Que faire quand on a déjà bossé sur des jeux maboules (les Just Cause, entre autres) pendant quinze ans chez Avalanche et qu'on part fonder son propre studio ? Apparemment, une fable écologique avec des animaux tout mignons et des combats tout violents à la Sleeping Dogs, dans un grand monde ouvert et avec une narration évolutive. Pour un petit studio de quatorze personnes, c'est ambitieux. Dans Biomutant, le joueur incarne une bestiole à poils (je préfère ne pas lui donner d'espèce, d'une part parce que c'est dégueulasse : qui sommes-nous pour mettre les animaux dans de petites cages alors qu'ils n'ont rien demandé ? ; d'autre part parce que tout le jeu tourne autour d'énormes mutations génétiques et que dans le cas présent on ne peut décemment pas appeler un chat un chat) et borgne qui casse la gueule (là je peux le dire, ce n'est pas un gros mot, ce sont des bêtes, et non, rassurez-vous, je ne vais pas vous refaire une longue parenthèse, pas de panique, on arrive au jeu) à d'innombrables autres bestioles qui veulent lui faire le pelage. Pourquoi ? Car vous voulez sauver l'arbre de la vie, sur le point de mourir, mais aussi mater les différentes tribus locales pour devenir leur roi. À moins que vous ne souhaitiez simplement aider une tribu parmi les autres, pour qu'elle prenne plus facilement le contrôle ? Si vous tenez absolument à gagner en perdant, vous pouvez aussi décider de laisser l'arbre de la vie mourir, ce qui causera la fin du monde et votre victoire, mais on n'a rien sans rien.
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Biomutant
L'animal est fait
Traditionnellement, depuis les Accords de Disney signés à Miami en 1996, les jeux vidéo avec de petits animaux sont réservés aux enfants ou, à l'extrême rigueur (depuis l'appendice signé en 2012 à San Francisco), aux adultes amateurs de vieux jeux vidéo pour enfants. Je suis au regret de vous annoncer que Biomutant viole tous ces traités comme s'ils n'avaient jamais existé.
Bestiole de fond. En pratique, Biomutant, ou en tout cas ce qu'Experiment 101 en montrait à la Gamescom, nous fait surtout enchaîner les combats. Notre brave bestiole peut défourailler son épée à tout moment, mais aussi utiliser ses flingues, et pourquoi pas les deux en même temps. Les combats, très dynamiques et rapides, peuvent encore être épicés avec les pouvoirs octroyés par des mutations : on trouve des capacités classiques de kéké à la X-Men (télékinésie, laser, etc.) et d'autres plus bizarres, pour par exemple faire apparaître des champignons-trampolines ou se laisser pousser une queue (là encore, rappelons qu'on parle d'animaux)... L'inconvénient de ces mutations, c'est qu'elles sont radioactives, et en les équipant vous contaminez petit à petit l'écosystème, le décor mais aussi les personnages qui vous entourent. Et comme votre karma a son importance dans la progression de l'histoire, à moins de vouloir tout péter, mieux vaut parfois se compliquer un peu la vie plutôt que de polluer la planète. Ajoutez à tout cela un scénario qui évolue en fonction de vos décisions, un narrateur qui commente toutes vos actions comme dans Bastion, des véhicules, une direction artistique avec de belles couleurs qui chatoient et de beaux pelages qui luisent et, ma foi, vous obtenez l'une des bonnes surprises de cette Gamescom.