C’est donc après avoir dépensé environ 16 milliards d’euros pour m’offrir le jeu, ses trois extensions majeures, ses quatre extensions mineures mais importantes quand même et ses huit extensions pas indispensables mais bon, tant que j’y suis, de toute façon j’ai déjà rentré mon numéro de carte bleue, que j’ai relancé Stellaris, ou plutôt, pour être honnête, que je l’ai lancé pour la première fois, car les avis en 2016 m’avaient un peu refroidi. Et oh ! Surprise pour un jeu Paradox, le tutoriel est plutôt bien foutu, il prend la main du joueur et le guide pas à pas dans l’immense galaxie, avant de lâcher la bride et de le laisser s’amuser par lui-même. Alors, oui, il y a tout de même quelques kilomètres d’explications à se farcir, et une heure ou deux avant de s’amuser vraiment mais, chose rare dans un jeu Paradox : pour une fois, c’est bien branlé. Comme tous les 4X, Stellaris est un jeu qui ressemble à Civilization, mais dans l’espace : on choisit une race galactique, on construit des vaisseaux, on recherche de nouvelles technologies, on fonde des colonies et on se fout sur la gueule avec les autres races dans le respect des conventions de Genève, le tout en temps réel pausable. En 2016, Stellaris, c’était ça : un Civilization spatial avec, comme les jeux de Firaxis avant les extensions, des bonnes idées dans les premières heures, mais une mollesse qui s’installe dès le milieu de partie et fait de plus en plus ressembler le jeu à une autoroute morne et triste où le même décor se répète à l’infini.
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Stellaris
Le 4X quatre étoiles
Paradox : le 4X, c’était un rêve à réaliser. Malheureusement, en 2016, comme le restaurant de Francky Vincent, le rêve s’est un peu pris le mur de la réalité. Moins que Francky Vincent, mais quand même un peu, puisque l’ami ackboo (c’est une figure de style, ackboo n’est l’ami de personne) gratifiait le jeu d’un grand 7/10, la note lâche, en indiquant que Stellaris était un bon 4X, mais pas beaucoup plus que ça et que, venant de Paradox, c’était un peu décevant. Mais voilà, trois ans ont passé, et avec eux, la ribambelle de DLC sur lesquels l’éditeur suédois a fondé sa politique économique.
4X : Xtensions, Xtensions, Xtensions, Xtensions Ce qui est bien, en général, avec les jeux Paradox, c’est qu’ils permettent plus de liberté que ceux de la concurrence. Dans Crusader Kings, vous pouvez jouer un royaume comme les autres et envahir vos voisins, mais vous pouvez aussi vous amuser à incarner un petit duché qui se contentera de tout miser sur ses évêques pour influencer le pape, ou partir en quête du Graal avec votre personnage borgne et manchot, après avoir laissé les rênes de votre empire à votre cheval. À son lancement, c’est ça que Stellaris ne permettait pas. Quels que soient la race et le style de jeu choisis, les possibilités et les parties finissaient par se ressembler. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et la première chose que j’ai eu envie de faire, après avoir passé 80 heures pour terminer ma première partie, c’est d’en relancer une autre, pour découvrir les possibilités offertes et les pans du scénario que je n’avais pas aperçus. Comme d’habitude chez Paradox, les DLC sont indispensables, car ce sont eux qui mettent la chair autour de l’ossature prévue par le jeu de base. Dans Stellaris, depuis MegaCorp, on peut jouer un syndicat du crime qui ne cherche pas à s’étendre hors de ses frontières, mais qui infecte les autres joueurs par le biais de traités commerciaux avant de planquer des relais mafieux un peu partout dans les colonies les moins stables de ses adversaires. Depuis Synthetic Dawn, on peut incarner une intelligence artificielle renégate à la recherche de ses frères perdus dans l’espace. Depuis Distant Stars, on peut se lancer dans la découverte de pans inaccessible de la galaxie, en passant par des trous noirs meurtriers.
Et si le grand luxe, c'était les DLC ? S’ils n’ajoutaient qu’un nouvel aspect au jeu, les DLC de Paradox pourraient déjà être chaudement recommandés. Ce qui les rend vraiment indispensables, plus que la partie sur laquelle ils se concentrent et qui est généralement indiquée dans le titre, c’est plutôt les à-côtés, toutes les petites choses ajoutées au jeu de base et qui finissent par l’étoffer suffisamment pour que chaque partie soit unique. Dans Stellaris, les milieux et fins de parties, le gros point faible du jeu, sont maintenant remplis d’éléments aléatoires qui permettent de continuer l’expansion de son empire sans trop s’ennuyer, tout en fouinant à droite et à gauche à la recherche de bribes de scénario – ici, une race disparue qui a laissé des indices sur l’immensité de son empire ; là, une créature titanesque qui hante un système et garde une relique enfouie depuis des millénaires. Sans même parler de tous les ajustements réalisés sur l’interface pour automatiser les tâches les plus rébarbatives ou gérer son empire en quelques clics, d’une manière relativement intuitive.
Dans l'espace, personne ne vous entendra raquer. Est-ce à dire que ça y est, Stellaris est le 4X ultime, celui qui vous fera oublier tous les autres ? Oui et non. Au niveau des possibilités qu’il offre, le jeu de Paradox est déjà l’un des plus complets du genre, et ressemble de plus en plus aux autres jeux du studio. Pour autant, malgré les améliorations et les éléments ajoutés à la pelle par les extensions, il reste tout de même de grands moments de mollesse en milieu de partie, qui laissent la sensation désagréable qu’il faudra encore attendre un an ou deux, et au moins trois ou quatre extensions de plus, pour que Stellaris atteigne pleinement son potentiel et devienne, probablement, le meilleur 4X jamais réalisé. Le problème c’est qu’à ce moment-là, avec tous ses DLC, le jeu avoisinera probablement les 200 euros, comme Crusader Kings II et que, même pour le meilleur 4X du moment, la facture risque d’être un peu salée. Reste alors les bundles et les soldes, qui sont assez régulières pour les jeux Paradox, ou l’annonce d’un Stellaris II, pour que le jeu devienne free-to-play. En attendant, Stellaris est déjà beaucoup plus proche de ce qu’il promettait en 2016, c’est-à-dire un peu plus qu’un 4X classique : un 4X de Paradox, ce qui fait toute la différence.