Version originale
À force de voir défiler les mises à jour de Steam quasiment à chaque lancement, on finit par oublier qu'elles ont parfois des conséquences. La dernière bêta, par exemple, empêche de télécharger d'anciennes versions des jeux, comme il était possible de le faire jusqu'ici. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour certaines personnes qui jouent debout cela veut dire beaucoup, par exemple les speedrunners, dont les performances sont liées à des versions précises du jeu, dont ils exploitent parfois des glitches corrigés dans les updates subséquentes (la loi Toubon autorisant l'usage d'un mot anglais lorsqu'il est suivi d'un adjectif de trois syllabes ou plus). LFS
Mauvaise foi nocturne
Rockstar continue de terroriser tous les développeurs du monde et de les empêcher de dormir. Alors qu’ils avaient « promis promis » une sortie du bulldozer GTA 6 en mai 2026 (contrairement à l’annonce initiale pour fin 2025, qu’ils avaient juste « promis »), les Californiens ont annoncé, le 7 novembre, un nouveau report, pour finaliser (finir) le jeu. Ce sera donc pour le 19 novembre 2026 nous dit-on, mais cette fois c’est « promis promis promis ». Partout dans le monde, des développeurs se réveillent donc de nouveau en sueur la nuit, en hurlant « AH ! faut que je décale aussi la sortie de mon jeu », avant de se souvenir que leur Tycoon de toiletteur pour chiens ne boxe pas dans la même catégorie. P.
La désunion fait la force
Selon un article de Bloomberg, Rockstar vient de licencier plus d'une trentaine de ses salariés, un an avant la sortie de GTA VI (qui vient d'être repoussé au 19 novembre 2026). Le syndicat Independent Workers' Union of Great Britain (IWGB) dénonce « un acte de répression antisyndical impitoyable », sachant que ces salariés avaient tous pour point commun de faire partie d'un serveur Discord privé dédié à l'organisation syndicale au sein du studio. La maison mère de Rockstar, Take-Two Interactive, a répondu rapidement aux interrogations des médias par le biais de son porte-parole Alan Lewis, lequel a déclaré avoir « mis fin à la collaboration » (un terme plus sympa pour dire « licencier ») d'un « petit nombre d'individus » (un terme plus sympa pour dire « entre 30 et 40 êtres humains ») pour « faute grave », niant toute accusation de répression antisyndicale. Selon un communiqué envoyé à Bloomberg, les employés concernés auraient été « surpris en train de diffuser et de discuter d’informations confidentielles sur un forum public. » De leur côté, l'IWGB a annoncé qu'ils ne comptaient pas lâcher le morceau – il est donc fort probable qu'on vous reparle de cette affaire dans les mois à venir. ER.
Mouse : P.I. For Hire, le boomer shooter aux animations en noir et blanc sublimes que Sébum attend fébrilement depuis l'année dernière, a enfin une date de sortie : le 19 mars 2026. ER.
Contrôle surprise
Nous avons quelques nouvelles du rachat d'EA par un consortium mené par toute une armée de super-vilains (pour rappel, le PIF, Silver Lake et Affinity Partners) : dans une FAQ destinée aux employés de la boîte, on apprend que l'éditeur assure être dans une « bonne position financière » (malgré ses quelque 20 milliards de dette, donc) et entend bien préserver son « contrôle créatif ». Sachant que c'était peu ou prou le même discours que tenait SNK (dont le PIF détient 96 % des parts depuis 2022) avant que Cristiano Ronaldo ne débarque sans aucune raison valable dans Fatal Fury : City of the Wolves, permettez-moi d'être dubitative – on en reparle quand Mohammed ben Salmane débarquera sous forme de DLC dans les Sims. ER.
Arc Raiders, le nouvel extraction shooter d'Embark Studios, a explosé tous les records lors de sa sortie le 30 octobre : plus de 200 000 joueurs simultanés ont été recensés sur Steam et le jeu fait désormais partie des meilleures ventes de la plateforme, devant Counter-Strike 2 et Battlefield 6. À ce stade, je ne sais pas si Call of Duty : Black Ops 7 pourra se permettre de faire mieux, à moins de proposer un skin Philippe Etchebest. ER.
Des nouvelles de la presse « j’y vais »
Attention, je m’apprête à balancer le scoop le moins juteux de l’histoire : la presse jeu vidéo va mal. Et même si on observe de formidables initiatives éditoriales fleurir çà et là (on pense à Aftermath outre-Atlantique ou à Origami par chez nous), il ne faut pas attendre bien longtemps pour tomber sur une énième mauvaise nouvelle dans le milieu. D’après des témoignages publiés en ligne et vérifiés par VGC, Valnet (comprendre une sorte de Reworld canadien) vient de trancher dans le vif de l’équipe éditoriale du site The Gamer qui voit des services entiers éradiqués. D’ailleurs, toujours d’après VGC, décidément peu avare en mauvaises nouvelles, la plateforme de relation presse Press Engine (honnie d’Ellen Replay) estime que le nombre de journalistes jeu vidéo a diminué de 1 200 têtes de pipe en deux ans, soit un quart d’une espèce résolument en voie de raréfaction. K.
Avez vous déjà essayé de saupoudrer de la drogue sur votre drogue afin de lui donner un petit goût supplémentaire de drogue à la drogue ? Non ? Inutile d'appeler votre dealer : Poncle, le développeur de Vampire Survivors vient d'annoncer un DLC sur le thème de Balatro. Et c'est déjà disponible. K.
Netflix à la rescouxe
Vous savez, dans les RPG, quand votre personnage est empoisonné et que vous n’avez pas de moyen immédiat de le traiter et que vous êtes là, à regarder avec tension ses points de vie diminuer en vous demandant si vous arriverez chez le soigneur à temps. Eh bien, quand on jette un œil aux résultats financiers du premier semestre 2025 de Don't Nod, on ne peut pas s’empêcher d’avoir un sentiment similaire. Car, malgré le triste plan social de cette année, l’éditeur français qui ne fait plus vraiment rêver continue de voir ses bas de laine fondre comme neige au soleil avec, notamment, une perte de presque 21 millions d’euros sur les six mois concernés. Don't Nod reconnaît des résultats commerciaux décevants pour son dernier gros titre, Lost Records : Bloom & Rage, mais annonce dans le même temps un juteux partenariat de développement avec Netflix qui devrait lui donner un peu d’air. K.
Amazon de turbulence
Ça fait plus de dix ans qu’Amazon nous prouve qu’il ne suffit pas de déverser des tonnes de billets sur des studios pour réussir à s’implanter dans l’industrie du jeu vidéo. Mais dans un souci d’équilibre, le 28 octobre, le géant américain s’apprête à procéder à la démonstration inverse : le fait de virer les gens n’est pas non plus une bonne stratégie pour créer des cartons. Dans le cadre plus général d’un plan de licenciement qui concernera plus de 14 000 personnes à travers tous les services, on apprend dans une note interne de Steve Boom (vice-président des divisions Audio, Twitch et Jeux) que l’entreprise « a pris la difficile décision d’arrêter une grande partie du développement sur les AAA maison, en particulier les MMO ». On ne connaît pas encore le nombre de postes touchés, mais l'équipe derrière New World a déjà annoncé qu'il n'y aurait plus de nouveau contenu à l'avenir. K.
EA et Stability AI (Stable Diffusion) annoncent un partenariat pour « donner du pouvoir aux artistes ». Vu d’ici, j’ai surtout l’impression que c’est un moyen de « s’en passer ». Vous pensiez que les 20 milliards de dollars de dettes suite à la sortie de la bourse allaient se renflouer tout seuls ? K.
Laisse pas traîner ton fils (sur Roblox, en tout cas)
James Uthmeier, le procureur général républicain de l’État de Floride, s’est exprimé le 20 octobre au moyen d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux dans laquelle il annonce entamer une enquête criminelle sur Roblox. D’après lui, la plateforme « permet [aux] enfants d’être maltraités » et représente « un terrain favorable permettant aux prédateurs d’approcher et d’avoir accès [aux] enfants ». Pas que d’après lui d’ailleurs, puisque l’entreprise commence doucement à collectionner les affaires judiciaires, comme le rappelle Game Developer. L’État de Louisiane a également attaqué la plateforme en justice en août dernier, la décrivant comme « l’endroit rêvé pour les pédophiles ». Et je vous épargne les cas individuels, nombreux, dans lesquels les familles attaquent Roblox en justice à cause d’abus pratiqués sur des enfants et où la plateforme a joué un rôle crucial. K.
Crise de la trentaine
Entre les licenciements, l’abandon progressif de la notion d’exclusivité de ses productions maison ou la hausse des tarifs du Game Pass et des consoles qui ne se vendent déjà pas : si vous vous demandez à quoi rime la stratégie de Xbox depuis deux ans, sachez que vous n’êtes pas les seuls. Les journalistes Jason Schreier et Dina Bass ont cependant peut-être mis le doigt sur un gros facteur qui pourrait expliquer pas mal de choses. D’après leur article publié sur Bloomberg, Microsoft a exigé à sa division jeu vidéo un pourcentage de marge bénéficiaire de 30 %. Si l'on en croit les experts, c’est énorme, voire déraisonnable, le standard pour l’industrie se situant plutôt entre 17 et 22 %. Une fois qu’on sait que celle de Xbox évolue entre 10 et 20 % depuis six ans, on comprend mieux la panique à bord pour réduire au maximum les coûts afin de faire remonter les sacro-saints chiffres. K.
Le retour du droit
J’aurais pu vous parler des annonces de Quantic Dream concernant cet étrange MOBA en free to play, Spellcasters Chronicles, si loin de son ADN, ou de cette phrase au détour d’un communiqué précisant que Star Wars Eclipse était toujours en cours de développement. Cependant, elles sont tombées si proche du jugement rendu par la Cour de cassation le 15 octobre à l’égard de l’affaire de la culture toxique au sein de Quantic Dream qu’on ne peut pas s’empêcher de se dire que la diversion est un art sophistiqué. Mediapart rapporte que la juridiction annule la décision de 2023 de la cour d’appel qui avait refusé à l’ancien chef du service informatique, victime de photomontages dégradants, des indemnités pour son départ. Cet arrêt inattendu et cinglant pour le studio remettra donc tout le monde devant une cour d’appel qui devrait inscrire un point final à cette interminable procédure. K.
Counter-Strike 2 : le jeudi noir
Si vous stockiez depuis dix ans des skins Counter-Strike 2 dans l'espoir de les revendre un jour pour vous acheter une Lamborghini, il faudra peut-être faire l'impasse sur les jantes 22 pouces incrustées d'émeraudes. Sans prévenir personne, Valve a en effet décidé de modifier la façon dont on peut obtenir les skins les plus recherchées. Au lieu de claquer votre PEL en lootbox pour décrocher, si la chance vous sourit, un couteau hors de prix, il est désormais possible de l'échanger contre cinq items cosmétiques moins précieux. Résultat : une explosion de l'offre des skins rares sur le marché, et donc un effondrement des prix qui a réduit d'environ un tiers – deux milliards de dollars, tout de même – la valeur totale des skins Counter-Strike 2. Comme quoi votre oncle Jean-Louis avait raison, il fallait mieux investir dans un Livret A et des actions Eurotunnel. A.