pantalon avant de m'affaler dans le canapé : « Namaiho, c'est quand même pas des mecs sur Internet qui vont m'emmerder ! » Fin prêt à me faire démolir au nom du journalisme total, je me suis retrouvé dans le hall en ligne du jeu, dans lequel j'ai pu choisir quel personnage emblématique de la série je souhaitais utiliser comme avatar, sans aucune obligation, notez bien, de l'incarner lors des combats. Au début d'une baston, ce sont en effet trois personnages différents que l'on doit choisir dans le roster avant de se lancer. Un jingle se fait entendre. On m'indique que BiduleMachin999 est prêt à se battre, et je sens déjà que je vais me prendre la volée du siècle.
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Dragon Ball FighterZ
Tout beigne
Comme celle de tous les anciens jeunes qui ont connu le temps béni du Club Dorothée, mon enfance a été bercée par Dragon Ball Z. Les cartes à collectionner, les épisodes du samedi, les excellents jeux sur Megadrive et Super Nintendo... Pourtant, j'ai beau avoir été un doux dingue de Dragon Ball, les jeux de baston n'ont jamais occupé une grande place dans ma ludothèque.
Le simple des simples. La bêta de DBFZ aurait pu m'éviter pareilles sueurs froides si elle ne m'avait pas jeté directement dans ce grand bain rempli de requins avec pour seule consigne « maintenant, débrouille-toi ». Mais c'était compter sans ce brave Pipo qui, sentant probablement mon angoisse, m'est apparu sous une forme éthérée pour me révéler ses secrets de joueur pro : « Fais des arcs de cercle et tout ira bien. Et tu tiens ton pad dans le mauvais sens, abruti. » Le bougre avait raison, puisqu'on réalise la quasi-totalité des coups spéciaux de la même façon que le célèbre Hadouken de Street Fighter. Et les autres ? Encore plus simples, et généralement basés sur la combinaison d'une direction et d'un bouton d'attaque. Ajoutez à cela quelques petites subtilités comme la possibilité de se téléporter derrière l'adversaire d'une pression sur le stick droit, ou encore deux équipiers que l'on peut appeler à tout moment pour prendre le relais ou coller une mandale et vous obtenez un titre très agréable à jouer, à la prise en main immédiate. Une qualité qui, certes, ne devrait pas gommer les inégalités de niveaux entre les joueurs, mais qui garantit malgré tout de pouvoir réaliser des coups spéciaux et des enchaînements intéressants, sans avoir besoin de passer sa vie à s'entraîner.
Et zoom, dans les dents. Ceux parmi vous qui ont pris du Budokai et du Xenoverse en intraveineuse doivent se poser une grande question à la vue des screenshots qui ornent cet article : « Mais où qu'elle est, la liberté de déplacement typique des jeux de baston Dragon Ball ? » Oui, ces joueurs commencent souvent leurs questions par « où qu'elle est ». En dépit de leurs particularités syntaxiques, impossible de leur cacher que DBFZ n'est pas du genre à placer ses combattants dans un vaste décor, où ils pourront voler et courir à leur guise. C'est même tout l'inverse, puisque Arc System a choisi de rester sur un gameplay en 2,5D, comme déjà dans son Guilty Gear : c'est-à-dire des combats en 2D à l'ancienne, pourtant affichés dans un monde en 3DNote : 1. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce choix de game design fonctionne à merveille. En resserrant le cadre du jeu, les développeurs sont parvenus à créer des combats qui, n'ayons pas peur des mots, nous collent de grosses patates de forain dans les canines. La moindre boule de feu et le moindre coup de poing prennent des proportions épiques, nous rappellent sans cesse que nous assistons bien à un combat de super guerriers, qui n’arrêtent pas un instant de se coller des mandales. N'allez pas croire que cette emphase sur le corps-à-corps remise les Kamé Hamé Ha au placard : les joueurs ont souvent l'occasion de lancer leurs super attaques, qui saturent l'écran d'explosions, de flashs et de couleurs pour souligner leur puissance. De quoi imposer un nouveau mètre-étalon aux développeurs de jeux de baston en matière de punch.
Note 1 : Le jeu, en l'occurrence, utilise le moteur Unreal Engine.
Alors, nombreux ? « Donc Dragon Ball FighterZ est bien le jeu de l'année 2018, je peux le précommander tout de suite pour gagner une statue de Son Goku qui va mettre tous mes invités mal à l'aise ? » Alors déjà, posez tout de suite cette carte bleue avant qu'on ne soit contraint d'employer la force pour vous rappeler qu'on ne précommande jamais. Ensuite, sachez qu'aussi génial et prometteur soit-il, ces parties de DBFZ n'ont pas réussi à lever tous mes doutes. Le plus important concerne sa liste de personnages qui, pour l'heure, se borne à une petite quinzaine de convives. Un chiffre qui, à six mois de la sortie, laisse songeur. Cette bêta est d'ailleurs rapidement tombée dans une certaine routine, pour ne pas dire une bonne grosse répétitivité. Certes, les styles de combat variés des protagonistes nous incitent à rester cléments, mais on va tout de même croiser les doigts à s'en péter les phalanges pour avoir droit au moins à vingt, vingt-cinq personnages lors de la sortie. Vient enfin la question du grand taré au fond de la salle, celui qui est incapable de jouer à un jeu de baston sans compter les frames d'animation pour placer au mieux ses attaques. Est-ce que ce joueur trouvera son compte dans un jeu où les personnages disposent de moins de dix coups spéciaux ? Impossible de lui répondre avant un test en bonne et due forme, même si j'attends désormais février 2018 avec une impatience non dissimulée.