Oui, pas facile de regrouper des joueurs autour d'un jeu de plateau lorsque la police tire sur les promeneurs « par mesure d'hygiène » et que la promiscuité peut vous transformer en bombe biologique. Vêtus de nos plus belles combinaisons Hazmat, nous venons pourtant de passer un bon moment sur ce qui, de prime abord, ressemble au vilain plan opportuniste d'un éditeur frileux. Car l'air de rien, les titres du style « Machin chose, le jeu du film du livre » promettent rarement un produit aux finitions irréprochables. Or, il s'agit bel et bien de la première impression laissée par le jeu de Don't Panic Games, dont l'ouverture permet de découvrir un thermoformage efficace pour ranger son matériel, lui-même composé d'éléments en carton bien épais et de cartes au vernis satiné très agréables à manipuler. Enfin, sans surprise, Space Serenade propose de regrouper jusqu'à quatre joueursNote : 2 qui incarneront les chasseurs de primes du célèbre anime.
Note 2 : Vous pouvez aussi vous regrouper tout seul pour jouer, mais cela reste moins amusant
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Cowboy Bebop - Space Serenade !
Un plan sans Faye
Lorsque j'ai tenté de rameuter quelques joueurs chez moi pour tester Cowboy Bebop - Space SerenadeNote : 1, voici le genre de réponses que j'ai reçues : « Cowboy quoi ? », « C'est le nouveau Naruto ? », « Tu veux qu'on meure d'ennui ? ». Puis le confinement fut décrété et les réponses n'ont pas vraiment changé, lors de ma relance : « Bebop quoi ? », « C'est le nouveau Dragon Ball ? », « Tu veux qu'on meure du coronavirus ? ».
Note 1 : Que nous appellerons désormais Space Serenade pour le différencier de l'anime original.
Qui s'y frotte s'y Spike. Pour être franc, je n'ai jamais vraiment apprécié Cowboy Bebop et ce jeu partait aussi gagnant qu'un Terraforming Mars ou un Root, entre les mains griffues de cette boule de haine appelée ackboo. Pourtant, je fus surpris de découvrir un système de deckbuilding sympa qui, sans réinventer le genre, utilise parfaitement l'univers de l'anime pour apporter quelques touches d'originalité. Car non content de nous faire endosser le rôle de Spike, Faye, Ed et Jet en dotant chacun de deux pouvoirs spéciaux, Space Serenade s'appuie ingénieusement sur la rivalité amicale du groupe, qui pousse chacun à coopérer pour capturer des hors-la-loi sur trois planètes en essayant d'en tirer les honneurs. Dans les faits, cela se traduit donc par des ennemis qui disposent tous d'une jauge de santé et d'enquête, dans lesquelles chacun puise en sachant que si le bandit s'échappe, personne ne gagne le moindre point. Poussés par ce système et une règle qui permet de bénéficier des compétences de nos alliés en se rendant sur la même planète, Space Serenade transforme alors chaque joueur en un curieux mélange d'ami et d'antagoniste passif. Car au-delà de ces quelques mécaniques, le jeu repose essentiellement sur la construction de decks à la volée, obligeant chacun à se servir dans un marché commun tant pour optimiser son jeu que pour limiter les bonnes pioches des autres. Plutôt pas mal, pour un jeu qui débarquait en braillant « tu l'as vue, ma grosse licence ? ».