Alors que je quitte la salle de projection de Cyberpunk, des étoiles dans les yeux et une veste promotionnelle taille S sous le bras, un trentenaire à l’air soucieux vient m’aborder. Un badge « Exposant » pendouille tristement de son cou. « Bonjour, j’aimerais vraiment avoir cette veste en M, est-ce que tu sais où je peux l’acheter ? » Lorsque je lui avoue n’en avoir aucune idée, il affiche une mine déçue. « Je ne suis pas de la presse, et ils ne veulent en donner qu'aux journalistes », déplore-t-il avant de repartir, dépité. Le même manège recommence une heure plus tard, quand je pose la fameuse veste sur un siège, le temps de tester un autre jeu. « Malheureuse ! Ne laisse pas ça traîner, tout le monde la veut », me hurle un développeur. Je serre la veste précieusement contre mon cœur battant et cours pour me rendre à mon prochain rendez-vous. Autour de moi, des voix s’élèvent – « Je te l’échange contre un rein fonctionnel ! » –, j’esquive un visiteur malingre arborant une pancarte « Une veste Cyberpunk 2077 contre mes faveurs sexuelles » et je finis par me réfugier dans les toilettes les plus proches, alors qu’une dizaine de fous furieux tambourinent à la porte. Comment en est-on arrivé là ?