On a toujours un pénible dans notre entourage. Celui qui, mois après mois, insiste sans relâche pour que l’on essaie son jeu. Celui qui, affirme-t-il, va révolutionner notre regard sur les cartes, le gameplay, voire les jeux de société et la politique internationale. Dans mon cas, il s’appelle Romain. Jusqu’à maintenant, j’avais réussi à résister à ses appels du pied incessants. Et puis quand Kahn Lusth s’y est mis, en me demandant un papier sur ce même jeu, je n’ai pas eu le choix, j’ai dû plonger. Et vous savez quoi ? J’ai peut-être eu tort de m’entêter.
Paris, un jeudi vers 18 h, dans une boutique spécialisée en jeux de cartes.
« Bonsoir. Est-ce que vous vendez des cartes Dragon Ball Supcar... Dragon Ball Surpcar... Enfin vous voyez quoi. » La vendeuse sourit, met la main dans un display. « Ouais, c'est dur à prononcer hein ? Nous on dit DBS, c'est plus simple. Combien de paquets ? » Je regarde autour de moi, comme quelqu'un qui va faire une connerie.
En ce qui me concerne, en dehors de Magic, point de salut. Du coup, fort de mon ignorance crasse, j’étais très embêté pour écrire sur Force of Will (FoW). Heureusement, j’ai des copains, qui eux connaissent bien le sujet. Jeff Leber notamment, qui possède l’une des plus grosses collections au monde, et l’un des principaux piliers de la communauté française, excusez du peu. Et comme Jeff est super sympa, il m’a pris entre quatre yeux, et il m’a tout expliqué.
« C’est en l’an 1764 que la bête apparut sur nos terres et les fit siennes. Un an plus tard, sa renommée dépassait les frontières de notre province et l’on commençait à penser que nul mortel n’en viendrait jamais à bout. Sous ses assauts, le pays de Gévaudan s’enfonçait peu à peu dans les ténèbres. »
Jacques Perrin, Le Pacte d’ackboo (2001).
Vous en avez fait du chemin avant d’atteindre ces vertes contrées. Vous vous voyez y construire une belle hutte, faire des mômes, semer du quinoa… et bim ! Ça fait pas cinq minutes que vous avez posé vos baluchons que des squatteurs débarquent pile au même endroit ! On n’est jamais tranquille.
On avait pu essayer Orichalque au Festival International des Jeux de Cannes, et se faire rouler dessus par Bruno Cathala et sa moitié. Maintenant qu’on a pu y jouer et y rejouer avec des gens qui n’ont pas treize mille coups d’avance, que penser de ce qui se présente lui-même comme un 4X sur table abordable ?
Les hommes sont redevenus des singes. C’est vrai sur Twitter, mais c’est encore plus vrai dans Les Tribus du Vent. Le sol, pollué par les excès de l’Homme, est devenu invivable et les survivants se sont réfugiés dans les arbres pour retrouver les vraies valeurs : construire des villages, bâtir des temples et – surtout – faire de l’accrobranche.
J’aime Splendor. Ses mécaniques élégantes. Ses illustrations classieuses. Ses jetons de poker qui font un tic-tic-tic des plus satisfaisants quand on les empile. Du coup c’est avec moult curiosité que j’ai découvert cette nouvelle mouture. De la curiosité, et aussi de nombreuses interrogations, étant donné que l’original fonctionne déjà très bien à deux.
Il y a des choses qui ne se disent pas dans le monde du jeu de plateau. De noirs secrets honteux que l’on garde. Voici le mien : les jeux « experts » m’emmerdent. La plupart du temps, les eurogames, héritiers des « kubenbois » allemands, dans lesquels il faut gérer trois mille pistes, deux decks de cartes, vingt ouvriers et ouvrir un tableau Excel pour compter les points, me gonflent copieusement. Pas Federation.
Les deux grandes forces du jeu Detective étaient l’immersion dans la peau d’enquêteurs et les recherches en ligne, sur une base de données fictive ou sur le vrai web. C’était bien, on s’y croyait. Portal Games reprend donc le moteur du jeu pour cette version sur Arrakis, en virant ces deux aspects pour… hein, attendez, quoi ?
Attaquons tout de suite le Chtonien dans la pièce. Un jeu à la Lovecraft, est-ce qu’il n’y en aurait pas déjà un ? Pas sûr, en fait. L’Appel de Cthulhu mobilise l’univers, mais de façon orientée enquête, avec le fameux Trouver objet caché qu’on finit par mobiliser mentalement au moindre chargeur perdu.
À ma gauche, il pèse 45 kilos et pourrait bien crever d'un rhume, j'ai nommé l'idole des vieux : Roooooll20 ! À ma droite, doté de cuisses larges comme des troncs d'arbre et capable de maîtriser un système de jeu de rôle comme certains matent un taureau : Fouuuuundryyyy ! Et au centre, c'est l'outsider, il bave de rage et veut mettre des patates à tout le monde : Leeeet's Rooooole !