Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas le mieux placé pour vous parler de Ghost Recon : Breakpoint. Les jeux de guerre, comme la guerre d’une manière générale, ne m’intéressent pas vraiment. Ce n’est pas par snobisme ou par un pacifisme forcené, c’est simplement que ça ne m’amuse pas autant que plein d’autres choses. Du coup, à la place, je vais vous parler de ma JAPD, ma journée d’appel de préparation à la défense, quand j’avais une vingtaine d’années. Je ne me souviens plus vraiment pourquoi, mais j’étais passé, à l’époque, entre les gouttes du recensement, d’où mon appel très tardif sous les drapeaux du ministère de la Défense. La chose s’est déroulée dans le fort de Vincennes, un endroit bien loin de la contrée où j’avais bâti mon refuge, mais où l’armée avait décidé de m’envoyer en compagnie de tout ce que la région parisienne comptait de cas sociaux trop cons pour se faire recenser correctement. Dès l’entrée dans le bâtiment, dès les premiers regards échangés avec mes compagnons de misère, j’ai su que la journée allait être longue, très longue.
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Ghost Recon : Breakpoint
Quelle connerie la guerre
C'est pas ma guerre. Le souvenir qu’il me reste de ma JAPD, c’est une ambiance détestable, où une génération perdue écoutait un abruti plus vieux leur dire que maintenant, le seul espoir, c’était de s’engager dans l’armée et, avec un peu de chance, de mourir dans un coin avec une balle dans le bide, pour avoir une petite plaque à son nom. Sur la dizaine d’heures passées dans ce fort de l’horreur, ni moi, ni aucun autre jeune n’a échangé un seul mot, trop terrorisé à l’idée de passer pour un con ou, pire, pour un fayot. C’était l’une des journées les plus ennuyeuses de ma vie, et je pensais l’avoir complètement oubliée, mais voilà que plus de dix ans après, à la présentation du mode multijoueur de Ghost Recon : Breakpoint, tout est revenu. Avec sept autres journalistes, pour des matchs en 4v4, l’ambiance était exactement la même, et le community manager, tétanisé, passait son temps à nous supplier de communiquer, pendant que chacun de nous restait totalement mutique, fidèle à l’adage « le premier qui parle est un gros bouffon ». J’ai passé quelques parties à tenter de survivre puis, après avoir pris une balle, j’ai rampé derrière une colline pour mourir comme un chien, trop timide pour demander de l’aide à l’un de mes équipiers. Au bout de 40 minutes, j’ai prétexté un autre rendez-vous et je suis sorti, en espérant que j’oublierais ce moment comme j’avais oublié ma JAPD.