« Bon Tisseur, c’est toi le spécialiste des JCC, tu nous fais un truc sur Lorcana ?
– Euh, c’est que j’avais une histoire en or sur Magic et les Pinker…
– Non, mais Magic c’est has-been, on en a marre que tu parles que de ça, faut que tu changes d’air.
– Mais je…
– Allez, tu me ponds une page pour le prochain HS, merci bisous ! »
Quand Perco, toujours à la pointe de l’information, a évoqué au détour d’une conférence de rédaction l’existence d’une extension pour La Cathédrale rouge, j’ai été surpris. Le jeu de base tourne vraiment bien, et je n’avais même pas envisagé qu’on puisse y rajouter quoi que ce soit. Alors j’ai remis mes gants de bâtisseur, j’ai ressorti mon papier millimétré et j’ai reconstruit pour la dixième fois la cathédrale Saint-Basile, accompagné par mes fidèles coreligionnaires ludiques (merci Joëlle, elle se reconnaîtra).
Les villes, c’est chiant. Il ne s’y passe jamais rien, hormis des chantiers de construction bruyants pour édifier des bâtiments mignons, afin d’accueillir des gens heureux et de générer du bonheur chez les bisounours arc-en-ciel de la félicité joyeuse. Mais ça, c’était avant l’arrivée des Kaijus.
« Je ne peux m’empêcher de remarquer que nombre de ces structures n’ont pas de fonction particulière. Il y a une esthétique, une beauté particulière ici. » Plusieurs milliers d’années après les événements de The Talos Principle, les androïdes reprennent du service dans un monde où les humains sont toujours désespérément absents, sur fond de questionnements philosophiques existentiels.
Selon Aristote, les pragmata sont les affaires humaines. Entendez par là les pratiques sociales, les pratiques de groupe et individuelles, les pensées, perceptions, pratiques religieuses, les pratiques d’écriture et de lecture, celles de médiation et de médiatisation (merci Wikipédia). À vue de nez, le jeu qui nous occupe n’a pas grand-chose à voir avec tout ce babillage philosophique, mais vous aurez au moins de quoi briller au prochain déjeuner de famille.
Au début, je m’étais dit que ça serait un article facile à écrire. Après tout, peu de gens connaissent le monde merveilleux des jeux à fabriquer de ses petites mains (ou de sa petite imprimante, c’est selon). Je me voyais déjà pondre un top 10 de mes jeux préférés, le genre d’article vite fait bien fait sans prise de tête. Et puis Perco, ce monstre sans cœur, m’a montré qu’il existait déjà un top des meilleurs jeux de référence sur BGG. Mon plan était tombé à l’eau, j’allais devoir bosser un peu plus.
Si vous avez un tant soit peu roulé votre bosse dans le paysage ludique, et que vous vous considérez un « vrai » joueur, alors vous avez forcément fait face au dilemme déchirant de savoir quel jeu emmener en partant en vacances. Les forcenés embarquent leur Battlestar Galactica pour partir à l’autre bout du monde (ne riez pas, mon pote Magouille l’a vraiment fait), les plus raisonnables se contentent d’une boîte ou deux plus modestes. Mais pour ceux qui aspirent à la variété sans sacrifier la place de leurs sous-vêtements, il existe quelques pépites qui méritent qu’on s’y attarde un peu.
Malgré tout mon raffinement et ma délicatesse, j’adore les films de gros bourrins. Les Demolition Man, les Terminator, les Piège de Cristal, John Wick et Bloodsport. J’aime quand ça castagne, quand ça saigne, quand ça tranche et quand ça gicle. Alors quand en plus il s’agit de rendre service à Perco, débordé qu’il est par une montagne de 28 kilos de jeux à traiter pour la veille, je hoche sobrement la tête et je m’exécute, jubilant intérieurement.
Oui je sais, vous allez m’accuser de lobbyisme, de favoritisme, voire d’avoir des actions chez Leder Games. Tout ceci est faux. J’aimerais bien, notez. Mais non, c’est juste que j’aime ce que fait Cole Wherle, et que j’ai sacrément envie de vous parler de son prochain projet.