Du coup, puisque personne n’a joué à Vampire : The Masquerade – Bloodlines, on va tenter de regarder ça avec un œil neuf. Bloodlines 2, d’après les développeurs de Troïka Games, est un RPG. Sauf qu’en fait, non, pas vraiment : un jeu où la création de personnage se limite à choisir entre trois « voies » (celle de la transformation en chauve-souris, en brume ou de la télékinésie), où les embranchements consistent à savoir si l’on entrera dans le bâtiment en passant par un conduit d’aération, en négociant avec les gardes ou par la force, où tout se joue à la première personne et où l’action se déroule dans une ville divisée en plusieurs segments connectés par des hubs, ça ne s’appelle pas un RPG, ça s’appelle Deus Ex. Et c’est très bien, hein ! Attention, ça n’enlève rien à la qualité potentielle du jeu. C’est juste pour éviter de se fâcher avec Izual. Voilà, donc Bloodlines 2, c’est surtout un immersive sim, dans l’univers vaste, riche et profond du jeu de rôle Vampire : The Masquerade.
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Vampire : The Masquerade - Bloodlines 2
We Suck Young Blood
Bon sang ne saurait vampire. Les présentations sont faites et le développeur qui nous montre le jeu, pour nous prouver que rien n’est truqué, va nous demander de faire des choix tout au long de la démo. Écran de sélection de personnage : nous nous mettons d’accord pour partir sur un spécialiste de la transformation en brume, ce qui devrait être assez pratique pour passer par les conduits d’aération. Le personnage principal, un thin-blood (vampire de rang inférieur, tout juste un peu plus fort qu’un être humain) se réveille dans un appartement un peu miteux de Seattle, où l'on aperçoit un tableau couvert de photos et de punaises qui correspondent, visiblement, à la quête principale : retrouver le vampire à l’origine de notre transformation. Mais pour l’instant, tout vampire qu’il soit, notre antihéros ne peut pas échapper aux impératifs de l’époque : trouver du boulot, et se sortir les doigts du fondement pour gagner sa croûte et le respect de tous les clans de la ville. Après un petit coup de pied aux fesses, le voici donc dans les rues d'une Seattle qui, si l’on en croit les développeurs, a été reconstituée de manière à ne pas ressembler à une image de carte postale, mais à la vraie ville, que connaissent ceux qui y vivent.
Le pâle air de la sœur. Passons sur les détails : une vampire trop jolie pour être honnête nous demande d’en retrouver un autre et de récupérer des informations. Pour accomplir la mission, il va falloir passer par les Nosferatu, un clan de vampires pas très amical, puis décider d’une stratégie pour mettre la main sur notre proie, en choisissant la force, la discrétion ou la persuasion. Pour cette partie, le développeur nous a montré un peu des trois. La discrétion, qui consistait à se glisser derrière des junkies pour leur sucer le sang, nous a permis de découvrir l’une des nouveautés de cet épisode : en fonction du sang qu’il ingurgite, le personnage pourra avoir accès à des pouvoirs différents, liés, par exemple, aux drogues consommées par ses victimes. Côté persuasion, le monsieur qui tenait la manette a bien insisté pour nous assurer qu’à la différence des jeux du même type, une bonne caractéristique ne débloquera pas une option de dialogue « magique » pour terminer l’événement, mais qu’elle permettra seulement d’avoir accès à un peu plus d’informations, ce qui aidera à faire les bons choix. Bons choix que nous n’avons pas faits, donc, puisque tout s’est terminé dans un bain de sang avec la découverte du système de… euh… combat… on va dire.
Le prince de sang-pété. Si tout était plutôt très joli dans Bloodlines 2 – la ville, l’ambiance, la brume, la nuit –, on était quand même assez loin de la perfection. Le moteur du jeu, visiblement, ne pouvait pas afficher beaucoup de personnages, et on se retrouvait dans des boîtes de nuit où quatre ou cinq péquenots se trémoussaient sans joie. Côté animations également, le jeu semblait accuser quelques années de retard. S’il n’y avait que ces petits défauts, pourtant, il n’y aurait rien à craindre de ce vampire, qui suinte quand même l’envie de bien faire et bénéficie d’un univers très riche. Malheureusement, ce que les développeurs nous ont montré du système de combat était plutôt catastrophique, avec des animations d’une mollesse sidérantes, une intelligence artificielle qui, visiblement, ne répondait plus de rien et un manque de punch flagrant. Malgré tout, si les combats restent rares ou que la copie est un peu retravaillée avant la sortie, Bloodlines 2 pourrait trouver sa place à côté des bons immersive sims de ces dernières années. Il reste toutefois un gros problème : le jeu ressemble beaucoup à Cyberpunk 2077, autre titre inspiré d’un grand jeu de rôle papier, prévu pour sortir quasiment en même temps. Et on ne va pas se mentir : à côté d’une telle concurrence, Vampire fait un peu pâle figure.