Le point santé/bien-être
Les jeux vidéo peuvent-ils vous déstresser après un épisode stressant ? Oui, mais il y a des subtilités. Je vous résume les conclusions d'une étude scientifique menée sur 82 participants jouant à A Plague Tale et publiée dans l'International Journal of Psychophysiology. Si vous êtes dans un passage non violent du jeu, votre niveau de stress réel (mesuré par un électrocardiogramme et le niveau de cortisol dans la salive) et ressenti (exprimé par un questionnaire) diminue. Si vous êtes dans un moment violent, votre niveau de stress ressenti augmente, tandis que votre niveau de stress réel... diminue lui aussi. En clair, le jeu vidéo réduit le stress dans tous les cas, mais vous aurez quand même l'impression (faussée, car sans réalité physiologique) d'être stressé si le jeu vous met dans une situation violente. Faites-en ce que vous voulez, moi, je retourne jouer à mes city-builders pacifistes. A.
Animal, le signal
Tarsier Studios n’est plus aux commandes de la série des Little Nightmares, et le troisième épisode a été confié à Supermassive Games. Alors loin de moi l’idée de suggérer qu’ils n’ont pas digéré l’info, mais je dis simplement que leur prochain jeu Reanimal ressemble comme deux gouttes d’eau à la même chose, en mieux. Deux enfants y font tout pour survivre, dans un monde cauchemardesque qui cherche leur mort. C’est déjà une bonne idée narrative d’inverser la réalité, chacun sait bien que c’est l’inverse, le monde des adultes cherchant sans relâche tous les stratagèmes pour garder en vie des bambins, qui n’ont de cesse de se mettre en danger de mort en permanence, à coup de doigts dans la prise. Mais surtout c’est sublime, et leur puzzle-platformer semble mis en scène avec talent. Bonne nouvelle, il arrive au 1er trimestre 2026 P.
IA plus qu'à
Des nouvelles de « l’IA qui va faire des jeux vidéo et remplacer les développeurs du passé » avec cette amusante histoire repérée par Kotaku : un ingénieur du nom de Desimulate fait le buzz sur le réseau social officiel des enfers (X) grâce à une petite vidéo de cinq secondes à peine. Un paysage en pixel art mignon, avec quelques effets parallaxes et une vue FPS, le tout dans une ambiance old RPG-esque du plus bel effet, obtenue en triturant Midjourney dans tous les sens durant des semaines. Face aux réactions (allant de « c tro bô » à « c’est impossible à faire en vrai jeu »), il surprend son monde en annonçant qu’il recrute des développeurs et monte un studio pour transformer ce clip en un projet de jeu complet, un Fantasy RPG au vaste monde. Là où cela devient vraiment drôle, c’est lorsqu’il explique à la newsletter Push to talk qu’il n’est pas question de le faire avec de l’IA, car « les outils ne sont pas assez bons », et que Midjourney pour faire cinq secondes de vidéo ça va bien, mais pour pousser le concept, il faut mettre les mains dans le cambouis. Écoutez, si tous les projets IA ont pour conséquence d’engager des gens pour travailler pour de vrai, je suis finalement pour. P.
Vous savez ce que veulent les jeunes d'aujourd'hui ? Les développeurs de Silent Hill f ont tranché (à la naginata) : les jeunes veulent du SANG, des COMBATS EXIGEANTS À LA BARRE DE FER et des ARMES INCASSABLES. C'est ainsi que, afin d'« attirer un jeune public », l'équipe a déclaré à Game Spark avoir planché sur un tout niveau système de combat pour se démarquer des autres épisodes de la franchise. ER.
Développeurs de tous les pays, syndiquez-vous
En 2022, comme le rappelle PC Gamer, les testeurs Q&A de Raven Software avaient créé le tout premier syndicat au sein d'un studio américain majeur de jeu vidéo. Après trois ans de négociation avec Microsoft, ces derniers ont pu ratifier leur première convention collective, laquelle leur assurera notamment une augmentation salariale garantie de 10 % sur deux ans, des protections contre les licenciements ou encore des mesures préventives contre le crunch, comme un préavis de sept jours requis pour toute heure supplémentaire. Dans une industrie où les mauvaises nouvelles pleuvent tous les quatre matins et où je tremble comme une feuille dès que je vois Jason Schreier publier un post sur Bluesky qui commence par « BREAKING », toute avancée sociale est bonne à prendre. ER.
Le toutou pour le tout
Je suis à la bourre, mais mieux vaut tard que jamais, surtout quand il est question d'un jeu indépendant gratuit, open source avec un adorable gros chien poilu : DOGWALK est sorti le 11 juillet dernier sur Steam, et c'est une petite merveille où l'on incarne un toutou qui traîne son maître à travers des paysages hivernaux sublimes – un lac gelé, une petite forêt – pour l'aider à finir son bonhomme de neige. C'est une expérience d'environ dix minutes (enfin, tout dépendra de votre sens de l'orientation et de votre rapidité à trouver ce qui peut constituer un chapeau ou un nez), qui semble surtout être conçue pour promouvoir les merveilles que peut faire le moteur Godot associé à Blender, mais qui devrait suffire à vous coller un sourire benêt sur le visage pour toute la journée. ER.
C'est beau, c'est bon, c'est BioShock 4
Le développement de BioShock 4, qui a commencé il y a maintenant plus de dix ans, est actuellement placé sous le signe du chaos et de l'incertitude, selon Bloomberg : pour résumer grossièrement, les développeurs de Cloud Chamber ont présenté le jeu à leur éditeur, 2K Games, qui leur a demandé de revoir leur copie. « À l'heure actuelle, nous avons un bon jeu, mais nous souhaitons livrer un jeu excellent », a écrit un représentant de 2K en réponse aux questions de Bloomberg. Plusieurs cadres du studio ont quitté le projet (dont la directrice du studio Kelley Gilmore et le directeur créatif Hogarth de la Plante, qui a soit le meilleur pseudonyme au monde, soit des parents qui souhaitaient le voir en échec scolaire dès la maternelle) – d'expérience, ce n'est pas très bon signe. ER.
« J'arrête *hic* quand je veux », a déclaré Supergiant Games, la bouteille d'accès anticipé à la main, alors qu'il ajoutait une énième lichette de mise à jour dans son verre d'Hades 2 pourtant déjà bien rempli depuis 2024, en jurant que « c'est la dernière avant la V1 *hic* promis oooooh !!! » K.
Pensée complexe
Quand on vous dit que la « crise » du jeu vidéo n’est pas causée par les coûts de production en hausse, ou des « conditions économiques troubles », ou je ne sais quelle autre excuse bidon, mais bien à cause d’une gouvernance dans l’ensemble désastreuse. Nouvel exemple en date avec Warner Bros. Games qui ne semble pas avoir eu assez de poussière la dernière fois qu’il en a mangé. L’éditeur publie une offre d’emploi pour un poste de producteur exécutif au sein de son studio de Montréal avec, parmi les missions, « la supervision […] de la stratégie jeu service » d’un titre « AAA de haute qualité basé sur une licence issue du vaste catalogue Warner Bros. et DC Comics ». Vous savez quoi ? Je viens de réaliser… Finalement, c’est on brand. Warner Bros. démontre simplement que c’est lui, le véritable et littéral Suicide Squad. K.
Les joueurs vont en appel
Devant le constat qu’il suffit à une petite association australienne réac' de chouiner auprès des réseaux de paiement pour déclencher un mouvement mondial de censure des titres pornographiques sur les plus grandes plateformes de jeux PC, nombreux sont ceux qui ont décidé de jeter le gant pour voir qui chouine le plus fort. Sur Reddit, sur Bluesky, on se passe le mot. On se donne les numéros de téléphone de VISA, de Mastercard, de PayPal et de Stripe. On se partage les bonnes astuces : « Surtout, feignez l’ignorance et restez polis ! Vous devez leur faire perdre un maximum de temps sans qu’ils vous raccrochent au nez ! » On se vante de ses performances : « J’ai tenu 25 minutes ! » On se félicite d’entendre les voix des opérateurs fatigués qui soupirent : « Vous appelez à propos des jeux vidéo, c’est ça ? » C’est pourtant connu, quand il s’agit de porno, l’endurance est la clé. K.
Exclus exclues
Alors que Microsoft embrasse de plus en plus sa nature d’éditeur tiers qui propose ses jeux sur les consoles des concurrents (il faut dire aussi que les siennes se vendent de moins en moins), Sony semble également avoir des envies d’ailleurs. Après l’arrivée de quelques-unes de ses plus grosses exclus sur PC (comme les God of War, les Horizon et les The Last of Us) et de celle sur Xbox de son très apprécié Helldivers 2, le consolier laisse transparaître des projets encore plus transversaux. Courant juillet, le compte X @HazzadorGamin remarque une offre d’emploi publiée par Sony pour un poste de « directeur multiplateforme senior » dont les prérogatives stratégiques s’étendront « au-delà des machines PlayStation, comprenant Steam, Epic Games Store, Xbox, Nintendo, et mobile ». Les consoles n’ont décidément jamais été aussi proches de devenir des PC comme les autres. K.
L’initiative citoyenne européenne Stop Killing Games a passé les 1,4 million de signatures. Une marge d’erreur à partir de laquelle même son instigateur principal, le vidéaste américain Ross Scott, pourtant de nature prudente, a admis qu’un examen par la Commission européenne semblait garanti. K.
La ristourne a tourné
Si les gamerzzz étaient amenés à faire leur version des gilets jaunes, leur équivalent du prix de l’essence serait certainement celui des jeux. Et si certains sont toujours en train de digérer le Mario Kart World à 90 € en physique, on a tendance aussi à oublier que Microsoft, entre deux vagues de licenciements, a annoncé augmenter le tarif de ses prochains titres de dix euros, les passant à 80 balles. Il semble néanmoins que l’éditeur ait besoin de lâcher du lest afin de redorer sa propre image, particulièrement esquintée ces derniers temps. Obsidian a ainsi déclaré que, finalement, The Outer Worlds 2 ne coûterait pas 80, mais bien 70 euros. Rapidement, Microsoft a confirmé qu’il ne s’agissait pas d’une exception, mais bien d’un immense rétropédalage et que tous leurs jeux prévus pour les fêtes étaient concernés. Tout va bien. On range notre gamerzzz Francis Lalanne. K.
En dessous de la censure
Itch.io et Steam ont confirmé que leur politique quant aux jeux pour adultes a bel et bien été mise à jour à cause de pressions exercées par les réseaux de paiement. De son côté, la journaliste Ana Valens a cherché à savoir qui avait provoqué les provocateurs. Dans le cadre de deux articles pour Waypoint, la verticale jeux vidéo de VICE, elle épingle un mouvement australien abolitionniste du porno qui revendique avoir déclenché ce nouveau cadre réglementaire. L’histoire aurait pu s’arrêter là si Savage Ventures, qui détient VICE, n’avait pas censuré les deux textes, estimant leur contenu trop controversé. Valens et d’autres contributeurs pour Waypoint ont décidé de cesser sur-le-champ leur collaboration avec le média. Izual a commenté sur BlueSky : « En haut, ils ne veulent plus de presse indépendante sur le jeu vidéo. Elle ne pourra exister que grâce à vous. » Pas mieux. K.
Interdits bancaires
Courant juillet, les développeurs ont repéré une modalité apparue dans la documentation Steam. Il est désormais interdit de publier du « contenu susceptible d’enfreindre les règles et normes établies par les organismes de traitement de paiement de Steam et les réseaux bancaires associés ». Il n’est pas difficile d’identifier ce qui chagrine VISA, Mastercard et PayPal : les jeux pornos sont dans le collimateur. SteamDB remarque que l’arrivée de ce nouveau cadre coïncide avec la disparition de titres aux thématiques plus que sulfureuses, certains utilisant carrément l’inceste comme un argument de vente. Quelques jours plus tard, Itch.io annonce à son tour qu’il désindexe le contenu NSFW pour les mêmes raisons. Si l'on ne pleure pas l’intégralité des évincés, on est en droit de questionner une véritable ingérence exercée par des entreprises qui déterminent ce qui doit être censuré ou non. K.