Une végétation inexistante, une interface plus envahissante que le Premier Empire, une palette terne où l'ocre le dispute au grisâtre : oui, Atom RPG est bien un jeu russe. Et encore, on ne parle là que des captures d'écran officielles. Quand on le lance, d'autres signes trahissent son origine. Par exemple un amour réel pour les jeux de rôle à l'ancienne, Fallout en tête (les joueurs russes sont tellement fascinés par les jeux de rôle post-apocalyptique qu'il y aurait là un excellent documentaire à réaliser). Dans Atom RPG, on commence donc par créer un personnage via un système qui n'est PAS DU TOUT le système SPECIAL de Fallout, la preuve c'est le système SAEPIAL, co-inventé par un dictionnaire des synonymes qui a renommé « perception » en « attention » et « charisme » en « personnalité ». Beau parleur qui tatane les adversaires à mains nues quand le verbe ne suffit plus, bricoleur du dimanche spécialisé dans le tir de précision, voleur qui jette des couteaux dans les trous de nez des ennemis : bien que très classiques, les possibilités de perso sont nombreuses. Pourtant, je le confesse, parce que ce n'était pas mon premier jeu russe, j'ai craint qu'Atom RPG ne me fasse une Krai Mira et devienne atroce sitôt la création de personnage terminée. Mais non : combats au tour par tour impeccables, monde post-nucléaire vaste et désolé, rencontres aléatoires où l'on se fait déchiqueter d'entrée de jeu… Tous les signes du grand jeu de rôle étaient réunis. J'ai tout de même plissé les yeux très fort tout au long de l'aventure, histoire de repérer d'éventuelles anguilles soviétiques sous roches.
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Atom RPG
Houlette russe
Tout le monde reconnaît d'un seul coup d’œil les jeux japonais à leurs couleurs fluo et leurs hypertrophies oculaires. Un expert particulièrement sagace pourrait aussi identifier comme américaines les productions où il faut sauver les États-Unis en brandissant la bannière étoilée. De mon côté, à force de voir passer des jeux de rôle élaborés à l'ombre de l'Oural, je renifle les titres russes à des kilomètres.
Un pied dans l'atome. Divulgâchons tout de go : ma chasse au pot-au-rose communiste n'a pas donné grand-chose. Allez, si, Atom RPG est écrit sans grande passion et ses arbres de dialogue ne sont pas bien touffus. Voilà tout ce que j'ai à lui reprocher. Pour le reste, on a affaire au début (accès anticipé oblige) d'un jeu de rôle de qualité, qu'un huissier pourrait certifier 100 % conforme à ses sources d'inspiration. J'y ai passé quelques heures à gagner la confiance de villageois pouilleux, à parlementer avec des bandits, à fouiller des tombes pour trouver quelques roubles et à tabasser des rats à coups de pied – autant dire que je nageais dans le bonheur. La prudence avec laquelle Atom RPG marche dans les pas de ses ancêtres n'en fait pas un jeu bourré de surprises, mais au moins il ne cache pas de défauts monstrueux. Ses points faibles, on les découvre dès la première minute : une caméra trop proche du sol, des décors tout juste passables et un niveau de finition qui laisse présager un budget total de zéro simflouze. S'il continue à proposer une aventure aussi impitoyable et des sensations aussi agréables, ces quelques défauts n'auront bientôt plus aucune importance.