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Avec mon beat et mon couteau
Pourquoi est-ce que la fête de la musique ne tombe pas en janvier, le mois le plus nul de l'année ? Si Canard PC était président, comme Gérard Lenorman, jamais plus aucun enfant n'aurait de pensées tristes – ça, OK – et le mois de janvier n'existerait pas. Mais voilà : Canard PC n'est pas encore président. Alors, pour se consoler, on a pioché dans les gagnants de la Game Music Jam 2018 et tenté de dénicher quelques trucs, en espérant qu'ils permettent d'atteindre février sans trop forcer.
The Dance Floor is Lava. Last night a DJ ruined my life. Il y a des jeux qui redéfinissent tous les codes d'un genre. Des jeux qui portent à la perfection une idée, un concept, comme un bel objet d’orfèvrerie finement ouvragé. Il y a aussi les jeux un peu bancals, un peu cassés, mais qu'on aime bien, parce qu'ils ont quelque chose à eux, quelque chose d'unique. Et puis, il y a The Dance Floor is Lava, qui n'a, a priori, pas grand-chose pour lui : pas de graphismes particulièrement chatoyants, pas d'idées folles, pas de grandes surprises. TDFIL, c'est simplement trois niveaux, avec un concept presque aussi vieux que les jeux vidéo : appuyer sur les touches directionnelles en rythme, en suivant correctement le tempo pour éviter que le petit bonhomme ne finisse dans la lave. Ça paraît tout con et ça l'est, mais ça fonctionne bien. Les musiques sont chouettes, le jeu devient vite horriblement dur et les animations sont rigolotes. Du coup, on se dit : « ouais, ok », puis on recommence, parce que ça va vite. On va un peu plus loin, puis un peu plus loin, puis un peu plus loin, puis on termine le premier niveau. On regarde sa montre : ça fait une heure qu'on joue. Tout autour, les collègues travaillent dans l'open space. On jette un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite, et paf : on lance le deuxième niveau. On lève le nez et on se dit : « C'est moi ou, en janvier, les journées ont tendance à être vraiment très courtes ? »
Genre : jeu de rythme – Développeur : Randomphantom – URL : http://cpc.cx/nlA
Flight. Fais comme l’oiseau. On l'a déjà dit dans ces colonnes, mais on va prendre le risque de se répéter : les oiseaux sont des connards qui hurlent leur désespoir, tous les matins, à la face du monde, et qui se foutent bien de réveiller les honnêtes travailleurs aux aurores. Dans Flight, vous êtes l'une de ces créatures impies, lancée dans un magnifique ciel de janvier pour chantonner à tue-tête et inviter vos congénères à entrer dans la danse. Contrairement à The Dance Floor is Lava, il n'y a là aucune difficulté : il suffit de planer suffisamment près des autres oiseaux pour lancer une note de musique, faire grossir le groupe et rejoindre une autre escadrille. Alors, bien sûr, le développeur a bien essayé d'envelopper tout ça dans de grands élans de poésie, où chaque oiseau qui se joint au groupe ajoute un nouvel instrument à la partition divine en train de se construire, alors que le joueur plane dans un joli décor en 3D qui rappelle les jeux contemplatifs comme Flower ou Journey. Certes, c'est bien joli, pour les yeux et les oreilles, mais ça ne masquera pas bien longtemps la terrible vérité : les oiseaux ont un plan pour contrôler le monde, et nous n'en faisons pas partie.
Genre : poésie musicale – Développeur : Martin Gonzalez – URL : http://cpc.cx/nlB