Soyons francs : j’ai beaucoup hésité à conseiller ce jeu. J’y joue avec grand plaisir, mais, chaque fois que quelqu’un pointe un des nombreux défauts de cette version, je ne peux que hocher la tête en grommelant « mmmouais, c’est vrai, t’as pas tort, mais quand même ». Oui, c’est l’argument « mais-heu ! » et il est nul.
Ahhh, Destins. Qui n’a pas connu le jeu de société de MB ? On roule sur la route de la vie et ses étapes. Boulot, mariage, enfants, retraite et argent… ah oui, surtout de l’argent, le plus possible. Pourtant, le jeu trouve son origine dans une première version du fondateur de l’entreprise qui aurait franchement pu s’appeler « La vie est une chienne, les vertueux peuvent bien finir, mais, globalement, c’est chaud ». OK, je reconnais que ça aurait fait un peu long sur la boîte.
Le légiste était perplexe. Des corps, il en voyait passer toute la journée, et souvent dans un état assez moche. En tirant sur mon barreau de chaise, je lui demandai : « Qu’est-ce qui se passe Doc, le déjeuner a du mal à passer ? – Non, ce n’est pas ça. C’est juste que… normalement c’est pas là une jambe ! » Il avait raison, mais moi je commençais à m’habituer au bizarre. Par contre, j’aurais bien pris une aspirine.
Le Projet est une campagne coopérative de recherches d’indices sur un plateau moche, avec des mécaniques simples et parfois répétitives, un matériel moins joli que d’autres jeux et une rejouabilité qui semble limitée. Et il faut y jouer – vraiment – car c’est un jeu important. Ne serait-ce que par respect pour l’ado que vous avez été.
Vous n’en pouvez plus de voir vos gamins scotchés devant la télé ? Une solution existe. Avec ce jeu, ils vont lire une BD, jouer ensemble, collaborer, rire, recommencer. Et surtout, dans la grande majorité des cas, ils vont finir par péter l’écran en envoyant une toupie dessus.
Dans le monde du jeu de plateau, gérer une usine de poignées de tiroirs de commodes dans la Ruhr en 1912 n’est pas un sujet bizarre, c’est juste un jeu allemand. En dépit de cela, depuis des années, des créateurs arrivent quand même à imaginer des thèmes de jeu… comment dire… spéciaux ?
Il arrive que la simple vue d’une boîte ou la lecture de ses règles donnent des indices sur les premières étapes de sa conception. Las Vegan, par exemple, trouve peut-être son origine d’une réflexion intense et solitaire, au fin fond d’une retraite dans la lande écossaise. Je miserais plutôt sur une soirée arrosée et un convive qui s’exclame « Ouaaahh, on met des machines à choux ! À choux ! Tu l’as ? ».
L’objectivité. C’est le cœur de notre métier, le phare qui nous guide et nous éloigne des dangereux récifs de l’analyse biaisée. Sans elle, notre profession n’a pas de sens. Pour cette extension d’Oriflamme, j’ai donc laissé de côté mon amour pour le jeu de base, que je préfère à la nourriture, au sexe, à l’amitié… Oh merde tiens, même moi j’y crois pas.
Cacher son jeu est un art. Saviez-vous qu’ackboo était secrètement fan d’Azul, que Kahn Lusth collectionnait les trottinettes ou que Noël Malware pratiquait le MMA en amateur ? Des faces cachées, Les Aventures de Robin des Bois en a plein.