Streamer Risk of Rain 2 restera à jamais l'une de mes pires erreurs. Voilà plusieurs semaines que mes fabuleux collègues et moi-même diffusions des vidéos de nos augustes faces en train de vagabonder sur tout plein de jeux, alors j'avais pris la confiance. Je voulais streamer ma découverte de Risk of Rain 2 en direct, histoire de partager avec les spectateurs ma rencontre avec ce roguelike que tout le monde disait fameux. J'avais oublié que, comme bon nombre de roguelikes, Risk of Rain 2 proposait un début de partie assez plan-plan : un seul personnage disponible, peu d'objets chouettes débloqués et une difficulté qui se corse vite et oblige à recommencer plusieurs fois de suite. Tous les ingrédients réunis pour que je finisse le stream lessivé et consterné. J'ai regardé la caméra, lâché un éloquent « Risk of Rain 2… bon… hein. » et me suis préparé à passer quelques heures affreuses à tester le jeu.
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Risk of Rain 2
Dimension Très Bien
Qu'ajouter à un roguelike déjà parfait ? Une dimension de plus, évidemment. Voilà sans doute pourquoi Risk of Rain 2 a délaissé la 2D de son ancêtre au profit d'une sémillante 3D. D'ailleurs, j'espère que le studio ne s'arrêtera pas sur sa lancée et continuera d'ajouter une dimension à chaque titre de la saga, et j'ai déjà hâte de jouer à Risk of Rain 5 et ses six dimensions, « le premier jeu capable de donner un orgasme oculaire aux chats » comme l'indiquera sa publicité. Le progrès ne s'arrêtera pas là car en 2054, les douze dimensions de Risk of Rain 11 rendront instantanément fous tous ceux qui poseront leur regard sur la boîte du jeu. Mais en attendant ce moment délicieux, commençons déjà par évaluer l'intérêt de ce Risk of Rain 3D.
J'espère que le studio continuera d'ajouter une dimension à chaque titre de la saga.
La stratégie Bethesda. Par bonheur, l'expérience ne fut pas aussi traumatisante que je l'avais cru, d'abord parce qu'il faut bien admettre que Risk of Rain 2 représente un véritable tour de force. Passer d'un roguelike 2D (avec vue sur le côté) à un roguelike 3D en gardant les mêmes mécaniques constitue un exercice particulièrement casse-gueule. On aurait donc pu s'attendre à un résultat désastreux, du genre qui dénature complètement le jeu et le transpose dans un univers 3D bourrin et stupide qui ne partage plus avec ses ancêtres qu'un nom, puis des années plus tard souille encore davantage sa mémoire en le transformant en MMO moisi où il faut tuer tuer tuer et encore tuer, avec une overdose de super mutants en prime, non mais au secours, le prochain jeu ça sera quoi, le débarquement de Normandie façon Confrérie de l'Acier contre super mutants nazis ? C'est ça Fallout ? C'est ça ?! Mais je m'éloigne du sujet. D'autant plus que Risk of Rain 2, lui, réussit parfaitement à évoquer le premier Risk of Rain. Il est même stupéfiant de constater à quel point les deux jeux provoquent les mêmes sensations. Stupéfiant de voir que dans deux jeux aux esthétiques aussi radicalement opposées, on reconnaît aussitôt les décors, le bestiaire et les objets qu'ils partagent.
L'amiral de la flotte. Une fois un second personnage débloqué – la huntress, déjà ma favorite dans le premier jeu –, Risk of Rain 2 paraît déjà plus agréable, plus accueillant, plus gratifiant. En décrochant des achievements, on débloque peu à peu des objets plus puissants, qui apparaissent dans les parties suivantes ; peut-être même qu'on s'aventure en coop' en ligne (jusqu'à quatre joueurs) et qu'on se met à survivre très longtemps grâce à des coéquipiers plus doués que la moyenne. C'est là que je me suis mis à apprécier Risk of Rain 2. Une fois à l'aise avec ses contrôles et ses mécaniques, je me suis éclaté à explorer des niveaux en tirant sur tous les monstres qui apparaissaient, à dépenser l'argent ainsi gagné dans des objets qui me donnaient de nouveaux pouvoirs et à arriver, après une demi-heure, dans des zones si difficiles que pour survivre mon personnage devait devenir l'équivalent de Neo dans Matrix.
Pluie battante. Ce moment de grâce n'a toutefois pas duré très longtemps. Au bout de quelques parties, le manque de variété des (quatre ? cinq ?) décors m'a gonflé. Ma réserve d'objets débloqués n'augmentait pas assez rapidement et ne contenait pas de quoi chambouler ma façon de jouer. De plus, en ligne, quand le joueur qui héberge se déconnecte, la partie s'arrête brutalement, et deux ou trois mésaventures de cet acabit m'avaient rendu grincheux. Surtout, je me suis rendu compte que Risk of Rain 2 est pour l'instant dépourvu de fin et qu'il se contente de rejouer les mêmes niveaux en boucle après sa zone finale, celle qui a pour décor de sublimes enfers cramoisis. Rien de grave pour un jeu qui vient de débarquer en accès anticipé, surtout lorsqu'il bénéficie des mécaniques gratifiantes et l'action bourrée d'adrénaline du premier Risk of Rain. Rien de grave comparé à un défaut majeur, contre lequel les développeurs de Hopoo Games ne peuvent rien : ma préférence personnelle pour les shooters en 2D. J'ai beau reconnaître la qualité exceptionnelle de Risk of Rain 2, je me dois de prévenir les amateurs de joli pixel art et d'action intelligible que, comme moi, ils risquent de préférer la 2D élégante et toujours claire du premier Risk of Rain à la 3D souvent illisible de sa suite.